West Coast
Samedi 7 Mai 2011
Après quelques faux départs (changement des pneus de la voiture, gros coup de fatigue pour moi, oubli de portable pour Julien, visite de la tombe de Bon Scott (chanteur d'ACDC) et d'une expo sur ce groupe (je suis devenue fan)) nous quittons enfin Perth alors que la nuit tombe déjà sur la ville. Le « lieu de camping free », que j'avais savamment repéré dans le bouquin « Camp Free n°6 » (bible du backpacker mais bien trop cher, alors qu'il suffit d'aller dans n'importe quelle librairie et de prendre discrètement en photo avec son téléphone les pages concernées!) restant introuvable (comme quoi ça ne sert à rien d'acheter ce bouquin...), nous nous posons un peu au hasard sur une aire de repos. Nous revoilà dans l'aventure, bon gré mal gré.
Dimanche 8 Mai 2011
Aparté: à partir de cet instant, essayez d'imaginer, pour chaque moment du road-trip, la nuée de mouches qui nous bourdonnaient furieusement dans les oreilles, le nez, la bouche, les yeux, à chaque fois que nous sortions de la voiture. Bzzzzzzzzzzzzzzzz!
Nous filons donc vers le Nord, empruntant la toute nouvelle Indian Ocean Drive avec vue imprenable sur le bleu profond de l'océan et les dunes de sable blanc, et faisons un stop obligé aux Pinnacles, ces monticules jaunes posés en plein désert, presque aussi célèbres qu'Uluru. Le lieu est chouette bien sûr, mais sa magie est légèrement gâché par l'entrée à 11 dollars, la piste où l'on se suit tous comme dans un safari, le magasin à souvenirs et les chiottes au milieu de tout ça. Nous profitons quand même pleinement de cet endroit étonnant, dont la formation n'a toujours pas été expliqué.
Le soir venu, comme aucun lieu n'est prévu pour camper gratos à moins de 100 km de là, nous tournons un peu à l'aveuglette dans les rues adjacentes à l'highway jusqu'à nous arrêter dans un cul-de-sac goudronné camouflé de la route par une rangée de buissons.
Lundi 9 Mai 2011
Journée du coté de Jurien Bay, Green Head, Leeman. Des endroits, qui, si l'on en croit les guides touristiques, sont magnifiques avec leurs eaux bleus turquoises et leurs plages paradisiaques.
Des lieux parfaits pour s'essayer au snorkelling, c'est-à-dire la nage avec tuba et palmes pour observer la vie sous-marine. Nous nous sommes donc rendus dans un magasin, où nous avons longuement hésité devant les kits de snorkelling. Encore de l'argent à dépenser... Je restais sceptique à cette idée, et à la fois curieuse de cette activité qui est, parait-il, extraordinaire. Finalement convaincue par les arguments de Julien (« si on a nos propres kits on a pas besoin de payer pour en faire! ») j'ai donc opté pour le kit simple tuba-masque à 20 dollars. Julien, lui, voulait des palmes en plus, mais le vendeur, un grand barbu avec un gamin sur les épaules, ne trouvait pas sa taille. Il a donc pris un autre kit moins cher, a changé le tuba, pour que Julien ait le super tuba-qui-recrache-l'eau-tout-seul (que j'avais aussi) et lui a fait payé au prix du moins cher. Il a de surcroit débusqué des palmes (roses) de derrière les fagots (enfin son comptoir), à ma taille comme par hasard, et me les a donné, gratos. Classe man! Ça fait du bien par moments des p'tits gestes comme ça.
Après, nous avons un peu déchanté quand nous avons vu la tête des plages « paradisiaques ». Je ne sais pas trop si on entend la même chose du paradisiaque, mais une mer marron qui pue le poisson pourri pour moi ça se rapproche plus de l'enfer. Nous sommes restés interloqués devant ce spectacle, jusqu'à ce que l'on ait l'explication plus tard dans la soirée: ce sont les orages au large, qui, en cette période, remue la flotte et toutes les algues mortes avec, qui vont gentillement s'échouer en masse sur les plages « paradisiaques ». Évidemment, il faut que l'on tombe pile poil pendant la toute petite période de l'année où cela arrive...
Le soir nous nous sommes quand même stoppé dans une place super génial, un free camping au bord de l'océan. Nous nous sommes endormis sous les étoiles, bercés par les vagues à deux mètres de nous (et j'ai rêvé de tsunami et de chasse d'eau)
Mardi 10 Mai 2011
Geraldton. La « grosse ville » de la côte. Un supermarché, un macdo, une librairie avec internet (voilà les signes de la civilisation!)
Nous avons visité son super mémorial en l'honneur du HMAS Sydney II, bateau de guerre australien qui s'est fait défoncé la gueule pendant la seconde guerre mondiale par un navire allemand se faisant passer pour un bateau de commerce hollandais (où est-ce qu'ils vont chercher tout ça?) au large de Geraldton. Bilan: l'équipage du HMAS Sydney II entièrement décimé (650 gars quand même), alors que les allemands ces salauds, n'ont eu qu'une petite 50aine de morts. Du coup là niveau mémorial ils ont mis le paquet. Et comme l'a fait remarqué Julien: « et pour les allemands tués ce jour là il y a un mémorial en Allemagne? » surement que non.
On a aussi visité une expo sur... le HMAS Sydney II, avec photo du chouette capitaine en chemise retroussée sur les bras, qui regarde au loin la mer avec un sourire colgate, tandis que sur le panneau suivant, le capitaine allemand vous fixe de son regard froid, rigide comme un piquet, avec la casquette qui souligne la dureté de son visage. Méchants allemands! Sans oublier bien sûr la photocopie de la lettre d'un des soldats envoyée peu avant le désastre, qui exprime à sa femme la hâte qu'il a de voir son bébé tout juste né. Y'a pas à dire, les australiens savent y faire dans le pathos!
Il y avait aussi une expo sur une histoire de bateau bien plus drôle: le Batavia, navire qui s'est échoué sur les iles au large de la côte il y a bien bien longtemps. Le capitaine et ses seconds partîmes chercher du secours sur le continent, et laissèrent le reste des gens à bord (environ 300 personnes) sur une ile. Là un gars se revendiqua chef, et commença à faire tout un tas de trucs marrants du genre: viols, meurtres arbitraires d'hommes, femmes et enfants, meurtres très vilains si on était pas d'accord avec lui, etc. Il envoya même une partie sur une autre ile avec rien à bouffer, mais manque de pot pour lui, cette autre ile se révéla meilleure que la première et le groupe qui la peuplait organisa une contre-attaque. Ils réussirent à le capturer juste au moment où le capitaine revenait avec du secours (il a du halluciner le pauvre: « j'peux pas vous laisser seuls 5 min sans que vous vous disputiez! ») Au final juste 75 personnes environ survécurent. Le gars fut torturé et pendu.
A Geraldton, nous avons aussi fait un barbeuc, et été sur internet.
Mercredi 11 Mai 2011
Le lendemain, nous avons quitté l'Australie. Oui oui. Nous avons cheminé à travers l'Outback pour nous rendre à la Principauté de Hutt River, au Nord de Geraldton.
Explication: dans les années 70, un fermier, pour échapper aux taxes du gouvernement australien, décida tout simplement de... demander son indépendance. Il la demanda à la reine d'Angleterre (vous savez les australiens sont toujours sous sa coupe...), qui lui accorda, il créea donc la principauté d'Hutt River et devint le Prince Leonard. Et c'est super sérieux son histoire! Ils ont leur drapeau, leur monnaie, leurs timbres, leurs ambassadeurs, leur croix-rouge, leur église, et veulent même faire une université... Nous avons visité un peu (ça ressemble à n'importe quelle station, avec la même poussière et les mêmes mouches collantes), reçu le tampon sur nos passeports, puis nous sommes repartis en direction de Kalbarri.
Kalbari: Des tonnes de mouches, de l'eau qui coute très chère (la bouteille de jus d'orange était moins chère, il nous a juste suffi de transférer le jus d'orange dans un tuperware et de remplir d'eau à une station essence), pas de camping gratuit, une dame au point info qui nous prend de haut, et même pas de nourrissage de pélicans comme annoncé dans tous les guides (les pélicans sont en vacances)
Heureusement, nous étions juste là pour aller au fameux National Parc de Kalbarri le lendemain.
Le soir nous avons donc tourné et retourné dans les rues, à la recherche d'un coin tranquille où on pourrait ne pas se faire choper à dormir. Nous avons fini par atterrir au milieu du bush, au coin d'un chemin en terre, et nous avons réalisé le lendemain matin que nous étions quasiment en plein centre ville.
Jeudi 12 Mai 2011
Kalbarri National Parc. Le meilleur national parc que j'ai fait jusqu'à maintenant. Là les 11 dollars sont correctement rentabilisés. On arrive au parc par une longue route de terre de 20km, toute défoncée par les roues de 4x4. La voiture vibre dans tous les sens, et nous avec. L'attraction principale de Kalbarri NP, c'est la Natural Window, que vous avez surement déjà vu en photo. Beaucoup de gens ne viennent que pour elle, font les 800 mètres à pied pour y accéder, se prennent mutuellement en photo devant et repartent. Nous nous avons opté pour la rando de 8 km dans les gorges, histoire de profiter au maximum du lieu, et ne pas regretter nos 11 dollars. Et c'était absolument magnifique. Un décor de western, les strates de roches rouges surplombant les méandres de la rivière, le soleil écrasant, les arbres tordus et secs dans lesquels souffle un vent tiède. Je me faisais des tas de films devant ce paysage grandiose, je voyais les indiens guettant sur les falaises, le cow-boy bivouaquant sur les rives de la Murchison River. Le vent était celui d'Il était une fois dans l'ouest, les mouches aussi.
3H de marche en suivant la rivière, et la récompense que nous nous étions gardé pour la fin: la Natural Window (nous sommes arrivés puants et exténués, accompagnée d'une nuée de mouches, au milieu de « ceux qui font juste 800 mètres à pied » frais et en tongs. Autant dire qu'ils nous ont laissé la place dare dare)
Nous avons été voir vite fait un autre point de vue, où nous avons croisé un kangourou dans le soir tombant. Et en repartant nous avons assisté à un de ces sublimes couchers de soleil que l'on voit en Australie, et qui donnent au bush des airs de savane africaine.
En rejoignant notre camping gratuit pour la nuit, nous avons eu quelques frayeurs devant le nombre de kangourous traversant, stoppant ou même étant couchés peinards sur la route.
Vendredi 13 Mai 2011
Quand on s'est réveillé le matin, il faisait tout gris et moche. Comme je n'ai cessé de le répéter toute la journée: « heureusement qu'on avait fait le parc national la veille! »
Matin flemmardeux donc, dans ce grand ère de camping gratuit où se croisent supers caravanes toutes équipées et vans peinturlurés, autour des chiottes organiques qui puent à 300 mètres dés que quelqu'un ouvre la porte. Nous avec notre mini voiture on fait tache, et c'est surement grâce à ça qu'on fait pitié aux gens et qu'ils nous invitent à boire le café avec eux. Là c'est un couple genre la cinquante-soixantaine, affublés d'une caravane ultra toute équipée (le gars était tout fier de nous la faire visiter et de nous montrer tout le confort disponible: télé, lecteur dvd, frigo, micro-ondes, lave linge, toilettes, douche... un palace), et de trois chiens genre Fox-terrier noirs à l'air con, qui nous ont invité au coin de leur feu de bois. C'était bien sympathique, on a parlé voyage, boulot et lingettes pour bébé, et on a également eu le droit à des saucisses cocktail pour le lunch et... une glace. Une glace!!
Puis on a repris la route tranquillement, remontant toujours plus vers le Nord, et bifurquant en direction de la péninsule de Shark Bay.
Là, nous avons effectué un premier stop à Hamelin, connu pour ses stromatolites. Ses quoi, me direz-vous? Les stromatolites, relativement peu connus du grand public, sont pourtant les êtres vivants les plus vieux du monde, et certainement ceux grâce à qui nous sommes là aujourd'hui. A voir comme ça, on dirait juste des rochers dans l'eau. Détrompez vous! Ces rochers sont en réalité constitués de bactéries, qui en s'agglomérant entre elles, construisent ces fameux stromatolites. Ces derniers grandissent de 0,3 mm par an, et ceux que nous avons vu sont âgés d'environ 3,5 milliards d'années... Imaginez un peu ce qu'ils ont vu passer au-dessus de leur tête! Je crois que même en sachant tout ça, on ne réalise pas bien ce que l'on a en face de soi. Il n'existe que deux endroits au monde où il y a encore des stromatolites vivants, ici et dans les Caraïbes. Et puis, surtout, les stromatolites délivrent de toutes petites bulles d'oxygène, bien visibles quand on les regarde. L'hypothèse veut que ce soit grâce à eux que peu à peu l'atmosphère de la planète se soit empli d'oxygène, permettant à la vie animale d'apparaitre... Stromatolites for ever!
Nous avons ensuite rejoint un free camping au Sud de Dehnam, la ville principale de la péninsule. Magnifique lieu, au bord de l'océan, nous avons bien sûr voulu nous mettre au plus prés de l'eau au lieu de rester bien sagement sur le parking. En deux temps trois mouvements, nous nous sommes ensablés. La honte! Nous avons essayé de dégager la voiture sans trop nous faire remarquer des autres, mais bon au bout d'un moment ils sont quand même venu nous demander si nous avions un problème. Et bon évidemment, trois vans = trois groupes de français. A forces de manœuvres nous avons finalement réussi à sortir la voiture du sable, et ils nous ont invité à boire un coup de goon, ce formidable vin blanc bon marché en sachet aluminium (qui peut ensuite servir de coussin quand on dort bourré dans la rue) Vu son goût sucré immonde, le goon ne sert à rien d'autre qu'à se péter la gueule et à avoir bien mal au crâne le lendemain, pour pas cher.
Nous avons donc fait connaissance avec nos « sauveurs », dont trois se trouvaient être tourangeaux, un même a fait le même lycée que moi (le monde est décidément trop petit) Apparemment ils sont en Australie principalement pour boire, fumer, faire la fête, et rester entre français. Ils se sont connus aux vendanges prés d'Adelaide, et ont ensuite voyagé à 7 vans au plus, en se suivant et en faisant du camping sauvage où ils étaient surpris de se faire virer par des fermiers en colère. Les parcs nationaux n'ont pas l'air de trop les intéresser, et nous étions étonnés par le fait que pour eux l'argent ça roulait, en s'achetant de l'alcool, des clopes et de la beuh. Mais l'explication est là: ils volent dans les magasins! Mais oui, pourquoi n'y a t'on pas pensé avant?! Une petite blonde très sympa m'a donc expliqué la pratique du « french shopping » (carrément) en s'excusant par le fait que c'est trop facile, les australiens ont trop confiance! Pas de portiques, pas de caméras (ou l'écran est éteint), pas de vigiles qui fouillent ton sac, pas d'anti-vol... Impossible de résister! Et ils ont conclu eux-même: « c'est justifié si les français ont mauvaise réputation » Ben voyons! Nous sommes un peu tombés des nues, en pensant à toutes les restrictions alimentaires que nous, nous faisons... Et par le fait que nous ne sommes même pas « récompensés » de notre honnêteté, les ennuis mécaniques c'est à nous qu'ils arrivent, et voir des dauphins en allant se baigner c'est à eux...
Samedi 14 Mai 2011
Pluie dés l'aube. Nous nous sommes rendus à Dehnam, mais sans le soleil, l'eau turquoise est beaucoup moins charmante, et il n'y a rien à faire. Pour internet il faut payer, pour le musée il faut payer, pour boire un verre à l'abri il faut payer aussi. Nous avons donc trainaillé dans la voiture, fait la vaisselle, même pris une douche dans le bloc sanitaire face au port. Elle était froide, mais en comparaison avec la pluie, elle était plutôt bonne. Et puis le soir Julien a eu une idée délicieuse pour redorer cette journée inutile: nous avons acheté de la poudre pour faire des pancakes que nous avons transformé en crêpes, accompagnés d'un peu de jambon (un luxe!), de cheddar, de champignons en boite, et de Nutella pour le dessert, et nous nous sommes gavés jusqu'à plus faim, sous les regards des touristes débarquant à leur hôtel.
Dimanche 15 Mai 2011
Matinée grise, nous sommes retournés à Dehnam où nous avons déniché une prise électrique en plein air, prés de l'établi où les pêcheurs vident leurs poissons. Tous nos appareils branchés, et moi assise par terre à transférer mes photos sur mon ordi, les gens nous regardaient d'un drôle d'air.
Puis le soleil étant de retour, nous sommes allés visiter le coin. L'attraction principale de Shark Bay c'est Monkey Mia, où chaque matin ils nourrissent une bande de dauphins sur la plage, sous le regard ravi des touristes. Nous avons longtemps, longtemps hésité sur le fait d'y aller ou pas. Il faut savoir que ce truc est un gros attrape-touriste, puisque l'entrée à la zone de Monkey Mia est payante, 8 dollars par personne (plus que pour un National Park qui est de 11 dollars par voiture) et qu'il n'y a pas grand chose à voir à part ces fameux dauphins (et oui bon peut-être deux-trois beaux paysages) Nous étions énervés d'avance de rentrer dans le piège, et en même temps nous n'avons toujours pas vu un dauphin. Mais c'est finalement notre radinerie (ou notre fierté) qui l'a emporté, et nous avons laissé Monkey Mia de côté.
A la place nous avons enfin testé notre attirail de snorkelling! Alors oui il caillait sa race, et oui, l'endroit que nous avions choisi n'avait rien d'extraordinaire, pas de poissons tropicaux ou de coraux multicolores, et pas de putains de dauphins. Mais bon j'ai absolument adoré la vision incroyable que donne le masque, le bruit de sa propre respiration au milieu du silence de l'océan, et de nager sans effort (et vite!) grâce aux palmes. Nous avons vu un Bernard-l'Hermitte, deux poissons argentés, quelques algues et un bon paquet de coquillages, nous avons rigolé à voir nos tronches sous l'eau, et nous avons même nagé main dans la main comme dans les films (y'a surement une scène romantique de snorkelling dans un film!) Bref j'ai hâte d'en refaire, même si j'ai un peu chopé un rhume du coup.
Lundi 16 Mai 2011
Nous avons dormi encore face à l'Océan, dans un lieu où on est sensé voir des requins et des tortues dans l'eau transparente (bon nous y'avait rien. Arnaque!) Le coucher de soleil a quand même été magnifique, et le lendemain nous avons assisté au spectacle d'un orage qui se forme à l'horizon et qui vient droit sur nous (« allez Roxane on y va on va se le prendre en pleine gueule! » « nan encore une photo! »)
En repartant de Shark Bay nous avons visité la Shell Beach, une plage tout en coquillages, c'est hyper mignon.
Puis nous avons filé vers Carnarvon, où nous avions prévu d'essayer de trouver du travail et/ou de faire du wwoofing. La ville avait l'air tout à fait charmante quand nous sommes arrivés, assez tropicale et écrasée de chaleur. Nous avons été bien refroidi au Centre information:
Moi: « il y a quoi à faire ici? »
La dame, d'un air suspicieux: « vous logez où? »
Moi: « euh bah on vient d'arriver »
La dame: « alors sachez qu'il n'y a PAS de camping gratuit ici. Vous devez aller dans un caravan park (très cher) ou un backpacker. Vous aurez une amende si vous campez illégalement »
Accueil sympa! Encore une fois nous voilà dans un endroit où TOUS les backpackers se rendent pour trouver du travail, parce qu'ici il y a des plantations de bananes, de mangues, de tomates, etc, réputées pour embaucher en saison. Le problème (encore une fois) c'est qu'ils ont eu aussi des inondations ici, donc il y a moins de travail, et tout le monde est nerveux. On nous regarde bizarrement dans la rue, et quand on va au supermarché la dame me demande d'ouvrir mon sac (un sac minuscule, elle croyait que j'avais foutu du Nutella dedans ou quoi?) Après ce que j'ai appris des autres français ça ne m'étonne pas, et en même temps ça devient pénible ce trop-plein de backpackers pour si peu de travail. Pourquoi le gouvernement australien ne réduit-il pas le nombre de visas accordés dans ce cas? On est mal-vus alors qu'on veut juste travailler pour continuer notre voyage, et si on campe « illégalement » c'est parce que justement on a pas assez d'argent pour se payer chaque soir un camping à 25 dollars pour planter sa tente. Je me sens dans la même position que les manouches en France, et c'est pas hyper agréable comme position. Et en restant honnête en plus, c'est pour dire à quel point on se fait avoir!
Et en faisant le tour des fermes (pour voir, quand même), cette sensation a été renforcée devant les petits panneaux devant toutes les plantations: « no work », « no jobs », « do not entry » et même: « keep out » littéralement: « dégagez ». On a appris ensuite qu'en allant de ferme en ferme, les backpackers transportent des germes dus aux inondations, et que c'est pour ça qu'ils ne veulent pas que l'on rentre chez eux. Comment on peut le savoir ça! C'est une raison pour nous traiter comme des mendiants?! Bref nous avons eu une très mauvaise impression de Carnarvon, que nous avons quitté aussi vite que nous sommes arrivés.
Étant dans une situation plus qu'inconfortable, nous nous sommes décidés à chercher dard-dard un wwoofing dans le coin, pour peut-être pouvoir avoir des opportunités de travail, et en tout cas se poser un peu. Nous avions envoyé des mails depuis Perth, nous avons donc appelé une station qui nous avait répondu favorablement. Mais les routes pour y accéder sont inondées, et sans 4x4 il est donc impossible d'y aller. J'étais déçue, d'autant plus que cette station était un coup de coeur pour moi. La dame nous a tout de même dit de rappeller le lendemain, et qu'elle nous tiendrait au courant de l'état de la route.
Le soir nous avons donc dormi sur une aire de repos à 50 km de Carnarvon.
Mardi 17 Mai 2011
L'ennui avec l'Australie, et particulièrement cette zone-là, c'est que les distances sont extrêmement grandes entre les lieux, et qu'il n'y a RIEN pendant plus d'une centaine de kilomètres. Rien, ça veut aussi dire pas de réseau téléphone. Nous nous sommes donc arrêtés le lendemain à la seule Roadhouse de l'highway pour demander à téléphoner. Bien sûr, pour Williambury (là où nous voulions aller) c'était fichu, les routes étant impraticables (100 km de routes de terre, forcément...) Les autres wwoofing ne répondaient pas, et nous tournions en rond dans cette Roadhouse, à revenir toutes les 30 minutes demander à réutiliser le téléphone. Finalement, l'une des stations répondit, et nous invita à aller chez eux. Nous nous sommes donc rendus à Winning Station, plutôt facile d'accès celle-ci puisqu'elle se trouve au bord de la route principale, la route goudronnée, mais tout de même à plus de 200 km de Carnarvon, dont elle dépend.
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Dimanche 29 Mai 2011
Nous quittons aujourd'hui la station Winning ou nous sommes depuis un peu moins de deux semaines et dont je vous en raconterais plus une prochaine fois (acceder a internet est de plus en plus compliqué)
Juste pour resumé, un wwoofing un peu bizarre, ou nous avons du aller chez les voisins pour bosser avec les vaches une journée, ou nous resterons hanté par le "tic-tic-tic" des bequilles de Liam le terrible (il a 11 ans au fait), ou nous avons surtout eu la sensation qu'on nous prenait de bien haut et pas tres au serieux... Pour positiver, nous avons quand meme eu droit a un tour d'avion au dessus de l'immense propriete, et de s'essayer a la moto. Et puis il y avait un chat genial (aller en Australie pour ca me direz-vous!)
Aujourd'hui on ne sait pas vraiment vers ou nous allons... Coral Bay ou nous esperons faire du snorkeling... Et puis il faut trouver du travail, absolument...
La suite, plus tard.
Après quelques faux départs (changement des pneus de la voiture, gros coup de fatigue pour moi, oubli de portable pour Julien, visite de la tombe de Bon Scott (chanteur d'ACDC) et d'une expo sur ce groupe (je suis devenue fan)) nous quittons enfin Perth alors que la nuit tombe déjà sur la ville. Le « lieu de camping free », que j'avais savamment repéré dans le bouquin « Camp Free n°6 » (bible du backpacker mais bien trop cher, alors qu'il suffit d'aller dans n'importe quelle librairie et de prendre discrètement en photo avec son téléphone les pages concernées!) restant introuvable (comme quoi ça ne sert à rien d'acheter ce bouquin...), nous nous posons un peu au hasard sur une aire de repos. Nous revoilà dans l'aventure, bon gré mal gré.
Un "bubble tea", boisson asiatique, du the froid avec du lait et surtout... les "bubbles" des especes de petits bonbons qui s'aspirent a la paille! |
Le portail hommage a Bon Scott |
Aparté: à partir de cet instant, essayez d'imaginer, pour chaque moment du road-trip, la nuée de mouches qui nous bourdonnaient furieusement dans les oreilles, le nez, la bouche, les yeux, à chaque fois que nous sortions de la voiture. Bzzzzzzzzzzzzzzzz!
Heureusement nous sommes sauves par ces sublimes fly-net, qui nous vont si bien au teint! |
Nous filons donc vers le Nord, empruntant la toute nouvelle Indian Ocean Drive avec vue imprenable sur le bleu profond de l'océan et les dunes de sable blanc, et faisons un stop obligé aux Pinnacles, ces monticules jaunes posés en plein désert, presque aussi célèbres qu'Uluru. Le lieu est chouette bien sûr, mais sa magie est légèrement gâché par l'entrée à 11 dollars, la piste où l'on se suit tous comme dans un safari, le magasin à souvenirs et les chiottes au milieu de tout ça. Nous profitons quand même pleinement de cet endroit étonnant, dont la formation n'a toujours pas été expliqué.
Le soir venu, comme aucun lieu n'est prévu pour camper gratos à moins de 100 km de là, nous tournons un peu à l'aveuglette dans les rues adjacentes à l'highway jusqu'à nous arrêter dans un cul-de-sac goudronné camouflé de la route par une rangée de buissons.
Lundi 9 Mai 2011
Journée du coté de Jurien Bay, Green Head, Leeman. Des endroits, qui, si l'on en croit les guides touristiques, sont magnifiques avec leurs eaux bleus turquoises et leurs plages paradisiaques.
Des lieux parfaits pour s'essayer au snorkelling, c'est-à-dire la nage avec tuba et palmes pour observer la vie sous-marine. Nous nous sommes donc rendus dans un magasin, où nous avons longuement hésité devant les kits de snorkelling. Encore de l'argent à dépenser... Je restais sceptique à cette idée, et à la fois curieuse de cette activité qui est, parait-il, extraordinaire. Finalement convaincue par les arguments de Julien (« si on a nos propres kits on a pas besoin de payer pour en faire! ») j'ai donc opté pour le kit simple tuba-masque à 20 dollars. Julien, lui, voulait des palmes en plus, mais le vendeur, un grand barbu avec un gamin sur les épaules, ne trouvait pas sa taille. Il a donc pris un autre kit moins cher, a changé le tuba, pour que Julien ait le super tuba-qui-recrache-l'eau-tout-seul (que j'avais aussi) et lui a fait payé au prix du moins cher. Il a de surcroit débusqué des palmes (roses) de derrière les fagots (enfin son comptoir), à ma taille comme par hasard, et me les a donné, gratos. Classe man! Ça fait du bien par moments des p'tits gestes comme ça.
Après, nous avons un peu déchanté quand nous avons vu la tête des plages « paradisiaques ». Je ne sais pas trop si on entend la même chose du paradisiaque, mais une mer marron qui pue le poisson pourri pour moi ça se rapproche plus de l'enfer. Nous sommes restés interloqués devant ce spectacle, jusqu'à ce que l'on ait l'explication plus tard dans la soirée: ce sont les orages au large, qui, en cette période, remue la flotte et toutes les algues mortes avec, qui vont gentillement s'échouer en masse sur les plages « paradisiaques ». Évidemment, il faut que l'on tombe pile poil pendant la toute petite période de l'année où cela arrive...
Une plage "paradisiaque" |
Nos dernieres bieres au coucher du soleil... aaaah... |
Geraldton. La « grosse ville » de la côte. Un supermarché, un macdo, une librairie avec internet (voilà les signes de la civilisation!)
Nous avons visité son super mémorial en l'honneur du HMAS Sydney II, bateau de guerre australien qui s'est fait défoncé la gueule pendant la seconde guerre mondiale par un navire allemand se faisant passer pour un bateau de commerce hollandais (où est-ce qu'ils vont chercher tout ça?) au large de Geraldton. Bilan: l'équipage du HMAS Sydney II entièrement décimé (650 gars quand même), alors que les allemands ces salauds, n'ont eu qu'une petite 50aine de morts. Du coup là niveau mémorial ils ont mis le paquet. Et comme l'a fait remarqué Julien: « et pour les allemands tués ce jour là il y a un mémorial en Allemagne? » surement que non.
Un superbe memorial surplombant la ville, avec 650 mouettes representant les disparus... |
On a aussi visité une expo sur... le HMAS Sydney II, avec photo du chouette capitaine en chemise retroussée sur les bras, qui regarde au loin la mer avec un sourire colgate, tandis que sur le panneau suivant, le capitaine allemand vous fixe de son regard froid, rigide comme un piquet, avec la casquette qui souligne la dureté de son visage. Méchants allemands! Sans oublier bien sûr la photocopie de la lettre d'un des soldats envoyée peu avant le désastre, qui exprime à sa femme la hâte qu'il a de voir son bébé tout juste né. Y'a pas à dire, les australiens savent y faire dans le pathos!
Il y avait aussi une expo sur une histoire de bateau bien plus drôle: le Batavia, navire qui s'est échoué sur les iles au large de la côte il y a bien bien longtemps. Le capitaine et ses seconds partîmes chercher du secours sur le continent, et laissèrent le reste des gens à bord (environ 300 personnes) sur une ile. Là un gars se revendiqua chef, et commença à faire tout un tas de trucs marrants du genre: viols, meurtres arbitraires d'hommes, femmes et enfants, meurtres très vilains si on était pas d'accord avec lui, etc. Il envoya même une partie sur une autre ile avec rien à bouffer, mais manque de pot pour lui, cette autre ile se révéla meilleure que la première et le groupe qui la peuplait organisa une contre-attaque. Ils réussirent à le capturer juste au moment où le capitaine revenait avec du secours (il a du halluciner le pauvre: « j'peux pas vous laisser seuls 5 min sans que vous vous disputiez! ») Au final juste 75 personnes environ survécurent. Le gars fut torturé et pendu.
A Geraldton, nous avons aussi fait un barbeuc, et été sur internet.
Barbeuc face a la mer. |
Le lendemain, nous avons quitté l'Australie. Oui oui. Nous avons cheminé à travers l'Outback pour nous rendre à la Principauté de Hutt River, au Nord de Geraldton.
Explication: dans les années 70, un fermier, pour échapper aux taxes du gouvernement australien, décida tout simplement de... demander son indépendance. Il la demanda à la reine d'Angleterre (vous savez les australiens sont toujours sous sa coupe...), qui lui accorda, il créea donc la principauté d'Hutt River et devint le Prince Leonard. Et c'est super sérieux son histoire! Ils ont leur drapeau, leur monnaie, leurs timbres, leurs ambassadeurs, leur croix-rouge, leur église, et veulent même faire une université... Nous avons visité un peu (ça ressemble à n'importe quelle station, avec la même poussière et les mêmes mouches collantes), reçu le tampon sur nos passeports, puis nous sommes repartis en direction de Kalbarri.
La route de Hutt River |
Julien et Princess Shirley! Wouhooou! |
Heureusement, nous étions juste là pour aller au fameux National Parc de Kalbarri le lendemain.
Le soir nous avons donc tourné et retourné dans les rues, à la recherche d'un coin tranquille où on pourrait ne pas se faire choper à dormir. Nous avons fini par atterrir au milieu du bush, au coin d'un chemin en terre, et nous avons réalisé le lendemain matin que nous étions quasiment en plein centre ville.
Bush camping! |
Kalbarri National Parc. Le meilleur national parc que j'ai fait jusqu'à maintenant. Là les 11 dollars sont correctement rentabilisés. On arrive au parc par une longue route de terre de 20km, toute défoncée par les roues de 4x4. La voiture vibre dans tous les sens, et nous avec. L'attraction principale de Kalbarri NP, c'est la Natural Window, que vous avez surement déjà vu en photo. Beaucoup de gens ne viennent que pour elle, font les 800 mètres à pied pour y accéder, se prennent mutuellement en photo devant et repartent. Nous nous avons opté pour la rando de 8 km dans les gorges, histoire de profiter au maximum du lieu, et ne pas regretter nos 11 dollars. Et c'était absolument magnifique. Un décor de western, les strates de roches rouges surplombant les méandres de la rivière, le soleil écrasant, les arbres tordus et secs dans lesquels souffle un vent tiède. Je me faisais des tas de films devant ce paysage grandiose, je voyais les indiens guettant sur les falaises, le cow-boy bivouaquant sur les rives de la Murchison River. Le vent était celui d'Il était une fois dans l'ouest, les mouches aussi.
3H de marche en suivant la rivière, et la récompense que nous nous étions gardé pour la fin: la Natural Window (nous sommes arrivés puants et exténués, accompagnée d'une nuée de mouches, au milieu de « ceux qui font juste 800 mètres à pied » frais et en tongs. Autant dire qu'ils nous ont laissé la place dare dare)
Nous avons été voir vite fait un autre point de vue, où nous avons croisé un kangourou dans le soir tombant. Et en repartant nous avons assisté à un de ces sublimes couchers de soleil que l'on voit en Australie, et qui donnent au bush des airs de savane africaine.
En rejoignant notre camping gratuit pour la nuit, nous avons eu quelques frayeurs devant le nombre de kangourous traversant, stoppant ou même étant couchés peinards sur la route.
Vendredi 13 Mai 2011
Quand on s'est réveillé le matin, il faisait tout gris et moche. Comme je n'ai cessé de le répéter toute la journée: « heureusement qu'on avait fait le parc national la veille! »
Matin flemmardeux donc, dans ce grand ère de camping gratuit où se croisent supers caravanes toutes équipées et vans peinturlurés, autour des chiottes organiques qui puent à 300 mètres dés que quelqu'un ouvre la porte. Nous avec notre mini voiture on fait tache, et c'est surement grâce à ça qu'on fait pitié aux gens et qu'ils nous invitent à boire le café avec eux. Là c'est un couple genre la cinquante-soixantaine, affublés d'une caravane ultra toute équipée (le gars était tout fier de nous la faire visiter et de nous montrer tout le confort disponible: télé, lecteur dvd, frigo, micro-ondes, lave linge, toilettes, douche... un palace), et de trois chiens genre Fox-terrier noirs à l'air con, qui nous ont invité au coin de leur feu de bois. C'était bien sympathique, on a parlé voyage, boulot et lingettes pour bébé, et on a également eu le droit à des saucisses cocktail pour le lunch et... une glace. Une glace!!
Puis on a repris la route tranquillement, remontant toujours plus vers le Nord, et bifurquant en direction de la péninsule de Shark Bay.
Une roadhouse, parfois seul lieu de civilisation sur plus de 200 km |
Là, nous avons effectué un premier stop à Hamelin, connu pour ses stromatolites. Ses quoi, me direz-vous? Les stromatolites, relativement peu connus du grand public, sont pourtant les êtres vivants les plus vieux du monde, et certainement ceux grâce à qui nous sommes là aujourd'hui. A voir comme ça, on dirait juste des rochers dans l'eau. Détrompez vous! Ces rochers sont en réalité constitués de bactéries, qui en s'agglomérant entre elles, construisent ces fameux stromatolites. Ces derniers grandissent de 0,3 mm par an, et ceux que nous avons vu sont âgés d'environ 3,5 milliards d'années... Imaginez un peu ce qu'ils ont vu passer au-dessus de leur tête! Je crois que même en sachant tout ça, on ne réalise pas bien ce que l'on a en face de soi. Il n'existe que deux endroits au monde où il y a encore des stromatolites vivants, ici et dans les Caraïbes. Et puis, surtout, les stromatolites délivrent de toutes petites bulles d'oxygène, bien visibles quand on les regarde. L'hypothèse veut que ce soit grâce à eux que peu à peu l'atmosphère de la planète se soit empli d'oxygène, permettant à la vie animale d'apparaitre... Stromatolites for ever!
Les stromagol... stromola... soromo... les cailloux qui respirent! |
Julien qui fait un stromatolite |
Moi qui fait un stromatolite mort (oui c'est triste) |
Nous avons ensuite rejoint un free camping au Sud de Dehnam, la ville principale de la péninsule. Magnifique lieu, au bord de l'océan, nous avons bien sûr voulu nous mettre au plus prés de l'eau au lieu de rester bien sagement sur le parking. En deux temps trois mouvements, nous nous sommes ensablés. La honte! Nous avons essayé de dégager la voiture sans trop nous faire remarquer des autres, mais bon au bout d'un moment ils sont quand même venu nous demander si nous avions un problème. Et bon évidemment, trois vans = trois groupes de français. A forces de manœuvres nous avons finalement réussi à sortir la voiture du sable, et ils nous ont invité à boire un coup de goon, ce formidable vin blanc bon marché en sachet aluminium (qui peut ensuite servir de coussin quand on dort bourré dans la rue) Vu son goût sucré immonde, le goon ne sert à rien d'autre qu'à se péter la gueule et à avoir bien mal au crâne le lendemain, pour pas cher.
Nous avons donc fait connaissance avec nos « sauveurs », dont trois se trouvaient être tourangeaux, un même a fait le même lycée que moi (le monde est décidément trop petit) Apparemment ils sont en Australie principalement pour boire, fumer, faire la fête, et rester entre français. Ils se sont connus aux vendanges prés d'Adelaide, et ont ensuite voyagé à 7 vans au plus, en se suivant et en faisant du camping sauvage où ils étaient surpris de se faire virer par des fermiers en colère. Les parcs nationaux n'ont pas l'air de trop les intéresser, et nous étions étonnés par le fait que pour eux l'argent ça roulait, en s'achetant de l'alcool, des clopes et de la beuh. Mais l'explication est là: ils volent dans les magasins! Mais oui, pourquoi n'y a t'on pas pensé avant?! Une petite blonde très sympa m'a donc expliqué la pratique du « french shopping » (carrément) en s'excusant par le fait que c'est trop facile, les australiens ont trop confiance! Pas de portiques, pas de caméras (ou l'écran est éteint), pas de vigiles qui fouillent ton sac, pas d'anti-vol... Impossible de résister! Et ils ont conclu eux-même: « c'est justifié si les français ont mauvaise réputation » Ben voyons! Nous sommes un peu tombés des nues, en pensant à toutes les restrictions alimentaires que nous, nous faisons... Et par le fait que nous ne sommes même pas « récompensés » de notre honnêteté, les ennuis mécaniques c'est à nous qu'ils arrivent, et voir des dauphins en allant se baigner c'est à eux...
Samedi 14 Mai 2011
Pluie dés l'aube. Nous nous sommes rendus à Dehnam, mais sans le soleil, l'eau turquoise est beaucoup moins charmante, et il n'y a rien à faire. Pour internet il faut payer, pour le musée il faut payer, pour boire un verre à l'abri il faut payer aussi. Nous avons donc trainaillé dans la voiture, fait la vaisselle, même pris une douche dans le bloc sanitaire face au port. Elle était froide, mais en comparaison avec la pluie, elle était plutôt bonne. Et puis le soir Julien a eu une idée délicieuse pour redorer cette journée inutile: nous avons acheté de la poudre pour faire des pancakes que nous avons transformé en crêpes, accompagnés d'un peu de jambon (un luxe!), de cheddar, de champignons en boite, et de Nutella pour le dessert, et nous nous sommes gavés jusqu'à plus faim, sous les regards des touristes débarquant à leur hôtel.
Julien cuisine... |
Et moi je bouffe! |
Bien entouree! |
Matinée grise, nous sommes retournés à Dehnam où nous avons déniché une prise électrique en plein air, prés de l'établi où les pêcheurs vident leurs poissons. Tous nos appareils branchés, et moi assise par terre à transférer mes photos sur mon ordi, les gens nous regardaient d'un drôle d'air.
Puis le soleil étant de retour, nous sommes allés visiter le coin. L'attraction principale de Shark Bay c'est Monkey Mia, où chaque matin ils nourrissent une bande de dauphins sur la plage, sous le regard ravi des touristes. Nous avons longtemps, longtemps hésité sur le fait d'y aller ou pas. Il faut savoir que ce truc est un gros attrape-touriste, puisque l'entrée à la zone de Monkey Mia est payante, 8 dollars par personne (plus que pour un National Park qui est de 11 dollars par voiture) et qu'il n'y a pas grand chose à voir à part ces fameux dauphins (et oui bon peut-être deux-trois beaux paysages) Nous étions énervés d'avance de rentrer dans le piège, et en même temps nous n'avons toujours pas vu un dauphin. Mais c'est finalement notre radinerie (ou notre fierté) qui l'a emporté, et nous avons laissé Monkey Mia de côté.
A la place nous avons enfin testé notre attirail de snorkelling! Alors oui il caillait sa race, et oui, l'endroit que nous avions choisi n'avait rien d'extraordinaire, pas de poissons tropicaux ou de coraux multicolores, et pas de putains de dauphins. Mais bon j'ai absolument adoré la vision incroyable que donne le masque, le bruit de sa propre respiration au milieu du silence de l'océan, et de nager sans effort (et vite!) grâce aux palmes. Nous avons vu un Bernard-l'Hermitte, deux poissons argentés, quelques algues et un bon paquet de coquillages, nous avons rigolé à voir nos tronches sous l'eau, et nous avons même nagé main dans la main comme dans les films (y'a surement une scène romantique de snorkelling dans un film!) Bref j'ai hâte d'en refaire, même si j'ai un peu chopé un rhume du coup.
Le "Little Lagoon" et des emus! |
Nous avons dormi encore face à l'Océan, dans un lieu où on est sensé voir des requins et des tortues dans l'eau transparente (bon nous y'avait rien. Arnaque!) Le coucher de soleil a quand même été magnifique, et le lendemain nous avons assisté au spectacle d'un orage qui se forme à l'horizon et qui vient droit sur nous (« allez Roxane on y va on va se le prendre en pleine gueule! » « nan encore une photo! »)
Le coucher de soleil |
L'orage menacant, a droite |
Puis nous avons filé vers Carnarvon, où nous avions prévu d'essayer de trouver du travail et/ou de faire du wwoofing. La ville avait l'air tout à fait charmante quand nous sommes arrivés, assez tropicale et écrasée de chaleur. Nous avons été bien refroidi au Centre information:
Moi: « il y a quoi à faire ici? »
La dame, d'un air suspicieux: « vous logez où? »
Moi: « euh bah on vient d'arriver »
La dame: « alors sachez qu'il n'y a PAS de camping gratuit ici. Vous devez aller dans un caravan park (très cher) ou un backpacker. Vous aurez une amende si vous campez illégalement »
Accueil sympa! Encore une fois nous voilà dans un endroit où TOUS les backpackers se rendent pour trouver du travail, parce qu'ici il y a des plantations de bananes, de mangues, de tomates, etc, réputées pour embaucher en saison. Le problème (encore une fois) c'est qu'ils ont eu aussi des inondations ici, donc il y a moins de travail, et tout le monde est nerveux. On nous regarde bizarrement dans la rue, et quand on va au supermarché la dame me demande d'ouvrir mon sac (un sac minuscule, elle croyait que j'avais foutu du Nutella dedans ou quoi?) Après ce que j'ai appris des autres français ça ne m'étonne pas, et en même temps ça devient pénible ce trop-plein de backpackers pour si peu de travail. Pourquoi le gouvernement australien ne réduit-il pas le nombre de visas accordés dans ce cas? On est mal-vus alors qu'on veut juste travailler pour continuer notre voyage, et si on campe « illégalement » c'est parce que justement on a pas assez d'argent pour se payer chaque soir un camping à 25 dollars pour planter sa tente. Je me sens dans la même position que les manouches en France, et c'est pas hyper agréable comme position. Et en restant honnête en plus, c'est pour dire à quel point on se fait avoir!
Et en faisant le tour des fermes (pour voir, quand même), cette sensation a été renforcée devant les petits panneaux devant toutes les plantations: « no work », « no jobs », « do not entry » et même: « keep out » littéralement: « dégagez ». On a appris ensuite qu'en allant de ferme en ferme, les backpackers transportent des germes dus aux inondations, et que c'est pour ça qu'ils ne veulent pas que l'on rentre chez eux. Comment on peut le savoir ça! C'est une raison pour nous traiter comme des mendiants?! Bref nous avons eu une très mauvaise impression de Carnarvon, que nous avons quitté aussi vite que nous sommes arrivés.
Étant dans une situation plus qu'inconfortable, nous nous sommes décidés à chercher dard-dard un wwoofing dans le coin, pour peut-être pouvoir avoir des opportunités de travail, et en tout cas se poser un peu. Nous avions envoyé des mails depuis Perth, nous avons donc appelé une station qui nous avait répondu favorablement. Mais les routes pour y accéder sont inondées, et sans 4x4 il est donc impossible d'y aller. J'étais déçue, d'autant plus que cette station était un coup de coeur pour moi. La dame nous a tout de même dit de rappeller le lendemain, et qu'elle nous tiendrait au courant de l'état de la route.
Le soir nous avons donc dormi sur une aire de repos à 50 km de Carnarvon.
Mardi 17 Mai 2011
L'ennui avec l'Australie, et particulièrement cette zone-là, c'est que les distances sont extrêmement grandes entre les lieux, et qu'il n'y a RIEN pendant plus d'une centaine de kilomètres. Rien, ça veut aussi dire pas de réseau téléphone. Nous nous sommes donc arrêtés le lendemain à la seule Roadhouse de l'highway pour demander à téléphoner. Bien sûr, pour Williambury (là où nous voulions aller) c'était fichu, les routes étant impraticables (100 km de routes de terre, forcément...) Les autres wwoofing ne répondaient pas, et nous tournions en rond dans cette Roadhouse, à revenir toutes les 30 minutes demander à réutiliser le téléphone. Finalement, l'une des stations répondit, et nous invita à aller chez eux. Nous nous sommes donc rendus à Winning Station, plutôt facile d'accès celle-ci puisqu'elle se trouve au bord de la route principale, la route goudronnée, mais tout de même à plus de 200 km de Carnarvon, dont elle dépend.
Nous avons passe le tropique du capricorne, nous voila dans la zone tropicale... |
Dimanche 29 Mai 2011
Nous quittons aujourd'hui la station Winning ou nous sommes depuis un peu moins de deux semaines et dont je vous en raconterais plus une prochaine fois (acceder a internet est de plus en plus compliqué)
Juste pour resumé, un wwoofing un peu bizarre, ou nous avons du aller chez les voisins pour bosser avec les vaches une journée, ou nous resterons hanté par le "tic-tic-tic" des bequilles de Liam le terrible (il a 11 ans au fait), ou nous avons surtout eu la sensation qu'on nous prenait de bien haut et pas tres au serieux... Pour positiver, nous avons quand meme eu droit a un tour d'avion au dessus de l'immense propriete, et de s'essayer a la moto. Et puis il y avait un chat genial (aller en Australie pour ca me direz-vous!)
Aujourd'hui on ne sait pas vraiment vers ou nous allons... Coral Bay ou nous esperons faire du snorkeling... Et puis il faut trouver du travail, absolument...
La suite, plus tard.
Des galères, des mouches, pas beaucoups de sous, mais des sites, des monuments et des paysages extraordinaires ! ...
RépondreSupprimerfaut pas se laisser envahir par la fatigue, tiends bon, quitte à se reposer quelques jours .
Gros bisous
ouéééé un article long avec des photo genre geo mag !!!!
RépondreSupprimertrés bien tout ca, malgrés tout , j'espere que vous allez trouver de quoi grossir votre pécule ! jte fais un mail quand je rentre de bruxelles !
gros bisous !!!!
courage a toi, manouche de l'extreme. je suis tes aventures avec toujours autant de passion. J'espere que vous allez trouver un boulot dans un coin sympta (et sans mouches)pleins de gros bisous. vieux tressage
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