La fin d'un voyage
Histoire de se remettre dans le bain, quelques photos de l'évolution du van...
Mercredi 30 Mai 2012, nous amenions Ratabambouille, notre compagnon depuis 5 mois, chez ses nouveaux propriétaires, Sean (irlandais) et Laurie (belge).
Leur histoire avec lui avait commencé bien avant que nous ne le mettions en vente.
Un beau jour d'avril 2012, sur la Great Ocean Road, leurs regards avaient croisé ce van peinturluré de noir et orange, et ils s'étaient dit "ah ça doit être sympa de se balader avec un véhicule comme celui-là".
Ratabambouille (et mon dessin) avait fait son petit effet sur ses futurs acheteurs sans même que nous nous en rendions compte.
Nous avons finalement réussi le pari de vendre notre van à des gens qui apprécient le travail que nous y avons fait (aménagement et déco) et sans le brader comme beaucoup font en cette saison (nous l'avons finalement vendu 4600$... nous l'avions acheté 800$, avons dépensé aux alentours de 1000-1500$ dans son entretien et son aménagement)
Je l'ai conduit pour la dernière fois pour l'amener devant chez eux, au Nord de la City de Melbourne. J'ai pesté contre les citadins stressés et pressés qui te klaxonnent parce que tu cherches ta route. Nous nous sommes perdus, avons fait une dizaine de fois le même chemin, pour finalement retrouver Sean et Laurie, impatients (j'en suis sûre) d'acquérir leur nouveau van.
Nous avons mangé avec eux, signé les papiers, ils nous ont remis la formidable liasse de billet, nous leur avons remis la clé...
Après avoir vérifier une dernière fois que nous n'avions rien laissé dans le van, faisant traîner un peu le moment de fermer définitivement la porte sur la vie que nous avions partagé avec celui qui était bien plus qu'un véhicule.
En nous éloignant dans la ruelle déserte, je me suis retournée pour lui jeter un dernier regard, dernière image de lui sous la lumière froide d'un lampadaire. Je n'ai pu empêcher le pincement au coeur. "Il a rempli sa mission, a dit Anthony, il nous a toujours mené à bon port, jusqu'aujourd'hui où il nous ramène chez nous"
Nous nous sommes donc retrouvés piétons, avec une énorme liasse de billets dans la poche.
Nous sommes rentrés en tram à notre hôtel, le Spencer backpacker, où pour 65$ la nuit nous avions une parfaite petite chambre double avec balcon personnel. Bien mieux que le dortoir commun pour nos dernières nuits en Australie.
Le lendemain, après avoir déposé l'argent à la banque, nous avons cherché sur internet nos billets d'avion.
Il s'est avéré que les moins chers étaient... pour le lendemain matin (le 1er Juin)
Voilà, nous y étions, il fallait quitter l'Australie.
Notre dernière soirée australienne. Dans la cuisine du backpacker, ses habitants faisaient la fête. Nous avons donc trempés nos lèvres dans notre dernier verre de goon, la célèbre piquette immonde et bon marché, qui peut contenir des traces d'oeufs et de poissons, et a un goût de produit à chiottes trop parfumé.
Nous avons eu à faire à notre dernier australien bourré, qui voulaient que l'on devienne amis facebook et se montrait plus que tactile avec Antho.
Le lendemain, en préparant le petit déjeuner, j'ai admiré par la fenêtre une série de montgolfières s'élevant dans le ciel du petit matin, au dessus des toits de la ville. J'ai trouvé que c'était une image parfaite, une belle inspiration.
Ensuite, comme dans tous voyages, on est emportés par le flot.
Aéroport, enregistrement, file d'attente, douane, passage des portiques, magasins duty free, embarquement, décollage...
Nous étions à côté de la fenêtre, nous avons donc pu admirer une dernière fois la campagne australienne et ses grands champs carrés, et puis surtout, le désert... De la terre rouge sur des kilomètres parsemés de buissons, des reliefs rocheux accidentés, quelques chemins de terre en ligne droite, qui ne semblent aller nul part, des lits de rivières asséchés, parfois une ferme, perdue au milieu de cet endroit hostile.
L'Australie garde ses mystères, bien loin des routes que tout le monde emprunte, bien loin des grosses métropoles où 80% des gens vivent, bien loin même des fermes où l'on peut se retrouver en wwoofing, qui sont déjà parfois bien perdues dans la cambrousse.
L'Australie nous dit au revoir comme ça, comme une provocation: "vous êtes bien loin de m'avoir vraiment connue!"
Notre escale était à Ghangzhou, en Chine. Une escale de 5h, sans sortir de l'aéroport. Une bien mauvaise image pour la Chine, pour le voyageur de passage, un sentiment de complète incompréhension et de fossé culturel immense.
Les employés ne parlaient quasiment que chinois (pratique pour un aéroport international) et étaient franchement méprisants, il était impossible de trouver de l'eau potable fraiche, impossible de changer ou retirer de l'argent (était valable que le paiement par carte, avec des frais énormes), il n'y avait que 2 restos et nous avons mangé pour très cher un plat qui ressemblait fort à une arnaque (que du gras, du tofu en dessous pour faire paraitre l'assiette plus grosse, des légumes flétris...)
Bref, quand on vient de passer 10h en avion, ça ne fait pas trop rire.
Heureusement, notre vol suivant nous fait retrouvé le sourire. Un avion Air France! Avec des hôtesses qui disent "bonjour"! Un premier goût de la France, après un an et demi, on était comme des enfants. Il y avait des journaux français, le commandant de bord parlait français, et puis la bouffe! Nous avons savouré le camembert de cantine et trinqué au champagne, so french, so romantic!
Et puis enfin, la France. Les petites voitures de la police française sur le tarmac, les toits crasseux de Paris au loin, la chaleur douce de ce matin de juin.
Antho continuait le voyage vers ses montagnes. Nous nous sommes donc dit au revoir là, au milieu des gens en transit, cherchant à retenir le temps qui, ici plus qu'ailleurs, file à cent à l'heure.
Fatiguée, décalée, naviguant sur plusieurs émotions, je me suis laissée entrainer par le RER, surprise à chaque instant d'entendre parler français tout autour de moi, enthousiaste devant le spectacle du soleil éclatant sur les tags, Montmartre, les coquelicots entre les travées de chemins de fer, dévisageant du coin de l'oeil mes concitoyens de tout poil avec une joie que je savais n'être que très éphémère...
J'ai retrouvé des amies, et Paris, certainement bien plus crasseuse que les villes australiennes, mais égale à elle-même, rayonnante de toute son Histoire, entre snobisme bourgeois et insolence populaire.
J'ai revu la Seine, au bord de laquelle en cette belle journée, des centaines de badauds flânaient, touristes et parisiens.
J'ai mordu à nouveau dans du saucisson, un croissant, une baguette fraiche, j'ai trempé mes lèvres à nouveau dans une Leffe ou une Goudale, si peu chères!
Puis j'ai repris le train direction la Touraine, le nez scotché à la vitre le long de la vallée de la Loire, les châteaux surplombant le fleuve, les villages nichés entre les champs de blés, leurs clochers d'ardoise dominant fièrement le paysage.
Puis Tours, la campagne, la famille, l'administration, retour au pays... (la suite bientôt)
--> Ma collaboration sur le site du "Guide des Backpackers en Australie", deux français qui ont écrit un guide spécial backpacker, histoire de pallier aux manques du Lonely Planet et autres Petit Futé (qui eux s'adressent surtout aux touristes)
Sur leur site ils ont pris le parti de faire témoigner et participer le plus d'"ex-Working Holiday Visa" possible. Les dessins sur cet article, c'est moi qui les ai fait. cliquez ici!
A l'achat... (janvier 2012) |
Grand nettoyage (janvier 2012) |
A Bunnings (Castorama australien): Antho super sérieux... |
Quand à moi...! |
Dans un camping de Shepparton (pour l'électricité): fabrication du plancher (janvier 2012) |
Pause du "bog", du mastic sur les parties abimées de la carrosserie (février 2012) |
Comme neuf, après la peinture! (mars 2012)
|
Montage des coffres/banquettes (avril 2012) |
Pendant ce temps là, moi, je gribouille sur le van... (avril 2012) |
Le casse-tête du revêtement sol (avril 2012) |
Et voilà le résultat final! (mai 2012) |
Mercredi 30 Mai 2012, nous amenions Ratabambouille, notre compagnon depuis 5 mois, chez ses nouveaux propriétaires, Sean (irlandais) et Laurie (belge).
Leur histoire avec lui avait commencé bien avant que nous ne le mettions en vente.
Un beau jour d'avril 2012, sur la Great Ocean Road, leurs regards avaient croisé ce van peinturluré de noir et orange, et ils s'étaient dit "ah ça doit être sympa de se balader avec un véhicule comme celui-là".
Ratabambouille (et mon dessin) avait fait son petit effet sur ses futurs acheteurs sans même que nous nous en rendions compte.
Nous avons finalement réussi le pari de vendre notre van à des gens qui apprécient le travail que nous y avons fait (aménagement et déco) et sans le brader comme beaucoup font en cette saison (nous l'avons finalement vendu 4600$... nous l'avions acheté 800$, avons dépensé aux alentours de 1000-1500$ dans son entretien et son aménagement)
Je l'ai conduit pour la dernière fois pour l'amener devant chez eux, au Nord de la City de Melbourne. J'ai pesté contre les citadins stressés et pressés qui te klaxonnent parce que tu cherches ta route. Nous nous sommes perdus, avons fait une dizaine de fois le même chemin, pour finalement retrouver Sean et Laurie, impatients (j'en suis sûre) d'acquérir leur nouveau van.
Nous avons mangé avec eux, signé les papiers, ils nous ont remis la formidable liasse de billet, nous leur avons remis la clé...
Après avoir vérifier une dernière fois que nous n'avions rien laissé dans le van, faisant traîner un peu le moment de fermer définitivement la porte sur la vie que nous avions partagé avec celui qui était bien plus qu'un véhicule.
En nous éloignant dans la ruelle déserte, je me suis retournée pour lui jeter un dernier regard, dernière image de lui sous la lumière froide d'un lampadaire. Je n'ai pu empêcher le pincement au coeur. "Il a rempli sa mission, a dit Anthony, il nous a toujours mené à bon port, jusqu'aujourd'hui où il nous ramène chez nous"
Nous nous sommes donc retrouvés piétons, avec une énorme liasse de billets dans la poche.
Nous sommes rentrés en tram à notre hôtel, le Spencer backpacker, où pour 65$ la nuit nous avions une parfaite petite chambre double avec balcon personnel. Bien mieux que le dortoir commun pour nos dernières nuits en Australie.
Le lendemain, après avoir déposé l'argent à la banque, nous avons cherché sur internet nos billets d'avion.
Il s'est avéré que les moins chers étaient... pour le lendemain matin (le 1er Juin)
Voilà, nous y étions, il fallait quitter l'Australie.
Notre dernière soirée australienne. Dans la cuisine du backpacker, ses habitants faisaient la fête. Nous avons donc trempés nos lèvres dans notre dernier verre de goon, la célèbre piquette immonde et bon marché, qui peut contenir des traces d'oeufs et de poissons, et a un goût de produit à chiottes trop parfumé.
Nous avons eu à faire à notre dernier australien bourré, qui voulaient que l'on devienne amis facebook et se montrait plus que tactile avec Antho.
Le lendemain, en préparant le petit déjeuner, j'ai admiré par la fenêtre une série de montgolfières s'élevant dans le ciel du petit matin, au dessus des toits de la ville. J'ai trouvé que c'était une image parfaite, une belle inspiration.
Ensuite, comme dans tous voyages, on est emportés par le flot.
Aéroport, enregistrement, file d'attente, douane, passage des portiques, magasins duty free, embarquement, décollage...
Nous étions à côté de la fenêtre, nous avons donc pu admirer une dernière fois la campagne australienne et ses grands champs carrés, et puis surtout, le désert... De la terre rouge sur des kilomètres parsemés de buissons, des reliefs rocheux accidentés, quelques chemins de terre en ligne droite, qui ne semblent aller nul part, des lits de rivières asséchés, parfois une ferme, perdue au milieu de cet endroit hostile.
L'Australie garde ses mystères, bien loin des routes que tout le monde emprunte, bien loin des grosses métropoles où 80% des gens vivent, bien loin même des fermes où l'on peut se retrouver en wwoofing, qui sont déjà parfois bien perdues dans la cambrousse.
L'Australie nous dit au revoir comme ça, comme une provocation: "vous êtes bien loin de m'avoir vraiment connue!"
Notre escale était à Ghangzhou, en Chine. Une escale de 5h, sans sortir de l'aéroport. Une bien mauvaise image pour la Chine, pour le voyageur de passage, un sentiment de complète incompréhension et de fossé culturel immense.
Les employés ne parlaient quasiment que chinois (pratique pour un aéroport international) et étaient franchement méprisants, il était impossible de trouver de l'eau potable fraiche, impossible de changer ou retirer de l'argent (était valable que le paiement par carte, avec des frais énormes), il n'y avait que 2 restos et nous avons mangé pour très cher un plat qui ressemblait fort à une arnaque (que du gras, du tofu en dessous pour faire paraitre l'assiette plus grosse, des légumes flétris...)
Bref, quand on vient de passer 10h en avion, ça ne fait pas trop rire.
Heureusement, notre vol suivant nous fait retrouvé le sourire. Un avion Air France! Avec des hôtesses qui disent "bonjour"! Un premier goût de la France, après un an et demi, on était comme des enfants. Il y avait des journaux français, le commandant de bord parlait français, et puis la bouffe! Nous avons savouré le camembert de cantine et trinqué au champagne, so french, so romantic!
Et puis enfin, la France. Les petites voitures de la police française sur le tarmac, les toits crasseux de Paris au loin, la chaleur douce de ce matin de juin.
Antho continuait le voyage vers ses montagnes. Nous nous sommes donc dit au revoir là, au milieu des gens en transit, cherchant à retenir le temps qui, ici plus qu'ailleurs, file à cent à l'heure.
Fatiguée, décalée, naviguant sur plusieurs émotions, je me suis laissée entrainer par le RER, surprise à chaque instant d'entendre parler français tout autour de moi, enthousiaste devant le spectacle du soleil éclatant sur les tags, Montmartre, les coquelicots entre les travées de chemins de fer, dévisageant du coin de l'oeil mes concitoyens de tout poil avec une joie que je savais n'être que très éphémère...
J'ai retrouvé des amies, et Paris, certainement bien plus crasseuse que les villes australiennes, mais égale à elle-même, rayonnante de toute son Histoire, entre snobisme bourgeois et insolence populaire.
J'ai revu la Seine, au bord de laquelle en cette belle journée, des centaines de badauds flânaient, touristes et parisiens.
J'ai mordu à nouveau dans du saucisson, un croissant, une baguette fraiche, j'ai trempé mes lèvres à nouveau dans une Leffe ou une Goudale, si peu chères!
Puis j'ai repris le train direction la Touraine, le nez scotché à la vitre le long de la vallée de la Loire, les châteaux surplombant le fleuve, les villages nichés entre les champs de blés, leurs clochers d'ardoise dominant fièrement le paysage.
Puis Tours, la campagne, la famille, l'administration, retour au pays... (la suite bientôt)
--> Ma collaboration sur le site du "Guide des Backpackers en Australie", deux français qui ont écrit un guide spécial backpacker, histoire de pallier aux manques du Lonely Planet et autres Petit Futé (qui eux s'adressent surtout aux touristes)
Sur leur site ils ont pris le parti de faire témoigner et participer le plus d'"ex-Working Holiday Visa" possible. Les dessins sur cet article, c'est moi qui les ai fait. cliquez ici!
La fin d'un voyage ...! mais le départ pour un autre ...!
RépondreSupprimerSALU rox impossible de te contacter car je ne trouve pas ton email sur ton blog
RépondreSupprimermerci de me contacter : puentes.thibault@gmail.com