D'Exmouth a Broome


D'Exmouth à Karijini National Park (du 7 au 10 septembre)

Turquoise Bay
Mercredi 7 Septembre, nous avons quitté Exmouth et sa péninsule, notre lieu de vie depuis 3 mois, et roulé en direction du Sud.

Nous venions de passer une semaine dans le monde fantastique de la plongée sous-marine. 2 jours de cours, un théorique et un en piscine, en compagnie d'une allemande, d'un américain et d'un australien, supervisé par notre instructeur tout petit et roux (mais gentil quand même) qui semble plus chez lui sous l'eau avec les requins qu'en surface...

En cours...

Dans le mini bus

Il y eu quelques péripéties, je chopais un rhume (incompatible avec la plongée), Julien dut appeler son médecin en Suisse pour qu'il prouve que l'ulcère qu'il a fait à 17 ans n'a plus d'incidences, et pour finir un vent terrible retarda les sorties en mer de 2 jours.

Tout finit cependant par rentrer à peu prés en ordre, et on plongea pour de vrai à la Navy Pier, sorte de base militaire qui figure dans les 10 meilleurs sites de plongée du monde.



La Navy Pier

Expérience extraordinaire bien qu'étrange, intense. On porte un équipement qui pèse 3 tonnes, mais qui dans l'eau est aussi léger qu'une plume. On se laisse couler grâce à une ceinture de poids, alors qu'en temps normal, dans l'eau, on préfère rester pas loin de la surface.
On respire... Et ce n'est pas comme d'habitude, si naturel, là on se sent respirer, on pense à respirer, on se force presque, c'est comme si on réapprenait comme réapprendre à marcher après un accident. On est si étranger dans ce milieu, si vulnérable.
L'eau exerce sa pression sur nous et déforme tout, sensations, vue (les choses paraissent plus grosses), sons (le bruit de nos respirations fait un bruit infernal) et notre rapport aux choses. Sous l'eau on ne parle pas, on flotte comme un cosmonaute, tout va lentement, c'est une autre réalité, un autre monde.



Diving style!

La visibilité était mauvaise à cause du vent, rendant l'expérience plus étrange encore, surréaliste. Les formes n'étaient qu'ombres et apparaissaient clairement que lorsque nous étions proches. Nous avons exploré le lieu, évoluant entre les immenses piliers de la jetée. Nous avons vu murènes, poissons lions, poissons Cod, nous avons nagé au coeur de bancs de milliers de poissons qui tournaient autour de nous en un tourbillon hypnotique, et surtout nous avons rencontré plein de requins, dont deux « Nurse grey », énormes, que nous avons observé, allongés sur le sol, tandis qu'ils se mouvaient lentement, s'avançant vers nous comme curieux, dévoilant leurs gueules entrouvertes pleines de dents...

Nous avons passé notre certificat PADI 1, qui nous permet de plonger jusqu'à 18 mètres. Nous avons eu à faire des exercices à la piscine aussi bien qu'en mer, qui furent des immenses étapes pour moi qui ai toujours eu un peu peur de l'eau: enlever son masque et le remettre (sous l'eau bien sûr), en vidant l'eau avec le nez, enlever son « regulator » (l'embout pour respirer) et demander celui de secours de son binôme, remonter de plusieurs mètres à la surface en une seule respiration, enlever son « BCD » (le gilet qui nous permet de flotter à la surface) et le remettre, etc. J'ai tout bien fait avec succès bien sûr, et j'ai maintenant une nouvelle assurance dans l'eau que je n'avais pas avant.

A Exmouth j'aurais aussi eu la chance de nager avec des raies mantas, complétement par hasard, en allant juste à la plage avec Lena, ma remplaçante française au IGA.

--

Reprenant la route, donc, nous retrouvons les immenses étendues de bush, la plaine sèche sur des kilomètres, grillée par le soleil, et les kangourous morts sur le bas-côté (et l'odeur qui les accompagne).
Piste d'avion sur la route pour les "flying doctor"
La route toujours aussi droite, et à l'horizon quelques mirages tremblotants créés par la chaleur. Quand on voyage comme ça, on avale les kilomètres, on engloutit les distances, et d'heures en heures le paysage change imperceptiblement, et au bout d'un moment on se dit « tiens, ici c'est différent, plus d'arbres, plus de collines, terre plus rouge... »
Plus on s'éloignait d'Exmouth, plus le paysage se couvrait de collines, sortes de grosses falaises rocheuses aux allures de western, rougeoyantes sous le soleil couchant.

 

Et partout cette fine poussière rouge, cette poussière qui s'insinue sur la peau, dans la voiture, dans les vêtements, sur les objets, qui flotte en suspension dans l'air, qui pose son voile sur toute chose.


Parfois sur la route, on croise ca: des convois oversize, qui prennent toute la largeur de la route. On a interet a attendre bien sagement sur le bas-cote!
Comme je l'ai souvent dit, en Australie les distances entre les lieux sont très grandes, et ici encore plus, au milieu du rien. Nous avions mal géré la question de l'essence et nous sommes retrouvés piégés, à plus de 100 km de Tom Price (la prochaine étape) lorsque la jauge de fuel a atteint son minimum.
A un embranchement, nous nous sommes rangés sur le bas-coté et avons entrepris d'arrêter les voitures pour leur demander de nous dépanner en fuel (beaucoup se trimbalent avec des bidons pleins)


Qui a de l'essence?!
En vain, soit ils roulaient au diesel, soit n'avaient pas de bidons d'essence. Nous avons donc pris la décision de continuer notre route (il nous restait 50 km) jusqu'à ce que la voiture tombe en panne sèche, et de là faire du stop, peut-être qu'une plus courte distance nous permettrait d'avoir plus de chance de trouver de l'aide. Les 50 km les plus longs de ma vie!
A 5 km de la ville, nous nous sommes dit qu'à partir de là nous pourrions même le faire à pied.
Et puis... la voiture a tenu comme une grande (presque 100 km sur la réserve!) jusqu'à la station service où nous avons pu l'abreuver de tout le fuel dont elle a besoin.


Bois, bois, petite voiture!
A Tom Price, nous avons fait le plein de bouffe, vérifié nos comptes bancaires (ils sont toujours là les sous), mangé des glaces très chères, nous nous sommes baladés dans ce petit patelin où la principale activité est l'extraction de l'iron, un minerais rouge et gris qui devient d'un sublime gris foncé brillant une fois poli.


Un gros camion pour l'extraction de l'iron
Ce soir-là, nous avons dormi sur un lookout qu'une dame du tourisme info à l'accent slave nous a conseillé. Un lieu gratuit (bien sûr), balayé par les vents, entouré d'un paysage désolé, imperturbables collines boursoufflées grises et rouges.


Et pour rajouter à cette ambiance mystique, le lieu s'est révélé être une sorte de mémorial non-officiel. Tout autour de la place ronde des rochers sont disposés et remplis d'inscriptions rendant hommage à des disparus (à la base, des mineurs). Au fil du temps, des rochers plus petits, des cailloux ont été ajoutés, tous porteurs de noms, de dates, de « we'll never forget you », « we miss you », « to my dad », « RIP »... La place dégage la solennité d'un cimetière, cette solennité pleine de douleur quasi religieuse. Du coup dormir dans un lieu pareil est une expérience assez étrange, où si on se laisse aller rien qu'un peu à la superstition, on sent le souffle des fantômes en allant pisser dans la nuit...


Le lendemain, nous somme entrés dans le Parc National de Karijini.


Première partie du parc, la plus reculée. La première rando que nous avons faite nous menait à la Hancock Gorge. Au début, rien de bien sorcier, on descend dans la gorge par des escaliers creusés dans la roche puis une échelle en fer, on marche en longeant un cours d'eau entre les herbes, on admire les formidables strates des falaises rocheuses rouges qui nous surplombe.


Puis arrive un endroit où il faut marcher dans l'eau pour continuer, on s'enfonce donc jusqu'au genoux dans l'eau translucide et... gelée. Brrr!


L'étape suivante, il nous faut ou nager, ou escalader, on choisit la seconde option. C'est assez flippant, même dangereux, il faut avancer tout doucement, bien poser ses pieds sur les étroites corniches naturelles créées par l'érosion de plusieurs milliers d'années.





Une fois au bout de la difficulté, nous nous retrouvons en face d'une plus difficile encore: la « spider walk » c'est-à-dire la marche de l'araignée, où les parois de la gorge sont si proches l'une de l'autre que l'on peut avancer avec un pied et une main de chaque côté. Julien tente le défi. Moi, après réflexions, je décide qu'il est bien plus facile (et sûr) de juste marcher dans la petite cascade qui s'écoule entre les parois, en faisant gaffe aux pierres glissantes.



Au bout de la Hancock Gorge, une piscine naturelle nous attend, turquoise sous le soleil, au milieu de l'amphithéâtre naturel des escaliers rocheux. C'est magnifique. Julien tente un plongeon, juste pour la postérité (l'eau est gelée).




La deuxième balade nous mène à la Waeno Gorge, et, au bout d'un chemin plus facile et moins « aventureux » que le premier, nous arrivons à une grande piscine au fond d'une cathédrale de falaises. Julien tente à nouveau la baignade, sous les yeux un peu médusés d'un groupe de japonais en « tour ».




Le soir, nous passons du coté Est du parc pour rejoindre le camping, priant pendant les 40 km de route non-goudronnée qu'un petit bout d'iron ne vienne pas se loger dans nos pneus (la dame russe nous avait dit que ça arrivait souvent) Lorsque nous arrivons enfin sur la partie en dur, nous poussons un « ouf » de soulagement, pour les pneus, pour les suspensions, pour nos dos...

Nous avons passé la nuit dans un charmant camping de bush, pour 7$ chacun, avec toilettes presque propres et barbecue au gaz. Nous avons discuté avec des gens d'Exmouth (que j'avais eu à ma caisse) et un vieux Néo-Zélandais qui buvait du whisky à même la bouteille.

Le lendemain, partie plus « touristique » du parc, mais pas moins jolie. Deux randos menant à des piscines naturelles, dans un décor plus « végétal » que la veille, avec les parois de la gorge plus éloignées l'une de l'autre. Encore une fois des paysages magnifiques, les arbres poussant contre les falaises, des terrasses naturelles sur lesquelles l'eau s'écoule en clapotant, des décors qui par moments paraissent être les vestiges d'une ancienne civilisation, romaine ou japonaise selon les lieux.



"Vas-y passe, je tiens le caillou!"

On dirait des ruines, non?

De l'eau coulait des roches...
En chemin on rencontre un couple de français avec qui nous avions fait la première plongée à Exmouth. L'Australie est petite!

La deuxième balade nous mène aux « Fortescue Falls », une cascade qui se précipite entre les rochers et les touffes d'herbes.


Derrière la cascade, si on continue, on arrive à une large piscine, la Fern Pool, lieu sacré pour les aborigènes.


L'eau est d'un bleu turquoise profond laissant apparaître des poissons qui paraissent curieusement intrigués par nos pieds lorsque nous les glissons dans l'eau.


On accède à la piscine par un petit ponton en métal muni d'une échelle, et, à l'opposé, on peut nager jusqu'à deux petites cascades. C'est comme dans un film, on s'assoie sur le rocher et l'eau nous masse le dos à grands fracas, on rigole à tenter de passer sous la cascade, on se raccroche aux pierres lisses et on se laisse flotter sur la surface ondulée du lac en regardant le ciel bleu, les eucalyptus gris et verts, les rochers rouges. Dans les arbres aux alentours, les chauve-souris semblent se disputer à grands cris et bruissements de feuilles.


Julien sous la cascade
De Karijini à Broome (du 10 au 12 Septembre)

En fin d'aprés-midi nous avons quitté le parc et roulé en direction de Port Hedland, en remontant vers la côte. Nous avons dormi sur un rest-area pour camions, avec un énorme truck juste derrière nous, qui, lorsqu'il est arrivé sur nous tout phares allumés, m'a fait froid dans le dos...


Port Hedland, port minier, où, même d'après un pompiste de la ville, « il n'y a rien à faire ». En plus c'était dimanche. Nous nous sommes quand même extasié devant les gigantesques tas de sel, les porte-containers du port, les trains miniers de plusieurs kilomètres de long, les immenses road-trains que nous croisions depuis Tom Price, camions à 3 remorques qu'il faut avoir une bonne dose de courage pour doubler.


Mais pour être honnête, Port Hedland revêtait pour nous une importance capitale. Première « grosse » ville que nous rencontrions depuis... pfioou... Geraldton? Et qui dit « grosse » ville en Australie dit... Macdo. Bah oui, en trois mois à Exmouth, et même plus (notre dernier Macdo datait de Perth), nous n'avions plus vu le gros M jaune, senti cette typique odeur de frite, nous n'avions plus eu notre dose de coca à l'eau, ce savoureux mélange d'oignons, de sauce chimique, de fromage et de steak « 100% pur boeuf » qu'ils nous disent... Je me dis quand même qu'ils doivent bien foutre quelque chose dans les macdo, pour que ça nous manque autant qu'une bonne raclette...
En tout cas, monsieur Macdo a créé le business le plus balèze de notre temps, avec Coca-Cola, car on peut se retrouver seul et perdu au bout du monde, dans un pays totalement différent du sien, il y aura toujours un Macdo pour nous accueillir de sa même odeur de frite, de ses mêmes plateaux maronnasse, de ses mêmes caissières à l'air blasé, de ses mêmes noms américanisés, un endroit où se sent quasiment chez soi et où on peut même aller sur internet (encore une idée de génie qui le place loin devant ses concurrents)
Bref nous avons englouti un bon repas bien gras, pour ensuite nous dire « tiens mais pourquoi ça nous manquait autant? » (voilà pourquoi je pense qu'ils foutent un truc dans le Macdo, après on se dit toujours « bof c'est pas si bon je peux m'en passer » comme après une bonne cuite, mais on y revient toujours...)

A 70 kilomètres de Port Hedland, nous nous sommes arrêtés sur une aire de camping « gratuit ». La lune était si brillante qu'en pleine nuit on voyait presque comme en plein jour, sauf que tout paraissait en négatif, baigné d'une lumière fantomatique.

Dans ces lieux les vaches sont en liberté, comme les stations auxquelles elles appartiennent font plus de 100km de long, personne ne juge utile de les enfermer entre des barrières. On en croise donc souvent, notamment dans ces lieux de camping gratuit qui sont prés des criques où elles viennent s'abreuver, ou sur les routes, et bien souvent sous la forme de cadavres, les quatre fers en l'air, laissant leur odeur de pourriture nous accompagner pendant plusieurs minutes. On se demande souvent ce que sont devenus les véhicules qui ont percutés ces gros mastodontes, mais il s'agit certainement de road-trains, ces monstres qui roulent plein pot et ne craignent personne avec leurs énormes « pare-buffle » (« roo-bar » en anglais, littéralement « pare-kangourou »)



Le lendemain, nous avons avalé les kilomètres. Nous avons juste stoppé à « Eighty miles beach » après un détour de 10km (une chiure de mouche en Australie). Une plage de 80 miles comme son nom l'indique, un peu au milieu de nulle part, puisque dans cette région, entre Port Hedland et Broome, il n'y a RIEN, juste la plaine sèche et broussailleuse, et si l'on s'enfonce dans les terres, le désert... Cette plage ne ressemblait en rien aux gentilles plages tranquilles de Cape Range, il y avait un vent de fou qui soulevait le sable en nous fouettant les mollets, faisait voler des herbes épineuses qui roulaient sur le sable comme dans les westerns... Il y avait du monde sur la plage, tous la canne à pêche à la main, mais personne dans l'eau, les rouleaux turquoise et mousseux n'inspiraient pas vraiment confiance, on les devinait peuplés de bêtes antipathiques, requins, raies venimeuses, méduses, peut-être crocos...


La suite, bientot!... Broome, le Kimberley, la chaleur tropicale, Kununurra et Katherine...

Commentaires

  1. Cest trop bon! Des bisous!
    Sarah kl.

    RépondreSupprimer
  2. putain c'est tellement beau qu'on dirait du photoshop ! franchement le coté "pocahontas" des piscine naturel avec les rochers c'est juste magnifique ! j'suis ravie pour toi mon beurthon ! j'espere que tout iras bien pour ton visa !
    bisousbisous

    RépondreSupprimer
  3. je compte partir en working holiday visa en Oz ds qq mois, et du coup je fais le tour des blogs en attendant, mais le tien est vraiment mon préféré! J'attends tjrs les billets suivants avec impatience... Merci! Pour ta plume, tes photos, tes commentaires... Je me régale à chaque fois! Keep up the great work! =)

    RépondreSupprimer
  4. ... UN JOYEUX ANNIVERSAIRE ! !
    plein de merveilles, de soleil, de découvertes, de rencontres.
    Bonne chance pour la suite.
    Gros poutou poutou.

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Entre montagnes et océan

Mélancolie nocturne

Nom d'un brocciu!