Ou comment pourrir l'Australie de mes beaux dessins naifs et optimistes...
Mercredi 1er décembre, 5PM
Je vous écris en ce premier jour de l'été (enfin rassurez vous il fait un temps de merde, gris et lourd, agrémenté de vent et de pluies passagères, mais violentes)
Je suis actuellement devant la maison, en compagnie de mon homonyme (= Roxy le chien) qui essaye de bouffer des mouches, et de Maggy le corbeau qui réclame désespérément qu'on lui serve des vers (de terre bien sûr, par de pinard) Les coqs chantent comme des cons, des oiseaux gazouillent (y'en a même des comme à la maison les soirs d'été quand j'étais petite, des moineaux en fait je crois) et ça sent la glycine et le chien mouillé.
J'ai fui l'intérieur de la maison, parce que par moments je deviens très asociale, en particulier envers la présence bruyante des espagnols, qui, rappelons-le, sont très sympas, mais qui m'exaspère parfois par leur débordement d'amour mutuel ("calinio! calinio!" c'est le mot que j'entends le plus dans la journée je crois... ça doit vouloir dire chéri ou mon coeur ou une connerie comme ça), leur attitude, langue et habitudes toujours remuantes et sonores...
Par moments je redeviens la gamine dont la nounou tournait la poussette pour pas qu'elle ne voit les gens...
Après un week-end très productif, le jour de repos l'a été tout autant pour moi...
Lundi donc, les autres wwoofers ont voulu aller à Melbourne (les espagnols pour distribuer des CV, l'irlandais juste pour se balader). Pour ma part je trouvais ça idiot de dépenser ne serait-ce que seulement 12$ pour passer quelques heures (le trajet en train dure 2h...) à Melbourne, sachant que j'y retourne après...
Je suis donc restée toute seule à la ferme, en compagnie de Ian, Sue, les animaux, des classes de gamins en uniforme et les animatrices (des vraies Aussies, avec chapeaux de cow-boys et rires tonitruants, et bien sûr super sympas)
Et là je me suis dit, autant profiter de ce temps libre pour faire des choses que j'aime, mais que je ne fais pas vraiment en France, par manque de temps, de motivation, etc...
Ce voyage il est fait pour ça, ici je ne suis pas dans des somptueux décors qui me permettent de m'extasier à chaque détour de chemin (même si les eucalyptus et les oiseaux donnent déjà à l'ensemble un coté agréablement dépaysant) mais je suis là pour faire des choses qui sortent de l'ordinaire, et aussi des choses pour moi, je suis toute seule ici c'est bien pour n'écouter que moi...
J'ai donc demandé à Sue et Ian s'ils avaient de la peinture et quelque chose à peindre. Sue m'a montré un mur du hangar, la remise avec tous les pots d'acryliques, les pinceaux, et des vieux vêtements "salissables".
Et voilà:
J'y ai passé toute l'après-midi, et le lendemain après le boulot aussi, du coup aujourd'hui je suis fatiguée et j'ai mal partout (ma cheville en particulier me tire un peu en ce moment, je pense que c'est le temps, et le fait d'être souvent debout et de piétiner)
Mais qu'est ce que ça fait du bien de créer, d'être entièrement concentrée sur le fil de ses idées et de son inspiration, et sur sa main qui rend réel ce que l'on imagine... Qu'est ce que j'aime voir briller la peinture sous mon pinceau (même si à la base je ne suis pas très à l'aise avec la peinture) voir les couleurs s'étaler et former des figures familières, observer tout cela d'un peu plus loin et en ressentir une certaine satisfaction...
Et surtout qu'est-ce que j'aime ce sentiment de relever un défi, juste pour moi-même. Et bien sûr agrémenté des compliments des gens, ça me touche toujours profondément que l'on trouve que je dessine / écrit / photographie bien...
Évidemment je ne suis pas Michel-Ange, et mon dessin reste simplet et naif... Mais c'est une ferme pour enfants, donc... je pense que j'ai été dans le thème.
Jeudi 2 décembre, 11AM
Hier j'ai du quitter précipitamment mon ordinateur pour aller à la fête de Noël d'une école. Tradition que l'on dirait sortie d'une série TV américaine, où encore une fois le ridicule ne tue pas: les parents adorent déguiser leur progéniture en renne, en lutin du Père Noël, les filles arborent des boucles d'oreilles ou des T-shirts à paillettes "Merry Christmas", bref un joli défilé de bon gout mélangeant tradition chrétienne et culture MTV...
Hier, comme c'était dans une école religieuse, le spectacle des enfants était composé de chants ("blablabla Jesus blablabla") et d'une genre de reconstitution de la Bible (enfin de la naissance de Jesus) et les profs avaient eu la bonne idée de faire venir des animaux pour rendre ça plus "réaliste" (et plus drôle aussi, surtout quand le mouton décide de bouffer une guirlande de Noël en pleine entrée en scène, on a bien ri dis donc!)
Nous nous avons donc fourni les moutons, un mec avait amené un âne (pour l'arrivée de Marie et Joseph) et il y avait aussi des CHAMEAUX (pour les rois mages!)
Et nous, petits veinards, on a eu le privilège de pouvoir faire une petite balade à dos de chameau (un de mes rêves vient de se réaliser) et même si on était sur un parking sous la pluie, c'était quand même magique!
Voilà, ces derniers jours le travail a été principalement à la ferme, et il n'y a pas à dire, je préfère largement la mobile farm (et pas seulement pour les chorales de blonds!)
Nourrir les animaux encore c'est sympa, on peut les caliner un peu en passant, pour ma part je me suis donné comme but de dresser l'alpaca, qui n'a pu être approché qu'une seule fois par Sue... Tout en douceur et en mots doux ("alpaca! i am your friend" oui même aux animaux je leur parle anglais, si c'est pas malheureux...), j'ai réussi à l'approcher à moins d'un mètre, il me regardait du coin de l'oeil d'un air surpris et méfiant, avant de s'éloigner nonchalamment quand je tentais une nouvelle approche. A mon avis pour le caresser il faudrait que je reste ici un mois de plus! Mais je m'en fous pour un moment je me suis prise pour une puissante dresseuse de bêtes sauvages (et dangereuses, un alpaca, ça crache!)
Niveau boulot on a aussi fait les boulots les plus chiants qui soient je pense: du désherbage et du débroussaillage. Débroussaillage de ronces dans un sous-bois marécageux et infesté de mouches collantes. Un bonheur! Heureusement il y avait des Tim-Tam pour la pause (un jour je vous parlerais des Tim-Tam, mais il faudrait leur consacrer un article entier tellement ces biscuits sont un délice. Je ne comprend pas pourquoi ils n'existent pas en France!)
Et ensuite on a essayé de sortir le tracteur embourbé dans la boue, mais autant dire que moi avec mes p'tits bras en Flamby je n'avais pas l'impression d'être d'une grande aide. Enfin c'était drôle quand même (mais le tracteur y est toujours)
Je viens juste d'apprendre que mercredi prochain, la mobile farm se rend prés d'un parc national situé sur une ile, Wilsons promontory, où s'ébattent en liberté kangourous, wombats, oiseaux... Moi qui pensais quitter la ferme lundi... Voilà la difficulté d'être seule, personne a qui demander l'avis, personne avec qui partager les responsabilités de ses décisions, personne pour nous aider à faire des choix...
Je commencais juste à me décider pour passer quelques jours chez la dame de Melbourne, puis décoller le plus vite possible pour la Tasmanie rejoindre Sabrina et chercher du boulot...!
Là du coup je pense que ce n'est pas mal si je reste jusqu'à mercredi... Peut-être zapper la dame de Melbourne du coup? Ou tout repousser? Mais ça me fait me rendre en Tasmanie seulement la semaine d'après...
Ralala... Toute cette liberté de mouvements, tous ces choix, qu'est ce que c'est perturbant! ;-)
Je vous écris en ce premier jour de l'été (enfin rassurez vous il fait un temps de merde, gris et lourd, agrémenté de vent et de pluies passagères, mais violentes)
Je suis actuellement devant la maison, en compagnie de mon homonyme (= Roxy le chien) qui essaye de bouffer des mouches, et de Maggy le corbeau qui réclame désespérément qu'on lui serve des vers (de terre bien sûr, par de pinard) Les coqs chantent comme des cons, des oiseaux gazouillent (y'en a même des comme à la maison les soirs d'été quand j'étais petite, des moineaux en fait je crois) et ça sent la glycine et le chien mouillé.
J'ai fui l'intérieur de la maison, parce que par moments je deviens très asociale, en particulier envers la présence bruyante des espagnols, qui, rappelons-le, sont très sympas, mais qui m'exaspère parfois par leur débordement d'amour mutuel ("calinio! calinio!" c'est le mot que j'entends le plus dans la journée je crois... ça doit vouloir dire chéri ou mon coeur ou une connerie comme ça), leur attitude, langue et habitudes toujours remuantes et sonores...
Par moments je redeviens la gamine dont la nounou tournait la poussette pour pas qu'elle ne voit les gens...
Pendant la promenade des dingos... |
Après un week-end très productif, le jour de repos l'a été tout autant pour moi...
Lundi donc, les autres wwoofers ont voulu aller à Melbourne (les espagnols pour distribuer des CV, l'irlandais juste pour se balader). Pour ma part je trouvais ça idiot de dépenser ne serait-ce que seulement 12$ pour passer quelques heures (le trajet en train dure 2h...) à Melbourne, sachant que j'y retourne après...
Je suis donc restée toute seule à la ferme, en compagnie de Ian, Sue, les animaux, des classes de gamins en uniforme et les animatrices (des vraies Aussies, avec chapeaux de cow-boys et rires tonitruants, et bien sûr super sympas)
Et là je me suis dit, autant profiter de ce temps libre pour faire des choses que j'aime, mais que je ne fais pas vraiment en France, par manque de temps, de motivation, etc...
Ce voyage il est fait pour ça, ici je ne suis pas dans des somptueux décors qui me permettent de m'extasier à chaque détour de chemin (même si les eucalyptus et les oiseaux donnent déjà à l'ensemble un coté agréablement dépaysant) mais je suis là pour faire des choses qui sortent de l'ordinaire, et aussi des choses pour moi, je suis toute seule ici c'est bien pour n'écouter que moi...
J'ai donc demandé à Sue et Ian s'ils avaient de la peinture et quelque chose à peindre. Sue m'a montré un mur du hangar, la remise avec tous les pots d'acryliques, les pinceaux, et des vieux vêtements "salissables".
Et voilà:
J'y ai passé toute l'après-midi, et le lendemain après le boulot aussi, du coup aujourd'hui je suis fatiguée et j'ai mal partout (ma cheville en particulier me tire un peu en ce moment, je pense que c'est le temps, et le fait d'être souvent debout et de piétiner)
Mais qu'est ce que ça fait du bien de créer, d'être entièrement concentrée sur le fil de ses idées et de son inspiration, et sur sa main qui rend réel ce que l'on imagine... Qu'est ce que j'aime voir briller la peinture sous mon pinceau (même si à la base je ne suis pas très à l'aise avec la peinture) voir les couleurs s'étaler et former des figures familières, observer tout cela d'un peu plus loin et en ressentir une certaine satisfaction...
Et surtout qu'est-ce que j'aime ce sentiment de relever un défi, juste pour moi-même. Et bien sûr agrémenté des compliments des gens, ça me touche toujours profondément que l'on trouve que je dessine / écrit / photographie bien...
Évidemment je ne suis pas Michel-Ange, et mon dessin reste simplet et naif... Mais c'est une ferme pour enfants, donc... je pense que j'ai été dans le thème.
Et le plaisir de se prendre en photo en plus...! |
Jeudi 2 décembre, 11AM
Hier j'ai du quitter précipitamment mon ordinateur pour aller à la fête de Noël d'une école. Tradition que l'on dirait sortie d'une série TV américaine, où encore une fois le ridicule ne tue pas: les parents adorent déguiser leur progéniture en renne, en lutin du Père Noël, les filles arborent des boucles d'oreilles ou des T-shirts à paillettes "Merry Christmas", bref un joli défilé de bon gout mélangeant tradition chrétienne et culture MTV...
Hier, comme c'était dans une école religieuse, le spectacle des enfants était composé de chants ("blablabla Jesus blablabla") et d'une genre de reconstitution de la Bible (enfin de la naissance de Jesus) et les profs avaient eu la bonne idée de faire venir des animaux pour rendre ça plus "réaliste" (et plus drôle aussi, surtout quand le mouton décide de bouffer une guirlande de Noël en pleine entrée en scène, on a bien ri dis donc!)
Merry Christmas! |
Et nous, petits veinards, on a eu le privilège de pouvoir faire une petite balade à dos de chameau (un de mes rêves vient de se réaliser) et même si on était sur un parking sous la pluie, c'était quand même magique!
Lawrence d'Arabie c'est moi |
Voilà, ces derniers jours le travail a été principalement à la ferme, et il n'y a pas à dire, je préfère largement la mobile farm (et pas seulement pour les chorales de blonds!)
Nourrir les animaux encore c'est sympa, on peut les caliner un peu en passant, pour ma part je me suis donné comme but de dresser l'alpaca, qui n'a pu être approché qu'une seule fois par Sue... Tout en douceur et en mots doux ("alpaca! i am your friend" oui même aux animaux je leur parle anglais, si c'est pas malheureux...), j'ai réussi à l'approcher à moins d'un mètre, il me regardait du coin de l'oeil d'un air surpris et méfiant, avant de s'éloigner nonchalamment quand je tentais une nouvelle approche. A mon avis pour le caresser il faudrait que je reste ici un mois de plus! Mais je m'en fous pour un moment je me suis prise pour une puissante dresseuse de bêtes sauvages (et dangereuses, un alpaca, ça crache!)
Non ce n'est pas un alpaca, mais une photo que j'ai prise mardi, de Sue et un de ses dingos |
Niveau boulot on a aussi fait les boulots les plus chiants qui soient je pense: du désherbage et du débroussaillage. Débroussaillage de ronces dans un sous-bois marécageux et infesté de mouches collantes. Un bonheur! Heureusement il y avait des Tim-Tam pour la pause (un jour je vous parlerais des Tim-Tam, mais il faudrait leur consacrer un article entier tellement ces biscuits sont un délice. Je ne comprend pas pourquoi ils n'existent pas en France!)
Et ensuite on a essayé de sortir le tracteur embourbé dans la boue, mais autant dire que moi avec mes p'tits bras en Flamby je n'avais pas l'impression d'être d'une grande aide. Enfin c'était drôle quand même (mais le tracteur y est toujours)
Je viens juste d'apprendre que mercredi prochain, la mobile farm se rend prés d'un parc national situé sur une ile, Wilsons promontory, où s'ébattent en liberté kangourous, wombats, oiseaux... Moi qui pensais quitter la ferme lundi... Voilà la difficulté d'être seule, personne a qui demander l'avis, personne avec qui partager les responsabilités de ses décisions, personne pour nous aider à faire des choix...
Je commencais juste à me décider pour passer quelques jours chez la dame de Melbourne, puis décoller le plus vite possible pour la Tasmanie rejoindre Sabrina et chercher du boulot...!
Là du coup je pense que ce n'est pas mal si je reste jusqu'à mercredi... Peut-être zapper la dame de Melbourne du coup? Ou tout repousser? Mais ça me fait me rendre en Tasmanie seulement la semaine d'après...
Ralala... Toute cette liberté de mouvements, tous ces choix, qu'est ce que c'est perturbant! ;-)
magnifique la peinture ! entraines-toi et tu pourras en faire une aussi belle içi sur le vieux mur en parpaints du bassin.
RépondreSupprimerRestes donc pour aller sur cette ile, et vas ensuite en Tasmanie si t'as un plan.
A Melbourne tu iras plus tard.
moi je parts pour Salvizinet c't'aprèm.
moins exotique hein ^^!
Joëlle
Jajajaja you were right about "calinio". cariño means "darling", "honey" in Spanish.
RépondreSupprimergood luck with the noisy Spanish!!
Your drawing is quite good actually, I wouldn't have done better...
Ne t'inquiète pas pour les décisions que tu vas prendre, prends ça comme un beau défi sur toi-même. Et profite bien de tes derniers jours à la ferme, ça te manquera sûrement mais tu pourras garder de super bons souvenirs.
Je lis tous les jours (ou presque) ce blog avec plaisir, ça me donne un avant-goût de l'aventure.
Gros bisous +++
Bon courage! (ici on galère avec la neige qui a laissé un blanc manteau de 10 cm sur nos routes et dans nos jardins) Pense à nous aussi! ;)
Super tes peintures! ça rend super bien!!! tu vas laisser une marque de ton passage.. dans quelques années, ils diront "tu te souviens de la p'tite française qui a peint la fresque...". Pour le choix, c'est toujours difficile, on ne peut jamais savoir à l'avance lequel sera le meilleur et en fait, on ne le saura jamais! Mais hésiter entre des choses qui sont toutes sympas, c'est déjà plus cool!
RépondreSupprimergros bisous enneigés!
Jolie la fresque ! Chapeau l'artiste ;)
RépondreSupprimerRah les Tim-Tam ! Je vois que tu as succombé aussi ! C'est une vraie institution ici... On devrait se lancer dans l'import en France, on ferait fortune !