Les étoiles, les voiles


Je sais qu'on dirait que je ne vais pas rentrer. Je commence moi-même à avoir du mal à le croire. 
Je rêve de saucisson, de raclette, de marché gourmand, de chênes, de hêtres, de noisetiers en bord de ruisseau dans une vallée fleurie. 
Mais mon quotidien reste les eucalyptus, les réductions du Woolworths, les caprices du temps, les mouches, l'océan bleu turquoise. C'est bien aussi, même si je rêve de la France comme d'un mirage.

Notre pied a terre actuel, a Werribee

Et puis il y a le van, maison roulante où l'on se sent de mieux en mieux (il a suffi de quelques rideaux pour en faire un palace)

Coté lit...
Et la vue une fois allongés!

Et nous sommes deux, rien que deux, dans notre bulle, et parfois j'imagine qu'il ne reste que nous deux dans le monde, avec notre jardin infini à notre porte, les oiseaux, le vent, nos bidons d'eau et toutes les réductions de Woolworths.

Antho le bricolo (mars 2012)

Roxane la decoratrice de van! (avril 2012)

En fait il n'y a pas que nous deux, il y a aussi les futurs acheteurs de notre van, qui ne se bousculent pas trop (pour cause hivernale, baisse de backpackers dans la région)
 
Alors on est toujours là, dans un espace-temps qui semble ne plus finir, à regarder les avions décoller de Melbourne sans nous dedans, voir les matins revenir, les jours s'enfiler, sans savoir s'il y a en nous une certaine résignation, une fuite en avant, ou juste une façon de vivre qui prenne plus de temps que prévu.

Mooroopna, janvier 2012

Werribee, mai 2012

Je crois qu'il y a énormément de leçons à retirer de ces presque cinq mois de retour en Australie. Plus à mon avis que tout le reste du voyage. Même si chaque moment est une conséquence de tout ce qui le précède.

J'ai aimé chaque endroit (ou presque) où l'on a posé notre maison roulante pour plus d'une nuit. J'ai aimé chaque paysage s'étirant sous le soleil matinal lorsque j'ouvrais la porte coulissante du van sur une nouvelle journée. Je me suis souvent dit que rien que pour ça, rien que pour la candeur simple de la Nature s'ébrouant au matin, ça valait le coup de sourire.

Un matin sur une plage prés de Mac Campbell (avril 2012)
Évidemment, en pensant comme ça, les jours de pluie paraissent d'une tristesse désespérante avant même d'avoir ouvert l'oeil. Et des jours de pluie il y en a eu. Et de plus en plus.

Mais il suffit d'une guitare... (avril 2012)
Rien ne s'est passé comme prévu, comme toujours en Australie, comme toujours dans la vie je devrais dire. Dans l'idée c'était un retour éclair en Oz, qui devait nous rendre riches, rentrant triomphants dans le printemps de l'hémisphère Nord. Dans les faits j'ai appris que ce qui arrive est forcément ce que l'on provoque, même si on ne le veut pas. Et que si notre priorité profonde est de profiter de chaque moment de la vie, le travail, de lui-même, ne viendra pas contrarier ce si beau projet.

Tentative de peche dans la Goulburn River (fevrier 2012)
Et dans ces moments ou rien ne semble pouvoir la troubler, la vie a un goût merveilleux. 
Un goût de curry indien, qui nourrit comme jamais pour presque rien, pendant plusieurs jours sans se détériorer (un plat magique)
Un goût de saumon fumé, de camembert, de croissants, de tarte au citron, de yaourt grec, de jus de fruits aux aliments magiques, de ravioles fraiches, de muffins aux myrtilles, de fruits de mer, tout cela, encore une fois, pour trois fois rien, grâce au « rayon magique » de Woolworths, le rayon des réductions de produits frais presque périmés.

Cascade dans une Rain Forest de la Great Ocean Road (avril 2012)


Au bord d'un lac pres de Mount Gambier (mai 2012)

Il y a eu les baignades dans la Goulburn River (avant la crue et l'invasion de moustiques gros comme des abeilles), la rencontre avec notre voisin le possum, avec les koalas de la Great Ocean Road, avec un chien qui avait choisi de nous tenir compagnie (il a été récompensé par toute une carcasse de poulet roti) avec une bonne flopée d'oiseaux et d'insectes divers et variés. Il y a eu le volcan Mount Schank, Mount Gambier (certainement une des villes les plus sympas d'Australie) Port MacDonnell où nous avions l'océan pour horizon et les dunes pour terrain de jeux.

Rien de mieux qu'un possum pour finir les restes! (desolee pour l'image horizontal, l'ordi de la bibli ne veut pas la retourner!) (fevrier 2012)
Au dessus de la Goulburn River, chaque soir, l'envol des cockatoos... (fevrier 2012)
Sur la Great Ocean Road, les plus beaux nounours du monde... (avril 2012)
Beaucoup moins sympa, les Huntsmen en visite dans le van!! (effrayantes mais inofensives) (mars 2012)
Mount Schank (avril 2012)
L'incroyable lac bleu de Mount Gambier (avril 2012)

Il y a eu les douches en plein air, de moins en moins agréables avec le froid s'installant.

Aaah c'est froid quand meme! (fevrier 2012)
Et il y a eu tous ces moments sans réel but que celui de juste passer des bons moments, s'enrichir intérieurement, apprendre, comprendre, partager, s'apaiser, embellir son âme en créant chansons, musiques, dessins, textes, projets, envies, prières, tout un monde...

Goulburn River (janvier 2012)
Forcément à coté de ça, les histoires de mécanique, de registration, de ville, de boulot sous-payé, de beaufs australiens, de banque, d'élections françaises, d'administration, de changement d'heure, etc., paraissent plutôt dérisoires.

Port Mac Donnell (avril 2012)
L'essentiel est bien loin de tout ce que l'on nous propose, tout ce qui occupe la quasi-totalité de la vie de la majorité d'entre nous. Je me suis souvent dit que si ma dernière heure avait sonné, je préfèrerais de loin la passer à discuter à la lueur des bougies, à observer le vent dans les arbres et le vol des oiseaux, à griffonner des mots sur un air de guitare, plutôt qu'à courir partout en tentant d'atteindre le prochain bus, le prochain week-end, la prochaine paye, le prochain gadget, les prochaines vacances, la prochaine retraite...

Mener la vie la plus simple et belle possible, en évitant les difficultés qui l'entrave... Et ainsi accéder au parfait bien-être intérieur et extérieur. S'il n'y a qu'un but dans la vie, ce serait celui-la.

A bientôt.

Commentaires

  1. le ciel bleu ... les p'tits oiseaux ...! ?
    bisous
    Joëlle

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  2. ouah ! alors la , je suis sur le c... Trop philosophique,trop beau, trop merveillous ! la liberté d'étre libre dans la rosée du matin. PROFITE EN POUR REFLECHIR POUR LE RETOUR; car malgré le faite d'étre en suspension dans l'espace, un jour ,il faut replier ses ailes pour se poser(quand on pense a se qu'on voit.....) gros bisous.

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