Entre montagnes et océan
Lundi 6 Décembre. Nous partîmes de bon matin, Antonio, Cristina, Tony et moi, direction la gare de Bittern.
Là, première erreur: nous n'avions pas les bonnes horaires de train...
Avec une demie-heure de retard, nous arrivâmes à Hastings, la "ville" où nous attendait notre super Nissan, grâce à laquelle nous pourrions parcourir le comté du Victoria sous la pluie, le vent, le soleil, la grêle, pour le meilleur et pour le pire...
Après avoir un peu tourné en rond (enfin difficile de tourner en rond ici, les routes sont droites comme des militaires)(oui je me met à inventer des expressions en français, vu que je ne parle plus français, je me lâche par écrit!) bref, donc nous finîmes par trouver le locationneur de voiture (oui j'invente des mots aussi), et par récupérer notre superbe Nissan bleue métallisée, automatique et clim, lecteur CD et porte-gobelets.
Après un détour par la ferme pour récupérer nos affaires, nous prîmes enfin la route...
Rien à signaler jusqu'à Ballarat, où Antonio, qui conduisait, décida brutalement (et sur l'autoroute ça surprend) que nous devions passer PAR Ballarat (j'm'en bat la rate!) alors qu'en fait, bah non.
Du coup nous étions perdus dans une ville où toutes les routes sont pareilles, c'est à dire droites comme un phare dans la brume un matin de grande marée, et toutes les maisons pareilles, c'est à dire moches, et dans la bagnole gros stress, cris et engueulades en espagnanglais, et finalement qui a démêlé le tout et sauver la situation? Bah oui c'est moi. Grâce à mon super sens de l'orientation inné (et aussi du pot) on est retombé sur la bonne route et tout le monde s'est calmé et a compris que la copilote en chef, ici, c'était moi.
Nous avons ensuite cheminé longtemps, sur une route relativement droite (comme euh...) sous un ciel menaçant et au milieu de paysages immenses, de grands champs jaunes ou verts parsemés d'arbres (des eucalyptus, il n'y a que ça ici) et de moutons. Nous avons commencé à voir apparaitre des collines, qu'ici ils appellent "montagnes" (mais bon je parie que même les Vosges sont plus hautes!)
Et les Grampians étaient là.
Lorsque nous sommes arrivés à Halls Gap, THE town of the Grampians, nous venions d'essuyer un magnifique orage, bien violent comme ils le sont ici (l'Australie = des routes droites, et des orages violents. Le tout arrosé de quelques kangourous)
Nous, tout heureux d'être arrivés à destination, nous rendons au point i de la ville dans l'idée de demander un plan pour les randos, et les endroits où camper. Et là, quelle ne fut pas notre déception quand la madame nous a dit, en gros: "camper?!!? mais euh... il y a des orages! Des risques de grêle! Et vous voulez aller marcher dans les montagnes?? Ola malheureux! Vous ne verrez rien là avec les nuages, et puis c'est dangereux, etc..."
Bref la loose totale. Tony, lui, avait déjà en tête de louer un mobilhome, mais bon nous, les trois "jeunes" (et surtout, il faut le dire, les deux filles), déçus mais têtus, avons quand même décidé de louer un emplacement de camping et de planter la tente.
Le camping nous a consolé un peu quand nous avons vu des dizaines et des dizaines de kangourous broutant paisiblement entre les mobilhomes. Nous étions dingues. Un troupeau de kangourous, des grands, des petits, des mâles énormes et des femelles abritant des petits dans leurs célèbres poches, tout ce petit monde nous regardant d'un oeil blasé.
Pour ceux qui ont déjà été à Pralognan la Vanoise, c'est un peu comme ces marmottes qui ne craignent plus de venir au pied du refuge et au pied des touristes se faire admirer et photographier contre un bout de gâteau (des animaux-putes, quoi)
Là les kangourous se laissent même toucher, un peu, pas longtemps, et même si ce ne sont pas de "vrais kangourous sauvages surpris au coin d'un bois", pour le coup c'est super émouvant de pouvoir approcher un kangourou d'aussi prés pour une première rencontre avec la "beyte".
Nous avons donc planté notre tente au milieu des kangourous, et, profitant des quelques rayons de soleil revenus, les espagnols et moi avons acheté quelques bières que nous avons savouré en nous extasiant sur les rocs alentours et les nombreux oiseaux présents autour de nous: particulièrement les maintenant habituels (mais toujours aussi beaux) Kakadu, ou Cacatoés, et les Kukabura, oiseaux au cri très particulier: "Houhouhou Haha Houhouhou!", qui pour ma part m'ont fait pensé à un western (notamment au début de "Un génie, une cloche, deux associés", oui bah on a les références qu'on peut!)
Dans la soirée, je me suis offerte une petite exploration solitaire, entre chien et loup, dans un bout de la forêt alentour, drôle de sensations dans la nuit tombante avec tous ces eucalyptus brûlés (bushfire) et ses immenses fougères, et partout le bruit des grillons d'ici, qui font un bruit à décorner un bœuf, un espèce de grésillement ininterrompu et extrêmement fort, presque insupportable quand on s'approche trop près.
La nuit a été relativement classique pour une nuit en tente, c'est à dire mauvaise, mal partout, réveil toutes les demies-heures, moustiques... Mais bon pas de pluie. Et puis le plaisir d'avoir passé la nuit sous la tente, COMME PRÉVU.
Le lendemain matin par contre, la pluie a décidé de nous casser le moral de bonne heure en s'abattant sur les Grampians dés 8h. Nous nous sommes réfugiés dans le mobilhome de Tony (oui le confort parfois ça fait du bien) Là nous sommes passés de la colère au découragement, du découragement à la résignation, et finalement nous avons décidés que tant pis, on tentait quand même les Grampians, et que si ce n'était pas possible, la Great Ocean Road n'attendait que nous.
Nous avons finalement eu de la veine, puisque la pluie a cessé lorsque nous nous sommes mis en route, et nous avons pu découvrir les Grampians au travers trois excursions, les plus "touristiques", mais bon ça en valait la peine quand même.
La première est une longue marche (2 kilomètres, et pas des moindres, quasiment de l'escalade par endroits) qui conduit au Pinnacle, spectaculaire point de vue sur tout le parc et même plus loin.
Excursion que j'ai faite quasiment en solo, à mon rythme, et j'ai adoré. Le fait d'être seule ici me fait aimer le fait de faire des choses seule. J'étais seule dans la montagne, seule dans la forêt (avec les orages il devait y avoir moins de touristes que d'habitude) avec pour seuls compagnons le bruit de mes pas, le vent dans les arbres et le ruissellement de l'eau sur les rochers.
J'ai retrouvé mes acolytes au sommet, où nous avons fait une série de photos que tout le monde fait bien sûr, mais sur le coup c'est juste grandiose.
La deuxième excursion, le chemin était beaucoup plus court, 10 minutes au milieu d'une forêt d'eucalyptus, pour arriver à un point de vue spectaculaire aussi, les Balconies. L'impression d'avoir le monde à ses pieds.
La troisième débouchait sur la MacKenzie Fall, une cascade, réellement impressionnante par la violence de la chute de l'eau, accentuée par les eaux d'orages, le bruit assourdissant et la masse d'embruns dégagés par la cascade.
Ce que j'ai aimé dans les Grampians, c'est que, bien que touristiques, les lieux gardent leur authenticité. On a quand même l'impression de braver le danger quand on escalade un pic s'avançant dans le vide, quand on trempe les pieds dans la cascade, sur les cailloux glissants, aspergés par les embruns.
La rando pour le Pinnacle, surtout, donne l'impression que l'on mérite la vue à laquelle on accède, car la marche n'est pas simple, traverse des paysages très différents, forêts, étendue de roches grises taillés par le vent et la pluie, défilés, canyons, cascades... Et bien que balisés et sécurisés, les chemins gardent leur aspect sauvage et naturel.
En fin d'après-midi, nous avons repris la route, en direction du Sud...
Peu après notre sortie des Grampians, nous sommes tombés sur un champ rempli de kangourous. Des vrais, cette fois, qui s'enfuient en bondissant dans tous les sens devant nous. Nous avons gambadé dans le champ, exaltés, à la recherche de la meilleure photo, du meilleur point de vue, de la meilleure émotion devant ces drôles de bestioles.
Plus tard, après un gros MacDo englouti en un rien de temps (il faut préciser qu'au niveau bouffe nous avons été très mal organisé tout le long, pour cette journée là nous avions juste des fruits et les restes du petit déj... Léger pour une journée de rando...! Le MacDo en fin d'aprés-midi fut donc un soulagement...) alors que le jour sombrait doucement, un terrible orage, et nous apprendrons plus tard que c'était l'un des plus importants dans la région depuis de nombreuses années, s'est abattu sur nous.
Un truc incroyable. Un temps d'apocalypse. Une ambiance bleue sombre entrecoupée d'éclairs violets, un rideau de pluie d'une grande violence, tout cela dans une atmosphère de films d'horreur accentuée par les silhouettes noires des eucalyptus secoués par le vent. Et ça pendant bien une demie-heure, à rouler à 10km/h, sur le torrent de la route où les seuls repaires étaient les réflecteurs de lumière...
Magnifique. J'avoue que sur le coup je flippais à mort. Surtout que Tony avait eu la bonne idée de me dire que chaque année des gens mourraient électrocutés dans leur voiture par un éclair.
Il s'est rattrapé finalement en sortant de je ne sais où un kubi de vin blanc, et nous avons trinqué, Cristina, lui et moi (Antonio conduisait, encore) sous le déluge.
J'ai quand même souri intérieurement quand nous sommes passé devant un panneau indiquant que les deux prochaines villes étaient "Cavendish" et "Hamilton" (les amateurs de vélo comprendront...)
A Hamilton, bien qu'encore loin de la Great Ocean Road, nous avons décidé qu'il valait mieux s'arrêter là (il était 21h) pour la nuit. Sachant que camper était relativement impensable.
Heureusement, encore une fois, que nous avions un anglophone avec nous, qui a appelé les motels du coin, tous complets, et finit par dégotter un camping, avec un mobilhome disponible pour nous.
Nous avons donc atterri là, sous la pluie incessante, et à vrai dire ce fut un vrai plaisir de se retrouver à l'abri, avec la possibilité de prendre une douche et de se faire un thé, et de s'avachir sur un canapé devant la télé. Le grand luxe.
Ce soir-là j'ai discuté avec les espagnols, de l'amour, du couple, et tutti quanti... Ils ont beau être insupportables parfois, j'avoue que leur couple fait rêver, une grande complicité, une grande unicité, une grande complémentarité, ils ont l'air autant amoureux l'un que l'autre... C'est sûrement pour ça qu'ils m'énervent d'ailleurs...
Le lendemain matin, nous avons fait la connerie de prendre notre temps.
Sachant que le plan était: on doit rendre la voiture avant 18h pour pouvoir prendre le train et rentrer, donc le ferry pour rejoindre la Mornington Peninsula est à 16h, il nous restait pas mal de route avant la côte, donc au final on a eu 3h pour faire la Great Ocean Road.
Et L'Australie est un grand, grand pays. La Great Ocean Road ne se fait PAS en 3h.
Ou si, elle peut, mais sans profiter de rien...
Et c'est un peu ce qu'il s'est passé.
Les autres voulaient ABSOLUMENT voir les 12 apostles, bien sûr, c'est un des lieux les plus touristiques d'Australie, avec Uluru et l'Opéra de Sydney...
Pour ma part, les choses "touristiques" me rebutent. Et surtout l'idée selon laquelle "si on voit ça on a tout vu"
Moi, ma vision du road trip, et même du "tourisme", c'est: "on prend son temps, on s'arrête quand ça nous chante, on s'aventure, on découvre des endroits où personne ne va, on y reste le temps qu'il faut, le temps que l'on veut, on flane, on profite..."
Et là du coup, pas le temps. On a juste été au 12 apôtres. Et évidemment, j'ai detesté.
Enfin non, bien sûr, c'est beau, ces immenses falaises ocres, ces monticules gigantesques dans l'océan turquoise. Mais il faut voir tout ce qu'il y a autour. Parking, magasin souvenirs et toilettes, chemin cimenté et barrières. Le long de ce chemin, des tonnes de touristes (et encore il ne faisait pas beau) se massent, se prennent tous en photo devant le même paysage. Au sommet du chemin la barrière est plus imposante encore, sans doute pour éviter les bousculades et les chutes. Comme les barreaux d'une prison. Comme un zoo.
Je savais que je serais déçue, je n'ai pas été déçue...!
Je n'avais même pas envie de prendre de photos. La beauté du paysage pour moi est gâchée par cette exploitation touristique à outrance. Sans doute que c'est normal, mais au long de ce road trip j'ai été plus touchée par la vision d'un arbre solitaire dans un champ sous un ciel d'orage que par les 12 apôtres... C'est pour dire.
Les autres ont adoré bien sûr, et je suis un peu passé pour quelqu'un de bizarre. "Nous sommes des touristes nous aussi! Et si tout le monde y va c'est parce que c'est le plus bel endroit de la côte!" m'ont-ils dit. Oui... mais moi ce n'est pas comme ça que je veux visiter ce pays (et tous les pays d'ailleurs). Je préfère aller dans des endroits moins "famous", moins impressionnants peut-être, mais plus authentiques, plus sauvages, plus magiques... Des endroits que tu as l'impression de découvrir, des endroits où les tours operators ne s'arrêtent pas, des endroits face auxquels tu peux rester des heures à caresser du regard le paysage, avec juste le bruit du vent et des oiseaux, et non les exclamations et les flashs de japonais en tongs...
Mais là nous manquions de temps, donc nous avons parcouru le reste de la Great Ocean Road au pas de course... Et ma frustration a été grandissante au fil des kilomètres, devant des paysages incroyables que nous ne pouvions que tenter d'admirer au travers les vitres de la voiture... Je me suis juré de revenir ici, prendre le temps de découvrir chaque partie de cette route, de ces immenses prairies vallonnées, ces forêts d'eucalyptus, à cette côte escarpée, ces plages et ces criques, face à cet océan bleu et vert.
J'ai quand même eu le plaisir de conduire sur une partie de cette route, avec une voiture automatique je dois le dire c'est très facile, pas de vitesses à passer, juste à accélérer et freiner dans les virages, et tourner le volant, une vraie croisière...!
J'ai conduit dans une grande forêt d'eucalyptus, une belle route toute en virages (pour changer tiens!) et en vallons, superbes sensations. Avec en fond sonore mon groupe blues/japonese of Melbourne, vu que j'étais la seule à posséder un CD...!
Nous avons eu le droit à un dernier moment magnifique, quand, alors que je conduisais au milieu d'immenses eucalyptus, Antonio s'est mis à crier: "Wombat!! or koala!! On the road!!" Grande excitation dans la voiture, tout le monde hurle, moi je pile comme une tarée (j'ai fait attention quand même, promis), je me gare en catastrophe un peu n'importe comment sur le bas-coté, on court, on court, appareil photo en bandoulière, et là on voit un gros pépère koala, en train de marcher pataudement sur le bord de la route, grimper tranquilement vers la forêt, il nous voit, nous entend arriver, mais il ne s'affole pas, il se met juste hors de notre portée sur le tronc d'un eucalyptus et nous regarde avec son air de gros nounours, on dirait presque qu'il pose sous nos objectifs, il aurait fait coucou de sa patte que ça m'aurait à peine étonner. Derrière nous plusieurs voitures freinent, s'arrêtent, plusieurs personnes viennent eux aussi photographier et admirer l'animal qui ne semble même pas effrayé, juste un peu étonné de l'intérêt qu'il suscite. On se regarde tous en souriant, on blague un peu, on partage ce moment avec des inconnus, on est juste heureux d'en avoir surpris un, enfin, et d'une façon plutôt rocambolesque!
Finalement, nous sommes arrivés, sous la pluie qui était de retour, à Queencliff, là où nous devions prendre le ferry pour rejoindre la péninsule. Nous sommes arrivés... 4 minutes en retard pour le ferry de 16h. Comme dans les films, nous l'avons vu s'éloigner à 200 mètres de nous. Épuisés, affamés (nous n'avions même pas pris le temps de manger...), et assez frustrés aussi, nous avons là pu nous poser pour grignoter un truc avant d'attendre le prochain ferry.
Et nous sommes finalement rentrés à la ferme, un peu déconnectés, et très fatigués.
Le lendemain nous ne sommes pas allés à Wilsons Promontory finalement. Sue nous a expliqué qu'elle voulait nous laisser faire un tour en voiture sur le "Prom" pendant qu'elle gardait la mobile farm, mais que pour conduire la voiture il fallait avoir plus de 25 ans, et que le seul habilité du coup était Tony, qui lui devait aller rendre notre Nissan au petit matin... Acte manqué...
Et au final, ce n'est peut-être pas plus mal, car à mon avis nous aurions encore parcouru au pas de course ce lieu qui à mon avis mérite que l'on s'y attarde, et je crois que nous avions tous eu notre dose pour le moment...
La conclusion de ces trois jours, c'est que trois jours ce n'est pas assez... Que le rêve absolu est d'avoir une voiture, et parcourir les kilomètres sans contrainte de temps, juste aller là où l'envie nous mène...
Mais le problème c'est l'argent, toujours... Pendant ces trois jours j'ai redécouvert le stress de voir l'argent filer, filer comme du sable entre les doigts. Affreuse sensation. Toujours payer, dépenser, retirer, et encore payer... Je crois que je dois sérieusement songer à trouver un peu de travail...
Niveau cohabitation je me suis surpris à être relativement sociable au final. Peut-être même la moins nerveuse du groupe. La barrière de la langue aide beaucoup aussi je trouve, trop compliqué de se plaindre en anglais...!
J'ai aimé être seule aussi, marcher seule, m'isoler un peu par moments juste pour avoir mes moments à moi. Et même si dans ces moments là, de nombreuses choses tournent dans ma tête. Étrange que, alors que je me trouve dans un superbe paysage à l'autre bout du monde, les fantômes du passé me hantent. Mais sans tristesse. Juste des pensées qui tournent et retournent, des souvenirs, des évocations. Juste des fantômes.
Maintenant je dois penser à l'après, qui je dois le dire, est on ne peut plus flou... Je quitte la ferme lundi, en même temps que les autres.
La Tasmanie, je met une croix dessus pour le moment (Sabrina rentre finalement à Melbourne, faute de trouver du travail... Au final ça me facilite la tache!)
J'ai une espèce d'obsession, peut-être un peu idiote (je verrais ça la semaine prochaine), c'est de passer le Nouvel An à Melbourne. Concerts, feu d'artifice, du monde dans les rues...
Entre-temps... Pourquoi pas un autre wwoofing... Sur la Great Ocean Road, par exemple...!
Ou alors je plaque carrément le Victoria, et je pousse plus loin, ailleurs...
Qui vivra verra!
Là, première erreur: nous n'avions pas les bonnes horaires de train...
Avec une demie-heure de retard, nous arrivâmes à Hastings, la "ville" où nous attendait notre super Nissan, grâce à laquelle nous pourrions parcourir le comté du Victoria sous la pluie, le vent, le soleil, la grêle, pour le meilleur et pour le pire...
Après avoir un peu tourné en rond (enfin difficile de tourner en rond ici, les routes sont droites comme des militaires)(oui je me met à inventer des expressions en français, vu que je ne parle plus français, je me lâche par écrit!) bref, donc nous finîmes par trouver le locationneur de voiture (oui j'invente des mots aussi), et par récupérer notre superbe Nissan bleue métallisée, automatique et clim, lecteur CD et porte-gobelets.
Antonio, Cristina et moi-même. Et la Nissan. |
Rien à signaler jusqu'à Ballarat, où Antonio, qui conduisait, décida brutalement (et sur l'autoroute ça surprend) que nous devions passer PAR Ballarat (j'm'en bat la rate!) alors qu'en fait, bah non.
Du coup nous étions perdus dans une ville où toutes les routes sont pareilles, c'est à dire droites comme un phare dans la brume un matin de grande marée, et toutes les maisons pareilles, c'est à dire moches, et dans la bagnole gros stress, cris et engueulades en espagnanglais, et finalement qui a démêlé le tout et sauver la situation? Bah oui c'est moi. Grâce à mon super sens de l'orientation inné (et aussi du pot) on est retombé sur la bonne route et tout le monde s'est calmé et a compris que la copilote en chef, ici, c'était moi.
Nous avons ensuite cheminé longtemps, sur une route relativement droite (comme euh...) sous un ciel menaçant et au milieu de paysages immenses, de grands champs jaunes ou verts parsemés d'arbres (des eucalyptus, il n'y a que ça ici) et de moutons. Nous avons commencé à voir apparaitre des collines, qu'ici ils appellent "montagnes" (mais bon je parie que même les Vosges sont plus hautes!)
Et les Grampians étaient là.
On the road |
Nous, tout heureux d'être arrivés à destination, nous rendons au point i de la ville dans l'idée de demander un plan pour les randos, et les endroits où camper. Et là, quelle ne fut pas notre déception quand la madame nous a dit, en gros: "camper?!!? mais euh... il y a des orages! Des risques de grêle! Et vous voulez aller marcher dans les montagnes?? Ola malheureux! Vous ne verrez rien là avec les nuages, et puis c'est dangereux, etc..."
Bref la loose totale. Tony, lui, avait déjà en tête de louer un mobilhome, mais bon nous, les trois "jeunes" (et surtout, il faut le dire, les deux filles), déçus mais têtus, avons quand même décidé de louer un emplacement de camping et de planter la tente.
Tente tout confort, moustiquaires et waterproof |
Pour ceux qui ont déjà été à Pralognan la Vanoise, c'est un peu comme ces marmottes qui ne craignent plus de venir au pied du refuge et au pied des touristes se faire admirer et photographier contre un bout de gâteau (des animaux-putes, quoi)
Maitre Kangourou nous fait son show (oui oui il tient sur sa queue... C'est pas tout le monde qui peut faire ça hein! hum...) |
Papa kangourou |
Maman et bébé kangourous |
Conteeeente! (le kangourou, lui, s'en fout royalement) |
Vu du camping: Grampians dans les nuages, quelques kangourous et un bon paquet de Kakadu. |
Balade nocturne |
Le lendemain matin par contre, la pluie a décidé de nous casser le moral de bonne heure en s'abattant sur les Grampians dés 8h. Nous nous sommes réfugiés dans le mobilhome de Tony (oui le confort parfois ça fait du bien) Là nous sommes passés de la colère au découragement, du découragement à la résignation, et finalement nous avons décidés que tant pis, on tentait quand même les Grampians, et que si ce n'était pas possible, la Great Ocean Road n'attendait que nous.
La team au complet! |
La première est une longue marche (2 kilomètres, et pas des moindres, quasiment de l'escalade par endroits) qui conduit au Pinnacle, spectaculaire point de vue sur tout le parc et même plus loin.
Cristina et moi dans le canyon |
Mon passage préféré, très étroit, entre des blocs énormes et ruisselants |
J'ai retrouvé mes acolytes au sommet, où nous avons fait une série de photos que tout le monde fait bien sûr, mais sur le coup c'est juste grandiose.
ça se passe de commentaires je pense! |
Je suis le maitre du moooooonde!!!! |
De haut en bas: Cristina, Antonio, et moi... |
Sur le chemin des Balconies |
En mode drama queen on the fall |
La rando pour le Pinnacle, surtout, donne l'impression que l'on mérite la vue à laquelle on accède, car la marche n'est pas simple, traverse des paysages très différents, forêts, étendue de roches grises taillés par le vent et la pluie, défilés, canyons, cascades... Et bien que balisés et sécurisés, les chemins gardent leur aspect sauvage et naturel.
J'admire les mecs qui ont construits et mis en place les rampes... |
Peu après notre sortie des Grampians, nous sommes tombés sur un champ rempli de kangourous. Des vrais, cette fois, qui s'enfuient en bondissant dans tous les sens devant nous. Nous avons gambadé dans le champ, exaltés, à la recherche de la meilleure photo, du meilleur point de vue, de la meilleure émotion devant ces drôles de bestioles.
Australia! |
Un truc incroyable. Un temps d'apocalypse. Une ambiance bleue sombre entrecoupée d'éclairs violets, un rideau de pluie d'une grande violence, tout cela dans une atmosphère de films d'horreur accentuée par les silhouettes noires des eucalyptus secoués par le vent. Et ça pendant bien une demie-heure, à rouler à 10km/h, sur le torrent de la route où les seuls repaires étaient les réflecteurs de lumière...
Magnifique. J'avoue que sur le coup je flippais à mort. Surtout que Tony avait eu la bonne idée de me dire que chaque année des gens mourraient électrocutés dans leur voiture par un éclair.
Il s'est rattrapé finalement en sortant de je ne sais où un kubi de vin blanc, et nous avons trinqué, Cristina, lui et moi (Antonio conduisait, encore) sous le déluge.
J'ai quand même souri intérieurement quand nous sommes passé devant un panneau indiquant que les deux prochaines villes étaient "Cavendish" et "Hamilton" (les amateurs de vélo comprendront...)
Fin du monde... |
Heureusement, encore une fois, que nous avions un anglophone avec nous, qui a appelé les motels du coin, tous complets, et finit par dégotter un camping, avec un mobilhome disponible pour nous.
Nous avons donc atterri là, sous la pluie incessante, et à vrai dire ce fut un vrai plaisir de se retrouver à l'abri, avec la possibilité de prendre une douche et de se faire un thé, et de s'avachir sur un canapé devant la télé. Le grand luxe.
Ce soir-là j'ai discuté avec les espagnols, de l'amour, du couple, et tutti quanti... Ils ont beau être insupportables parfois, j'avoue que leur couple fait rêver, une grande complicité, une grande unicité, une grande complémentarité, ils ont l'air autant amoureux l'un que l'autre... C'est sûrement pour ça qu'ils m'énervent d'ailleurs...
Le lendemain matin, nous avons fait la connerie de prendre notre temps.
Sachant que le plan était: on doit rendre la voiture avant 18h pour pouvoir prendre le train et rentrer, donc le ferry pour rejoindre la Mornington Peninsula est à 16h, il nous restait pas mal de route avant la côte, donc au final on a eu 3h pour faire la Great Ocean Road.
Et L'Australie est un grand, grand pays. La Great Ocean Road ne se fait PAS en 3h.
Ou si, elle peut, mais sans profiter de rien...
Et c'est un peu ce qu'il s'est passé.
Première vision de l'Océan... |
Pour ma part, les choses "touristiques" me rebutent. Et surtout l'idée selon laquelle "si on voit ça on a tout vu"
Moi, ma vision du road trip, et même du "tourisme", c'est: "on prend son temps, on s'arrête quand ça nous chante, on s'aventure, on découvre des endroits où personne ne va, on y reste le temps qu'il faut, le temps que l'on veut, on flane, on profite..."
Les fameux 12 apôtres (qui ne sont même pas 12) |
Enfin non, bien sûr, c'est beau, ces immenses falaises ocres, ces monticules gigantesques dans l'océan turquoise. Mais il faut voir tout ce qu'il y a autour. Parking, magasin souvenirs et toilettes, chemin cimenté et barrières. Le long de ce chemin, des tonnes de touristes (et encore il ne faisait pas beau) se massent, se prennent tous en photo devant le même paysage. Au sommet du chemin la barrière est plus imposante encore, sans doute pour éviter les bousculades et les chutes. Comme les barreaux d'une prison. Comme un zoo.
Je savais que je serais déçue, je n'ai pas été déçue...!
Je n'avais même pas envie de prendre de photos. La beauté du paysage pour moi est gâchée par cette exploitation touristique à outrance. Sans doute que c'est normal, mais au long de ce road trip j'ai été plus touchée par la vision d'un arbre solitaire dans un champ sous un ciel d'orage que par les 12 apôtres... C'est pour dire.
Le point de vue sur le site... |
Les autres ont adoré bien sûr, et je suis un peu passé pour quelqu'un de bizarre. "Nous sommes des touristes nous aussi! Et si tout le monde y va c'est parce que c'est le plus bel endroit de la côte!" m'ont-ils dit. Oui... mais moi ce n'est pas comme ça que je veux visiter ce pays (et tous les pays d'ailleurs). Je préfère aller dans des endroits moins "famous", moins impressionnants peut-être, mais plus authentiques, plus sauvages, plus magiques... Des endroits que tu as l'impression de découvrir, des endroits où les tours operators ne s'arrêtent pas, des endroits face auxquels tu peux rester des heures à caresser du regard le paysage, avec juste le bruit du vent et des oiseaux, et non les exclamations et les flashs de japonais en tongs...
Bon j'ai quand même la photo souvenir... mais c'est pas moi qui l'ai demandé! (notez mon ptit sourire doucement ironique...) |
Voilà la vision que j'ai eu de la Great Ocean Road... |
J'ai conduit dans une grande forêt d'eucalyptus, une belle route toute en virages (pour changer tiens!) et en vallons, superbes sensations. Avec en fond sonore mon groupe blues/japonese of Melbourne, vu que j'étais la seule à posséder un CD...!
On the road again |
Donne tout ce que t'as! Oui! Joue avec l'objectif! |
Et nous sommes finalement rentrés à la ferme, un peu déconnectés, et très fatigués.
Le lendemain nous ne sommes pas allés à Wilsons Promontory finalement. Sue nous a expliqué qu'elle voulait nous laisser faire un tour en voiture sur le "Prom" pendant qu'elle gardait la mobile farm, mais que pour conduire la voiture il fallait avoir plus de 25 ans, et que le seul habilité du coup était Tony, qui lui devait aller rendre notre Nissan au petit matin... Acte manqué...
Et au final, ce n'est peut-être pas plus mal, car à mon avis nous aurions encore parcouru au pas de course ce lieu qui à mon avis mérite que l'on s'y attarde, et je crois que nous avions tous eu notre dose pour le moment...
La conclusion de ces trois jours, c'est que trois jours ce n'est pas assez... Que le rêve absolu est d'avoir une voiture, et parcourir les kilomètres sans contrainte de temps, juste aller là où l'envie nous mène...
Mais le problème c'est l'argent, toujours... Pendant ces trois jours j'ai redécouvert le stress de voir l'argent filer, filer comme du sable entre les doigts. Affreuse sensation. Toujours payer, dépenser, retirer, et encore payer... Je crois que je dois sérieusement songer à trouver un peu de travail...
Niveau cohabitation je me suis surpris à être relativement sociable au final. Peut-être même la moins nerveuse du groupe. La barrière de la langue aide beaucoup aussi je trouve, trop compliqué de se plaindre en anglais...!
J'ai aimé être seule aussi, marcher seule, m'isoler un peu par moments juste pour avoir mes moments à moi. Et même si dans ces moments là, de nombreuses choses tournent dans ma tête. Étrange que, alors que je me trouve dans un superbe paysage à l'autre bout du monde, les fantômes du passé me hantent. Mais sans tristesse. Juste des pensées qui tournent et retournent, des souvenirs, des évocations. Juste des fantômes.
Maintenant je dois penser à l'après, qui je dois le dire, est on ne peut plus flou... Je quitte la ferme lundi, en même temps que les autres.
La Tasmanie, je met une croix dessus pour le moment (Sabrina rentre finalement à Melbourne, faute de trouver du travail... Au final ça me facilite la tache!)
J'ai une espèce d'obsession, peut-être un peu idiote (je verrais ça la semaine prochaine), c'est de passer le Nouvel An à Melbourne. Concerts, feu d'artifice, du monde dans les rues...
Entre-temps... Pourquoi pas un autre wwoofing... Sur la Great Ocean Road, par exemple...!
Ou alors je plaque carrément le Victoria, et je pousse plus loin, ailleurs...
Qui vivra verra!
Sale temps sur la planète,
RépondreSupprimergros orages à Melbourne, Paris paralysé par le verglas et la neige, beignades sur la côte d'Azur ...!
grosses bises de Touraine la glace.
putain mon "gros" ça c'est de l'article qui tue !
RépondreSupprimerj'etais a fond dans tes aventures du début a la fin , j'ai souri devant mon écran quand vous avez vue un koala , j'etais emu pour toi ! c'est quand meme cool tout ce que tu as fait et puis au moins tu sais que les trucs touristiques n'ont pas forcement un mega interé ("t'achète une carte postal une du levé une du coucher y'a pas besoin de resté là jusqu'a noel" ...ahem coluche) ca m'as trop fait penser à la chapelle sixtine ! meme ambiance !
en tout cas ca fait bien rever quoi ! les kangourous c'est trop des pigeons enfaite !
par contre tu feras gaffe t'as fait une faute comme si t'etais pas française (ligne 3 "les bonnes horaires de trains " !hihi)
enfin bon je kiffe ta life ma grande beurette !
et toutes les références que tu glisse subrepticement dans tes articles ("decorner des boeufs!")
poutous !!
Merci merci! :)
RépondreSupprimerT'as raison pour la faute... oO
Nan mais c'est horrible je suis en train de perdre mon français!!!
Déjà dimanche dernier, à la mobile farm, j'ai parlé deux minutes avec un français, et j'avais trop de mal!! ça m'a fait bizarre de parler français!! C'est horribleeeeeee!!!! Naaaaan!!! ^^
Bisous! Et merci de réagir à mes articles, ça me fait toujours autant plaisir! N'hésitez pas à me poser des questions!
euuuumm ? des questions ? ...
RépondreSupprimerCe dernier article est très émouvant, celà fait 1 mois (déjà)que tu es partie, tu commence à vivre des grandes choses, et tu reviens aux choses essentielles de la vie, la nature, les relations humaines, les choses simples quoi !
J'ai l'impression que l'Anglais ne te pose plus de problèmes !
Avant que tu partes de cette ferme, de quelle couleur sont les murs de ta chambre ? et la couleur de la couette si tu en as une ? ( là je m'égare ? on rentre dans les détails ... ^^^!)
à part les fêtes d'écoles,
tu nous as pas non plus parlé de la vie de tout les jours à la méthode Australienne ? comment se passent les repas ?
As-tu envie que je t'écrive plus de choses par mail ?
Gros bisoux
Joëlle
Je constates aussi, que tu as une très bonne mine au volan de ta super voiture !
RépondreSupprimerJo ...
encore une question ?
RépondreSupprimercomment y fait le kangourou pour tenir sur leur queue ?
Si j'ai bien compris, l'australie c'est la pluie, des kangourous, des routes droites enfin le plus souvent et .... un koala. Mais c'est surtout magnifique et tes descriptions sont géniales. Je te souhaite bonne route pour la suite de tes aventures. Gros bisous
RépondreSupprimerVieux tressage
comment ils se reproduisent les pelicans ?
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