Broome et le Kimberley
Broome (du 12 au 16 Septembre)
A quelques kilomètres de Broome, la question quotidienne du « logement » pour la nuit s'est posée. Nous n'étions qu'à 30 km de la ville, il devenait donc difficile de dormir sur une aire de repos.
Et puis on en avait tant entendu parler de cette fameuse Broome, porte du Kimberley, ville perlière dont la plage « de ville » est considérée comme la plus belle d'Australie (pour une plage de ville je pense), nous étions assez impatients de la découvrir...
Alors nous avons décidé que tant pis, nous paierons un caravan park, ça nous permettra de prendre une douche chaude et de se poser un peu. A l'info tourisme, nous avons obtenu les tarifs de tous les caravan parks et opté, bien sûr, pour le moins cher. 14$ chacun quand même, le même prix qu'au « Big 4 » d'Exmouth, le 4 étoiles si propre avec piscine et fours et congélo dans la cuisine...
Lorsque l'on arrive à la réception, la dame, pas super agréable, nous explique que nous devons aller voir nous-même dans une zone délimitée pour les « campeurs » s'il y a de la place. « Ah nous n'avons pas d'emplacement défini? » non, non, c'est à l'arrache, au p'tit bonheur la chance. Bon.
On se rend au lieu indiqué, et on découvre: un enclos grillagé, et à l'intérieur un terrain où « s'entassent » les backpackers (bah oui forcément, qui demande systématiquement un emplacement de camping sans électricité?), des tentes, des vans, des bagnoles dans tous les sens, mais surtout un bordel incroyable, amassé certainement depuis plusieurs semaines: des sièges de voiture et des caisses de supermarché pour faire des tables ou des étagères, des chaises de jardins ou de bureau, des bâches, des fils à linge avec des vêtements dessus qui semblent sécher éternellement, des vélos moitié démontés, des pièces de voiture, des bassines, de la vaisselle, des canettes de bières (il y avait même un mur fait en cannettes de XXXX Gold, la bière bas-de-gamme).
L'ensemble, dans un effet « camp de réfugiés », était très réussi. On s'y installe quand même, dans un pur souci sociologique. On en rigole même, avec une pointe de colère contre ce camping qui se fout un peu de notre gueule, et contre ces backpackers qui n'arrangent rien. On se dit que l'on doit être devenu un peu vieux jeu pour ne pas trouver ça « trop cool ».
On visite les lieux: sur la gauche du terrain, il y a « la cuisine », pièce aux murs ouverts qui comprend: un établi central, deux plaques au gaz pleines de morceaux de bouffe séchés, deux plaques barbecue où l'on a surtout pas envie de poser de la viande, un micro-onde... normal lui, une vieille radio et surtout, quatre splendides frigos, vides, avec des petites affichettes sur les portes signalant que les frigos seront réparés... demain. Comme c'est tous les jours pour demain, ça ne risque pas d'être fait de sitôt...
Derrière la cuisine, vient le bloc sanitaire. Du coté des filles c'est à peu prés propre, même si ça se voit que ce n'est pas nettoyé souvent. Du coté des garçons, apparemment, il vaut mieux garder ses tongs. Il y a une partie « laundry » avec machines à laver assez chères (4$) auxquelles on a pas vraiment envie de confier son linge (les machines à laver sont des calamités en Australie, quand en plus elles sont crado...) Il y a des vêtements abandonnés partout, par terre, sur les étagères, en tas, sûrement des oublis que personne ne prend la peine de jeter ou donner.
Pour couronner le tout, une chatte et son petit vivent là, se faisant câliner par tout le monde et levant vers vous des yeux implorants et des miaulements plaintifs lorsque vous mangez. Surement que là encore, personne ne prend la peine de vraiment nourrir ces chats, qui érent dans le camping à la recherche d'âmes charitables.
La population de ces lieux (ceux qui paraissent installés ici) parlent majoritairement français (encore, bah oui, et je n'exagère pas), ils sont en groupe, relativement jeunes je pense, et portent des signes distinctifs: cheveux longs ornés de perles, atteba, dreads, vêtements et bijoux « ethniques », dans un pur style « bloqueurs de fac » comme dirait ma soeur.
On connait presque toutes leurs histoires juste en les côtoyant à moins de 30 mètres. Les filles se racontent leurs problèmes dans la salle de bain commune, elles pleurent et se serrent dans les bras dans la cuisine, elles sautent au cou des gars juste à l'entrée du camping. Les mecs sortent une théorie philosophique haute-perchée quand on leur demande comment fonctionne le frigo (qui ne fonctionne pas, en fait)
La Rue Ketanou retentit le soir, accompagné des rires gras des nanas en train de jouer à ce fameux jeu où l'on fait deviner des noms avec un mot.
Je ne doute pas que ces personnes sont certainement très intéressantes (je sais déjà de quoi leur parler), j'ai juste l'impression agaçante de voir des copier-coller de ce que j'ai déjà vu, des gens qui pensent être uniques en leur genre et au-dessus des autres, et qui pensent recréer Mai 68 parce qu'ils fument des joints et jouent de la guitare autour d'un feu.
Malgré tout ça, nous sommes quand même restés 3 nuits dans ce caravan park. Les dames de l'accueil ont eu l'air surprises que l'on paye bien en règle. Quand nous leur avons posé quelques questions sur le pourquoi de ce lieu bizarre, elles ont répondu vaguement que les jeunes « installés » là travaillaient en ville, mais que de toute façon ce terrain de camping allait être fermé parce que: « il n'appartient pas au caravan park » Tiens donc!
L'avantage du camping cependant est qu'il se situe juste à coté de la « town beach », et au moment où nous étions à Broome, nous pouvions assister aux « staircase to the moon », un phénomène qui fait partie de la renommée de la ville.
« Staircase to the moon » signifie: les escaliers vers la lune. En été, lorsque la lune est pleine, elle se reflète en se levant sur les bancs de sable. Les chinois qui immigrèrent ici pour travailler sur les bateaux perliers trouvaient que ce reflet créait un escalier en or pour aller jusqu'à la lune. Du coup, depuis, ce phénomène est devenu attrait touristique, des milliers de touristes choisissent leurs dates de séjour à Broome juste par rapport à ça (tout comme nous)
Bon, en vérité, ce n'est qu'un lever de lune sur la plage, et les « escaliers » vus par les chinois n'ont rien de vraiment extraordinaire (ils avaient du passer un peu trop de temps au fond de l'océan à chercher des perles, ceux-là), mais rien que pour la fébrilité du public au crépuscule, caméra au poing (alors que c'est impossible de prendre une bonne photo), guettant la lueur à l'horizon comme une star avant un concert, rien que pour le marché nocturne et les animations créées juste pour cet événement, rien que pour le plaisir de se dire « wouah je regarde la lune se lever en bouffant des brochettes de poulet satay », ça en vaut la peine.
A Broome nous avons bien sûr été nous baigner à Cable beach, cette fameuse plus belle plage d'Australie. Nous venions juste d'acheter un nouvel appareil photo pour Julien (enfin JE venais de payer un appareil photo à Julien, vu que celui qu'il avait a péri par ma faute, à Cape le Grand NP, sud du Western Australia, voir article correspondant), un WATERPROOF! Également chockproof (les chocs), dustproof (la poussière), freezeproof (le froid)... Un appareil photo tout terrain en somme. Grâce à cet appareil, l'intérêt de n'importe quelle baignade est multiplié par dix au moins.
Nous n'étions toutefois pas totalement rassurés devant les panneaux à l'entrée de la plage, nous avertissant que nous pouvions rencontrer ici crocodiles, requins, raies et méduses mortelles. Il y avait même une trousse de secours à disposition avec... du vinaigre, et ce n'était certainement pas pour préparer une sauce à salade.
Le soir sur cette plage, se produit l'autre grosse attraction de Broome (payante cette fois): une balade à dos de dromadaire au soleil couchant. Trois compagnies se disputent le morceau, ornant chacune leur équipage d'une couleur différente: rouge, jaune, bleu.
Nous n'avons bien sûr pas fait ce tour, mais rien que la « préparation » de la balade est un spectacle en soi: les dromadaires, tous couchés, se mettent à braire d'une façon horriblement guttural dés que se présentent les deux personnes grimpant sur leur dos. En général bien sûr, des mamies, des japonais, ou des p'tites blondinettes à lunettes Gucci.
Déjà déstabilisés par cette manifestation bruyante, les « cavaliers » sont encore plus secoués lorsque le dromadaire se relève d'un coup. Chacun y va de sa propre réaction, rigolant nerveusement, ou poussant des cris, tout ça bien sûr au plaisir sadique des gens restés au sol et admirant le spectacle.
Nous avons visité la ville, qui est charmante, un peu « flower power ». Le centre ville est un « china-town », qui n'a de chinois que le nom (et un peu le décor). On trouve beaucoup de magasins de vêtements bobo, des boutiques de bijoux bien sûr, avec les fameuses perles, très chères bien entendu. Un vieux cinéma en plein air trône sur la rue principale.
Broome est très tropicale, et ça nous a surpris, parce que le contraste avec les villes d'avant est assez fort. En arrivant à Broome, on a l'impression d'arriver dans un autre pays. Il fait très chaud (mais ce n'était rien par rapport à ce qui nous attendait...), et partout il y a des palmiers, des frangipaniers, des baobabs, des fleurs tropicales.
Un autre soir nous nous sommes rendus au pied de falaises, où il y a quelques milliers d'années, un dinosaure a laissé ses empreintes. Mais ces empreintes ne sont pas indiquées, il faut donc chercher sur chaque rocher, autant dire, il faut un sacré coup de bol pour tomber dessus par hasard. En plus c'est vraiment à marée très basse que les empreintes sont visibles.
Arrivant tôt, le coup de bol nous l'avons eu en suivant (discrètement, en sifflotant) un type à béret qui tenait un livre dans sa main et semblait savoir où il allait. Il nous a mené tout droit vers deux belles traces sur une pierre. Bizarre d'imaginer qu'à un temps très très très lointain, un dino a juste posé sa patte ici et que cette trace est arrivé jusqu'à nous.
Là nous avons rencontré un couple parlant français et se révélant être... des suisses. Pour une fois c'était moi « l'intrue », qui ne comprenait pas de quoi ils causaient: « en nonente-cinq, à Gstaad, c'est là que j'ai fait mon secondaire, y'en avait une chiée! » Euh...
En plus la fille avait fait la même école que Julien, ils connaissaient même des gens en commun: « bah et pis l'autre là, bah il est mort! Rhooo... Et t'es sorti avec qui de là-bas sinon? » C'était sympa (les suisses sont cool, je suis fan de leur accent et de leurs principes (« on ne mange pas la raclette avec de la charcuterie!! Non mais oh! »)) Nous avons passé la soirée avec eux, devant les staircase to the moon que nous voyions pour la deuxième fois.
Nous avons aussi rencontré un espagnol et une hollandaise, qui nous ont vendu du rêve en nous affirmant qu'on pouvait dormir sur la plage, qu'ils nous amèneraient avec leur 4x4. Finalement ça ne s'est pas fait, mais nous avons quand même été invité chez des amis à eux (comme on avait prévu de passer la soirée ensemble), un français et une australienne qui vit dans une grande maison avec une dizaine d'autres personnes, où tout ou presque est à ciel ouvert, sous les manguiers (du coup il y a des grenouilles vertes fluos dans les toilettes)
Nous avons mangé un bon repas préparé par le couple hispano-hollandais, où nous avons négocié d'avoir des steaks de bœuf meilleur marché, eux voulant des « T-bone » (pièces très bonnes et très chères) La vie de backpacker est une vie de privations, chaque dollar est utile et chaque luxe, inutile...
Pour le dessert nous avons pu gouter une part de gâteau fabriqué par une des colocataires de l'australienne, qui compte vendre ces pâtisseries « sans produits d'origine animale » donc pas de beurre, pas d'œufs, pas de lait... Une chose est sûre, nous n'irons pas lui en acheter...
Nous avons un peu galéré pour trouver où dormir, et nous sommes finalement posés sur le parking du terrain de rodéo.
Le Kimberley (du 16 au 19 Septembre)
Le lendemain, nous nous sommes offert un gros petit déjeuner (avec croissants et muffins achetés en promo à Coles, café froid frappé pour Julien, et un petit, tout petit, tout petit petit, café noir pour moi)
Puis nous avons repris la route, et avons pénétré dans la très célèbre et attendue région du Kimberley. Bon forcément, par la route goudronnée, du coup c'est beaucoup moins pittoresque et impressionnant que par la piste de terre accessible qu'en 4x4, où il y a rivières à traverser, et gorges, billabongs, infestés de crocos, à visiter. La nostalgie de la jeep Pajero était plus que jamais présente.
Il y a eu quand même quelques arrêts intéressants, quelques aventures « kimberlesques ».
A Fitzroy Crossing, nous avons visité le seul parc national accessible aux voitures « normales »: Geikie Gorge.
La nuit d'avant, pour trouver un endroit pour dormir, nous nous sommes aventurés sur un chemin dans le bush au milieu de hautes herbes, sans savoir où il nous mènerait, et si nous pourrions en ressortir. Dans ces cas-là je ne suis pas aventurière pour deux sous, et mon coeur faisait des bonds dans ma poitrine quand la voiture raclait le milieu du chemin creusé par des roues de jeep ou de tracteur, tressautait dans les nid-de-poule, négociait à vive allure les parties sableuses (ralentir est le meilleur moyen de s'ensabler)
Nous sommes finalement arrivés devant la barrière d'une station et avons dormi là, et alors que la nuit étoilée tombait sur nous, accompagnée de milliers de bruits d'animaux inconnus, nous avions peur de deux choses: Julien qu'un croco surgisse de nulle part, moi que le fermier surgisse fusil à la main et mine patibulaire façon tueur de « Wolf Creek » (film à ne surtout pas voir si vous êtes backpacker, dans ce genre de moment les scènes du film vous paraissent très très réelles)
Le lendemain nous sommes repartis sans encombres, et avons marché le long de la Geikie Gorge où nous avons vu nos premiers crocodiles! Enfin aperçu est un meilleur mot. L'un nageant au milieu de la rivière (on voit de lui seulement le haut du dos et le museau) et l'autre au loin sur un rocher, se dorant la pilule.
C'était des freshwater crocodiles ou freshies, c'est-à-dire des « gentils » crocos, pas très grands, et n'attaquant pas l'homme (sauf si on l'embête) L'autre espèce, celui qui est très très méchant, mange les humains qui ont le malheur de se trouver à sa portée, c'est le saltwater crocodile ou saltie, qui peut mesurer 7 mètres de long et a une mâchoire à vous hérisser les poils du dos. Celui là il ne vaut mieux pas le voir, ou alors c'est que c'est trop tard...
Et c'est en repartant de là que nous avons vécu l'aventure la plus dingue et la plus terrifiante de notre Kimberley...
Comme je vous l'ai dit, il faisait, très très chaud. Nous étions en train de jouer à un jeu « trompe l'ennui » (on devait se faire deviner un mot en répondant seulement par oui ou non aux questions de l'autre) lorsque nous avons aperçu au loin de la fumée noire s'élever des arbustes.
En nous approchant, nous voyions clairement les flammes dévorer la plaine, nous sentions dans l'air cette tension suffocante, ce silence crépitant et cette chaleur lourde. Les oiseaux tournaient et tournaient au-dessus des volutes de fumée, voyant périr leurs habitats, leurs nids peut-être.
Julien était surexcité, comme mué par cette espèce de fascination ancestrale qu'ont les hommes pour cet élément puissant. Moi je flippais bien sûr, femme trop prudente et inquiète (bah ouais c'est nul mais face à ça on réagit tous par instinct animal) J'essayais de lutter contre la panique pour prendre des photos mémorables, Julien luttait contre l'envie (j'en suis sûr) d'aller au milieu du brasier brandir une branche enflammée en hurlant d'une voix virile. J'ai reconnu ensuite que c'était quand même beau, Julien a reconnu que c'était quand même effrayant.
Ce jour-là nous sommes passés juste à coté du Parc National Purnululu, où se trouve les fameux Bungle-Bungle, massif étrange en forme de dômes. Nous ne pouvions pas y aller, car c'était des pistes 4x4... Nous avons pensé laisser la voiture dans un caravan park et faire du stop. Mais un type de la station essence la plus proche nous en a dissuadé, car la saison touristique tire à sa fin, et plus beaucoup de voitures ne se rendent au parc. Dépités, nous avons donc fait une croix sur ce parc. Impossible de tout faire en Australie...
La suite au prochain episode...!
A quelques kilomètres de Broome, la question quotidienne du « logement » pour la nuit s'est posée. Nous n'étions qu'à 30 km de la ville, il devenait donc difficile de dormir sur une aire de repos.
Et puis on en avait tant entendu parler de cette fameuse Broome, porte du Kimberley, ville perlière dont la plage « de ville » est considérée comme la plus belle d'Australie (pour une plage de ville je pense), nous étions assez impatients de la découvrir...
Cable Beach |
Lorsque l'on arrive à la réception, la dame, pas super agréable, nous explique que nous devons aller voir nous-même dans une zone délimitée pour les « campeurs » s'il y a de la place. « Ah nous n'avons pas d'emplacement défini? » non, non, c'est à l'arrache, au p'tit bonheur la chance. Bon.
On se rend au lieu indiqué, et on découvre: un enclos grillagé, et à l'intérieur un terrain où « s'entassent » les backpackers (bah oui forcément, qui demande systématiquement un emplacement de camping sans électricité?), des tentes, des vans, des bagnoles dans tous les sens, mais surtout un bordel incroyable, amassé certainement depuis plusieurs semaines: des sièges de voiture et des caisses de supermarché pour faire des tables ou des étagères, des chaises de jardins ou de bureau, des bâches, des fils à linge avec des vêtements dessus qui semblent sécher éternellement, des vélos moitié démontés, des pièces de voiture, des bassines, de la vaisselle, des canettes de bières (il y avait même un mur fait en cannettes de XXXX Gold, la bière bas-de-gamme).
On visite les lieux: sur la gauche du terrain, il y a « la cuisine », pièce aux murs ouverts qui comprend: un établi central, deux plaques au gaz pleines de morceaux de bouffe séchés, deux plaques barbecue où l'on a surtout pas envie de poser de la viande, un micro-onde... normal lui, une vieille radio et surtout, quatre splendides frigos, vides, avec des petites affichettes sur les portes signalant que les frigos seront réparés... demain. Comme c'est tous les jours pour demain, ça ne risque pas d'être fait de sitôt...
La cuisine et les fameux frigos |
Pour couronner le tout, une chatte et son petit vivent là, se faisant câliner par tout le monde et levant vers vous des yeux implorants et des miaulements plaintifs lorsque vous mangez. Surement que là encore, personne ne prend la peine de vraiment nourrir ces chats, qui érent dans le camping à la recherche d'âmes charitables.
Les chats devant un tas d'affaires abandonnés par des backpackers. On y a peché quelques trucs, une caisse, des vetements, des livres (en francais), un masque de snorkelling... |
On connait presque toutes leurs histoires juste en les côtoyant à moins de 30 mètres. Les filles se racontent leurs problèmes dans la salle de bain commune, elles pleurent et se serrent dans les bras dans la cuisine, elles sautent au cou des gars juste à l'entrée du camping. Les mecs sortent une théorie philosophique haute-perchée quand on leur demande comment fonctionne le frigo (qui ne fonctionne pas, en fait)
La Rue Ketanou retentit le soir, accompagné des rires gras des nanas en train de jouer à ce fameux jeu où l'on fait deviner des noms avec un mot.
Je ne doute pas que ces personnes sont certainement très intéressantes (je sais déjà de quoi leur parler), j'ai juste l'impression agaçante de voir des copier-coller de ce que j'ai déjà vu, des gens qui pensent être uniques en leur genre et au-dessus des autres, et qui pensent recréer Mai 68 parce qu'ils fument des joints et jouent de la guitare autour d'un feu.
Malgré tout ça, nous sommes quand même restés 3 nuits dans ce caravan park. Les dames de l'accueil ont eu l'air surprises que l'on paye bien en règle. Quand nous leur avons posé quelques questions sur le pourquoi de ce lieu bizarre, elles ont répondu vaguement que les jeunes « installés » là travaillaient en ville, mais que de toute façon ce terrain de camping allait être fermé parce que: « il n'appartient pas au caravan park » Tiens donc!
L'avantage du camping cependant est qu'il se situe juste à coté de la « town beach », et au moment où nous étions à Broome, nous pouvions assister aux « staircase to the moon », un phénomène qui fait partie de la renommée de la ville.
« Staircase to the moon » signifie: les escaliers vers la lune. En été, lorsque la lune est pleine, elle se reflète en se levant sur les bancs de sable. Les chinois qui immigrèrent ici pour travailler sur les bateaux perliers trouvaient que ce reflet créait un escalier en or pour aller jusqu'à la lune. Du coup, depuis, ce phénomène est devenu attrait touristique, des milliers de touristes choisissent leurs dates de séjour à Broome juste par rapport à ça (tout comme nous)
Bon, en vérité, ce n'est qu'un lever de lune sur la plage, et les « escaliers » vus par les chinois n'ont rien de vraiment extraordinaire (ils avaient du passer un peu trop de temps au fond de l'océan à chercher des perles, ceux-là), mais rien que pour la fébrilité du public au crépuscule, caméra au poing (alors que c'est impossible de prendre une bonne photo), guettant la lueur à l'horizon comme une star avant un concert, rien que pour le marché nocturne et les animations créées juste pour cet événement, rien que pour le plaisir de se dire « wouah je regarde la lune se lever en bouffant des brochettes de poulet satay », ça en vaut la peine.
Le jongleur de feu/comique |
Nous n'étions toutefois pas totalement rassurés devant les panneaux à l'entrée de la plage, nous avertissant que nous pouvions rencontrer ici crocodiles, requins, raies et méduses mortelles. Il y avait même une trousse de secours à disposition avec... du vinaigre, et ce n'était certainement pas pour préparer une sauce à salade.
Notre premier panneau d'attention aux crocos! |
Nous n'avons bien sûr pas fait ce tour, mais rien que la « préparation » de la balade est un spectacle en soi: les dromadaires, tous couchés, se mettent à braire d'une façon horriblement guttural dés que se présentent les deux personnes grimpant sur leur dos. En général bien sûr, des mamies, des japonais, ou des p'tites blondinettes à lunettes Gucci.
Breeeeeeeeeeeeey! |
Wouaaaaaa! |
Le cinema |
Les fameuses fleurs "hippies" |
Un autre soir nous nous sommes rendus au pied de falaises, où il y a quelques milliers d'années, un dinosaure a laissé ses empreintes. Mais ces empreintes ne sont pas indiquées, il faut donc chercher sur chaque rocher, autant dire, il faut un sacré coup de bol pour tomber dessus par hasard. En plus c'est vraiment à marée très basse que les empreintes sont visibles.
Arrivant tôt, le coup de bol nous l'avons eu en suivant (discrètement, en sifflotant) un type à béret qui tenait un livre dans sa main et semblait savoir où il allait. Il nous a mené tout droit vers deux belles traces sur une pierre. Bizarre d'imaginer qu'à un temps très très très lointain, un dino a juste posé sa patte ici et que cette trace est arrivé jusqu'à nous.
Là nous avons rencontré un couple parlant français et se révélant être... des suisses. Pour une fois c'était moi « l'intrue », qui ne comprenait pas de quoi ils causaient: « en nonente-cinq, à Gstaad, c'est là que j'ai fait mon secondaire, y'en avait une chiée! » Euh...
En plus la fille avait fait la même école que Julien, ils connaissaient même des gens en commun: « bah et pis l'autre là, bah il est mort! Rhooo... Et t'es sorti avec qui de là-bas sinon? » C'était sympa (les suisses sont cool, je suis fan de leur accent et de leurs principes (« on ne mange pas la raclette avec de la charcuterie!! Non mais oh! »)) Nous avons passé la soirée avec eux, devant les staircase to the moon que nous voyions pour la deuxième fois.
Non ce n'est pas la lune, juste un vulgaire coucher de soleil |
Nous avons mangé un bon repas préparé par le couple hispano-hollandais, où nous avons négocié d'avoir des steaks de bœuf meilleur marché, eux voulant des « T-bone » (pièces très bonnes et très chères) La vie de backpacker est une vie de privations, chaque dollar est utile et chaque luxe, inutile...
Pour le dessert nous avons pu gouter une part de gâteau fabriqué par une des colocataires de l'australienne, qui compte vendre ces pâtisseries « sans produits d'origine animale » donc pas de beurre, pas d'œufs, pas de lait... Une chose est sûre, nous n'irons pas lui en acheter...
Nous avons un peu galéré pour trouver où dormir, et nous sommes finalement posés sur le parking du terrain de rodéo.
Le Kimberley (du 16 au 19 Septembre)
L'arbre typique du Kimberley: le baobab! On en croise des enormes... |
Puis nous avons repris la route, et avons pénétré dans la très célèbre et attendue région du Kimberley. Bon forcément, par la route goudronnée, du coup c'est beaucoup moins pittoresque et impressionnant que par la piste de terre accessible qu'en 4x4, où il y a rivières à traverser, et gorges, billabongs, infestés de crocos, à visiter. La nostalgie de la jeep Pajero était plus que jamais présente.
Il y a eu quand même quelques arrêts intéressants, quelques aventures « kimberlesques ».
Dans une RoadHouse |
La nuit d'avant, pour trouver un endroit pour dormir, nous nous sommes aventurés sur un chemin dans le bush au milieu de hautes herbes, sans savoir où il nous mènerait, et si nous pourrions en ressortir. Dans ces cas-là je ne suis pas aventurière pour deux sous, et mon coeur faisait des bonds dans ma poitrine quand la voiture raclait le milieu du chemin creusé par des roues de jeep ou de tracteur, tressautait dans les nid-de-poule, négociait à vive allure les parties sableuses (ralentir est le meilleur moyen de s'ensabler)
Nous sommes finalement arrivés devant la barrière d'une station et avons dormi là, et alors que la nuit étoilée tombait sur nous, accompagnée de milliers de bruits d'animaux inconnus, nous avions peur de deux choses: Julien qu'un croco surgisse de nulle part, moi que le fermier surgisse fusil à la main et mine patibulaire façon tueur de « Wolf Creek » (film à ne surtout pas voir si vous êtes backpacker, dans ce genre de moment les scènes du film vous paraissent très très réelles)
Le lendemain nous sommes repartis sans encombres, et avons marché le long de la Geikie Gorge où nous avons vu nos premiers crocodiles! Enfin aperçu est un meilleur mot. L'un nageant au milieu de la rivière (on voit de lui seulement le haut du dos et le museau) et l'autre au loin sur un rocher, se dorant la pilule.
Geikie Gorge |
Mais si la! C'est un croco!! |
Et c'est en repartant de là que nous avons vécu l'aventure la plus dingue et la plus terrifiante de notre Kimberley...
Comme je vous l'ai dit, il faisait, très très chaud. Nous étions en train de jouer à un jeu « trompe l'ennui » (on devait se faire deviner un mot en répondant seulement par oui ou non aux questions de l'autre) lorsque nous avons aperçu au loin de la fumée noire s'élever des arbustes.
En nous approchant, nous voyions clairement les flammes dévorer la plaine, nous sentions dans l'air cette tension suffocante, ce silence crépitant et cette chaleur lourde. Les oiseaux tournaient et tournaient au-dessus des volutes de fumée, voyant périr leurs habitats, leurs nids peut-être.
Julien était surexcité, comme mué par cette espèce de fascination ancestrale qu'ont les hommes pour cet élément puissant. Moi je flippais bien sûr, femme trop prudente et inquiète (bah ouais c'est nul mais face à ça on réagit tous par instinct animal) J'essayais de lutter contre la panique pour prendre des photos mémorables, Julien luttait contre l'envie (j'en suis sûr) d'aller au milieu du brasier brandir une branche enflammée en hurlant d'une voix virile. J'ai reconnu ensuite que c'était quand même beau, Julien a reconnu que c'était quand même effrayant.
Nous avons recroisé un autre feu le lendemain après un arrêt à Halls Creek (la ville pour aller à Wolf Creek...), à la nuit tombée, une colline était en feu, c'était un spectacle incroyable, on aurait qu'il y avait la guerre, on se serait cru en plein royaume du super-vilain dans le Seigneur des Anneaux...
Ce jour-là nous sommes passés juste à coté du Parc National Purnululu, où se trouve les fameux Bungle-Bungle, massif étrange en forme de dômes. Nous ne pouvions pas y aller, car c'était des pistes 4x4... Nous avons pensé laisser la voiture dans un caravan park et faire du stop. Mais un type de la station essence la plus proche nous en a dissuadé, car la saison touristique tire à sa fin, et plus beaucoup de voitures ne se rendent au parc. Dépités, nous avons donc fait une croix sur ce parc. Impossible de tout faire en Australie...
Sur la route... |
Des chevaux "sauvages"! Ca change des vaches et des kangourous |
La suite au prochain episode...!
bah noooon ! la suite ! la suite !
RépondreSupprimerton camping on dirait les eurockéennes ;) !
c'est trop cool tout ca ! bisous bisous
ben ^^? tu nous plante là ?...
RépondreSupprimervite, vite la suite! ... ^^
oh non, quel suspens! Ton blog est aussi addictif qu'une série amériaaine! on piaffe d'impatience jusqu'à l'épisode suivant! Et on ne peut pas télécharger tout le pack d'un coup! Lol! ;-) Les photos sont superbes! gros bisouss
RépondreSupprimertoujours extraordinaire, les photos les commentaires! au milieu de tout cela,j'espere que pour le 10/10 tu as deguster un bon gateau !je te le souhaite avec retard mais pleins de bisous(message codé!!!) vieux tressage
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