Kununurra et Katherine
Suite du parcours... |
De Kununurra à Katherine (du 19 Septembre à maintenant)
Le 19 Septembre, nous sommes arrivés à Kununurra, de l'autre coté du Kimberley, à la frontière du Northern Territory.
Il faisait très chaud. Dans cette ville, beaucoup d'aborigènes, qui paraissent toujours trainer, dans le centre commercial ou assis sur les coins d'herbe en groupe avec toute la marmaille.
Art aborigene (de la vannerie!) |
On ne la quitte que pour aller faire les courses, et rentrer à notre lieu de camping, cette fois-ci une aire de repos à quelques kilomètres de la ville, où le camping semble plus ou moins permis (on n'a pas eu de problème en tout cas, même quand la police est passée faire un tour)
Le lendemain nous nous sommes quand même levés tôt pour aller faire une marche dans le mini parc national de la ville, qui était ma foi bien mignon, et qui se terminait par une vue sur la ville. Là nous avons surpris des wallabies, qui se sont enfui en bondissant à flanc de rochers.
En fin de matinée, il faisait déjà très chaud. C'est là que s'est présenté LA solution à tout nos problèmes, c'est à dire: comment échapper à la chaleur, et comment... se laver? (notre dernière douche datait de Broome) Au bord des océans il y a des douches publiques gratuites, mais ici, elles sont payantes dans les stations services (4$ par personne!)
Mais la solution était si simple...!
La PISCINE!
3,50$ chacun, et nous y sommes restés une grande partie de la journée. Je n'avais jamais autant savouré une sortie piscine! Nous étions seuls au début, et il n'y avait pas que le bassin classique, mais aussi un toboggan (qui racle la peau), un genre de parcours avec des cascades et des bubulles, un jaccuzzi... Avec l'appareil photo en plus, on s'est amusé comme des p'tits fous, surtout moi. On a même pique-niqué sur les lieux, et avant de partir, nous avons savouré une délicieuse douche qui nous a rendu tous propres.
Panorama raté... |
Un splendide coucher de soleil a Kununurra... |
Puis nous avons franchi la frontière avec le Northern Territory. Fini le Western Australia où nous avions vadrouillé pendant 5 mois, du Nullarbor au Kimberley, travaillé 2 fois, fait 3 wwoofing, été dans une principauté (Hutt River), rencontré de sacrés personnages, sympathisé avec des backpackers de tout poils (surtout français). L'État d'Australie où je suis restée le plus longtemps pour l'instant, mon préféré pour son extrême diversité (entre Albany au Sud et Broome au Nord: rien à voir!) Si j'ai l'occasion d'y revenir, je ferais juste un peu plus l'intérieur des terres (Kalgoorlie et ses mines d'or), je m'arrangerais pour avoir un 4x4 et faire toutes ces zones hors de portée (surtout le nord du Kimberley), j'irais dans le désert à la recherche des chameaux sauvages, je ferais du vrai mustering dans une cattle station, et je reviendrais certainement à Exmouth parce que ça restera ma maison australienne.
Nous fîmes la route jusqu'à Katherine en une moitié de journée (plus de 700 km), autrement dit nous avons juste roulé, roulé, roulé...
Arrivés à Katherine au petit matin, nous nous rendons à l'office du tourisme (première chose à faire en arrivant dans une ville). Nous sommes surpris de le trouver déjà ouvert alors qu'il n'est que 6h30... Une dame très marrante nous parle de la ville, quoi faire, quoi voir, et surtout on réserve pour le lendemain THE attraction du coin, les Katherine Gorges. Il y a 13 gorges au total, mais quasi personne ne les voit toutes. Les marches ici sont très longues (ce n'est plus des marches mais des randos sur la journée ou plusieurs jours) et ce n'est pas le meilleur moyen d'apprécier le lieu. Le meilleur moyen c'est par le bas bien sûr, par la rivière (ou par les airs en hélico mais bon ça ce n'est pas à portée de notre bourse). Du coup la plupart des touristes optent soit pour la balade en bateau, soit pour le canoë, notre choix, on est trop jeunes pour se faire chier dans un bateau!
On a le choix entre demie-journée pour 33$ ou journée complète pour 43$ (chacun bien sûr). Après de longues hésitations, nous optons pour la journée complète, même si je flippe un peu (je connais mon passif canoë...! Soit j'abandonne après trois coups de pagaies, soit je me retrouve perdue au milieu d'un lac sans pouvoir revenir (bon j'avais 8 ans aussi merde))
En plus dans ma tête résonnait un vieux conseil avisé que m'avait un jour lancé ma si sage soeur, de retour d'une sortie canoë sur le Cher avec son copain d'alors...: « Ne fais, jamais, JAMAIS! De canoë avec ton copain... » Je me souviens encore de son regard à ce moment là, genre « j'ai fait le Vietman »...
Bref du coup, j'ai préparé Julien psychologiquement toute la soirée: « moi je ne veux pas qu'on pagaie à 100 à l'heure, il faut qu'on se ménage, tu te doute bien que moi j'irais moins vite que toi, si on veux que ça marche il faut y aller sans stress, tout doux, et tu dois comprendre que... » bla bla bla. Je crois que du coup il en avait tellement marre que je le bassine avec ça qu'il a évacué toute nervosité avant même qu'on embarque!
Et le lendemain, nous avons passé la journée niquel, sans problèmes de coordination (sauf un moment pour une vague histoire d'aiguillage) Bien sûr je pagayais moins (j'étais derrière donc il ne le remarquais pas héhé) mais par moments je prenais le relais et le laisser se reposer, et puis je faisais le gouvernail, je pagayais du coté où il fallait redresser le canoë.
On a croisé plein de monde en perdition et avec des têtes genre « grosse crise de couple » alors on les doublait fièrement en montrant notre belle équipée.
On a été jusqu'à la fin de la 3ème gorge. A la première on s'est stoppé sur une petite plage pour se baigner, et on a admiré des vieilles peintures aborigènes sur la falaise.
La deuxième gorge était le plus belle, avec ses falaises bien droites et rouges, et des caves à fleur d'eau qu'on allait explorer.
A la fin de la troisième gorge on s'est baigné dans des petites rapides qui nous emportait.
On a pas vu de croco malgré les panneaux d'avertissement un peu partout.
On avait pris plein de bouffe, dont une noix de coco. C'était super agréable comme balade, ça change des randos, on n'a pas chaud parce qu'on est tout le temps mouillés, on chante des chansons de colo (« Pagayer, pagayer! Où t'as mis la pagaie! Sous le grand cocotier! Les crocos l'ont mangé! On peut plus pagayer! »), et puis c'est beau, et incroyablement calme.
Le seul problème qu'on a eu, c'est sur la fin, un bateau est venu à notre encontre pour nous dire qu'on était en retard (il fallait ramener le canoë à 16h) et qu'on devrait payer un surplus. Quoi?! Je regarde mon portable, vérifie avec l'heure de l'appareil photo, bah il n'est que 15h30! Sur le coup on ne comprend rien du tout, on pense que c'est une blague, et puis en y réfléchissant... On a changé d'État... Qui dit changement d'État dit... changement d'heure! (ils sont fous ces australiens)
En fait depuis deux jours on vivait avec une heure et demie de retard. On comprend maintenant pourquoi l'info tourisme était ouvert! Pourquoi les gens mangeait tous à 10h30! Pourquoi ils étaient debout si tôt le matin! Finalement on a rien payé quand on leur a expliqué ça. On ne doit pas être les premiers...
Nous avons dormi au début au caravan park Springvale Homestead, qui pour 10$ par personne, est mille fois plus sympa que le camp de réfugiés de Broome. Les différences entre les caravan parks sont hallucinantes... Celui-ci est parfait, assez modeste (pas le big luxe propret du Big 4 d'Exmouth) mais chouette pour plusieurs raisons:
_Pas cher.
_Une piscine, un peu crado (ils puisent l'eau de la rivière je crois) mais il fait si chaud ici que c'est un bonheur total de passer sa journée dans la flotte.
_Ce caravan park est un parc zoologique à lui tout seul! Vivent ici des canards qui viennent te réveiller le matin, des wallabies qui bondissent au milieu des caravanes, des grenouilles la nuit (faut faire gaffe où on met les pieds), des lézards genre gecko dans les sanitaires, ventousés aux fenêtres et produisant un drôle de caquétement, toutes sortes d'oiseaux dont des perroquets verts et rouges...
La zone camping est au bord d'un billabong (un bout de la rivière rendu marécageux), du coup on voit des poissons, des tortues, et même... un crocodile que j'ai aperçu nageant paisiblement face à la tente!
Et à la nuit tombée, le plus formidable des spectacles que je nomme « le bal des vampires »: les chauves-souris (et pas des petites!), qui dorment la journée dans les arbres longeant la Katherine River, s'envolent toutes à la nuit tombée dans la même direction... Pour aller où? A mon avis, elles rejoignent un lieu secret où elles se transforment en humains, vampires dans leurs plus beaux atours, les femmes toutes en dentelles et crinolines noires, les hommes en haut-de-forme et cape à revers rouge sang... Et ils font la fête toute la nuit, et ça doit être assez incroyable vu leur nombre (des milliers... elles défilent pendant deux bonnes heures dans un vacarme à réveiller un mort), et elles ne rentrent qu'au petit matin se suspendre l'air de rien dans les arbres. Elle se chamaillent encore toute la journée, et leurs cris ressemblent à des pleurs de bébé, et quand on les voit voler à la lumière, on dirait la représentation moyenâgeuse du Diable, ou un gnome portant une cape de Batman, je comprend tout à fait les histoires d'épouvante qu'elles ont pu inspirer... (moi je les adore)
A Katherine même, on ne fait pas grand-chose, la chaleur étouffante nous fait rechercher le frais. Katherine est une ville carrefour, ceux qui viennent du Western Australia à l'Ouest, ceux qui viennent de la East Coast à l'Est, ceux qui vont à Darwin au Nord, et ceux qui vont à Alice Springs (et son hyper célèbre rocher rouge Uluru) au Sud. C'est une ville majoritairement aborigène, et on se retrouve à nouveau confronté à cette situation étrange en Australie. A la base les aborigènes sont chez eux. Mais désormais ils quittent leurs traditions et leurs terres pour venir dans les villes, et pour quoi... Pour trainasser toute la journée (je crois qu'ils touchent une sorte de prime de « dédommagement » donc beaucoup ne travaillent pas), les enfants n'ont pas l'air souvent à l'école, et le soir ils achètent leur pack de bières bon marché et picolent sur les bords de la rivière. Et laissent tout en plan. Quand on se promène dans ces lieux qui sont pourtant charmants, et mériteraient d'être préservés, on ne fait pas 10 mètres sans tomber sur des cannettes vides, des cartons, des sachets plastique vides, des bouteilles, tout et n'importe quoi, c'est un dépotoir un peu partout. Quand on se baigne il faut faire gaffe de ne pas marcher sur un bris de verre.
Depuis quelques temps on dort sur un rest area gratuit, le Low Level, au bord de la rivière, un endroit que beaucoup de monde fréquente la journée pour se baigner. Ils viennent à 15 en taxi, en famille, et quand ils repartent ils nous demandent de les ramener, de leur prêter notre téléphone pour appeler un taxi, ils nous demandent si on a pas une bière, ou une clope, ils font un sacré bordel en s'apostrophant entre eux, et même ils piquent des trucs (un couple de français s'est fait voler une caisse de vaisselle... qu'ils ont retrouvé un peu plus loin dispersée sur les berges de la rivière) Bref il est difficile de se faire une opinion sur tout ça, parce que l'on connait bien le drame du peuple aborigène, le même que pour les indiens d'Amérique, mais on voit tout ça avec nos regards d'humanistes pétris d'éducation politiquement correct et de grandes idées théoriques sur le monde... En réalité j'ai un peu l'impression que les aborigènes que l'on croise dans les rues n'en ont rien à péter de ces histoires, qu'ils ont du mal à voir plus loin que le bout de leur nez, comme beaucoup de gens sur cette planète. Julien m'a dit qu'ils lui faisaient penser aux shearers, les tondeurs de mouton qui font ce métier très dur toute leur vie, et picolent ce qu'il gagne... Des beaufs quoi... C'est triste, mais se demander sans cesse où va le monde, comment, pourquoi, que faire, et qui suis-je, et quel est mon but, et comment pourrais-je être meilleure, et que pourrais-je faire de bien, d'utile, de marquant sur cette terre, ça fatigue d'autant plus...
Un crocodile (le truc gris) que j'ai surpris au bord de la riviere |
Voilà maintenant 3 semaines que nous sommes à Katherine.
Pour moi la question de mon visa est plus que jamais présente, car mon premier visa finit dans un mois, et je n'ai pas encore suffisamment de jours pour le renouveler. J'aurais pu aller en wwoofing, mais... je ne sais pas, je n'avais pas envie, je ne le sentais pas, pas cette fois... Comme je ne sens pas pour moi le moment de rentrer en France (désolée à ceux qui m'attendent!) Du coup quoi? Nous nous sommes inscrits à une agence d'emploi, une genre d'agence d'intérim. La saison des mangues est là. Les mangues... Apparemment c'est très dur, l'un des pires fruits à picker/packer (cueillir/emballer)
Batman, le gars de l'agence (ça ne s'invente pas!) nous a déjà donné quelques petits boulots: Julien a nettoyé les machines à emballer les mangues pendant une semaine, et le 8-9 et 10 Octobre, nous avons été cueillir des pumpkins (citrouilles) avec un autre couple de français. C'était dur (sans cesse se baisser et se relever sous des températures de 35-40°) mais le fermier et sa femme débarquée de Russie étaient sympa, ils nous ont même hebergé (un bon lit!) et offert à manger. Et nous nous relayions, deux ou trois qui cueillent, posent les pumpkins sur un tapis roulant accroché à un tracteur, et les autres sur le plateau dérrière le tracteur, lavent et trient les pumpkins. Et même, quand nous étions trop fatigués, on pouvait "conduire" le tracteur, c'est à dire rester assis dedans et commander la manette pour le tapis roulant.
Nous avons aussi désherbé le champ, et ça c'était vachement moins marrant. Nous avons tenu une journée (mon anniversaire), avec des courbatures horribles aux cuisses et la sensation de cuire.
Nous avons assisté à la première pluie de la "wet", la saison humide. Première pluie en 6 mois, nous a dit le fermier. Nous avons eu la deuxième sous la forme d'un violent orage la nuit du 13. C'est incroyable comme ça fait du bien de sentir la pluie, de sentir son souffle frais, le vent, la sensation de renouveau qu'elle laisse dérrière elle, et toutes les odeurs puissantes de la terre qui émane d'un seul coup.
Juste avant la pluie, c'est l'enfer, si je vous répète qu'il fait chaud ici je suis en dessous de la réalité. Jour et nuit, sans cesse, il fait chaud. Pour vous donner une idée c'est comme de rester dans une cuisine fermée avec tous les fours allumés. On transpire à grosses gouttes même en restant immobile. On pue. On est épuisés même en faisant trois mètre dehors. On avance à deux à l'heure, je commence à comprendre cette attitude étrange, flegmatique et "écrasée" qu'ont les aborigènes. Je commence à la prendre aussi. Le soleil est brulant sur la peau, comme un fer passé au feu. Dans la voiture la journée il fait si chaud que tout fond, le fromage n'est plus qu'huile, les tomates cuisent, le plastique est mou, le métal brûlant. Il est strictement impossible de garder quoi que ce soit de frais, l'eau froide est un luxe (on boit de l'eau tiède) Le soir, quand le soleil se couche, on croit avoir du répit, on respire un peu mieux, mais la nuit est tout aussi chaude. Quand on s'étend sous la tente, on a l'impression d'avoir de la fièvre, on cherche le moindre souffle d'air (mais il y a très peu de vent) Il y a des douches au Low Level, et c'est la première fois de ma vie que je savoure une douche la plus froide possible. Mais le soir, les tuyaux ayant chauffés toute la journée, l'eau de la douche est chaude naturellement. C'est la même chose avec la rivière. Partout l'eau est chaude. Mais l'eau reste encore la seule façon de se rafraichir, lorsque l'on est mouillé le peu d'air qu'il y a donne la délicieuse sensation du frais sur la peau. Sensation qui ne dure pas bien sûr, mais qui rebooste pour un temps.
La Hot Spring, une source d'eau chaude... merveilleuse! |
Low Level |
Mais nous sommes en Australie, tout peut encore changer, tout peut paraitre différent au petit matin, lorsque le soleil vient trop tôt, brisant le rêve de la nuit, un rêve où les chauves-souris dansent, où les crocodiles défilent en brillant comme des lucioles, où les mains tracent des empreintes dans le sable, où l'univers tout entier conspire pour laisser le charme opérer, irradiant de l'intérieur, et se mêler à la rivière, aux arbres, aux âmes.
Laissant la sensation que quelque chose de nouveau est en train de naitre.
Peut-être que la magie étrange de ces lieux m'a touché...
hahaha trop bon le coup du canoe ! je suis fiere de toi t'as relevé le niveau ;) !!
RépondreSupprimert'es photos sont vraiment magnifique ! c'est trop dingue !!
t'es envoûtée ! trop fou ! et nous aussi !
reste là bas je viens !!!
Bon courage pour les mangues,
RépondreSupprimerj'espère que tu pourra aussi déguster ces délicieux fruits exotiques.
A bientôt
bisous
Tu crois qu'on les laisse bosser comme les autres las aborigènes? En a tu déjà vu dans un magasin, banque ou autre? Soit c'est un peuple entier de paysans soit les australiens sont juste extrêmement racistes!
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