Partie 1: Où la chaleur de Bangkok m'a saisi
3 ans (déjà!) que je suis rentrée
d'Australie.
Le retour n'a pas été facile... Le voyage a continué
deux mois, à pied et en stop, de la Haute-Savoie aux
Pyrénées-Orientales. Et puis la sédentarité nous a gagné peu à
peu... D'un sac à dos nous sommes passés à quelques étagères sur
un terrain, puis à un appartement.
De mes rêves, dépoussiérés en
voyage, j'ai fait un petit tas dans un coin, en attente... En voyage,
tout semblait possible. Hors de ma zone de confort, j'étais
bombardée d'inspirations nouvelles, je goutais à la liberté et à
l'essentiel. De retour en France, j'ai été rattrapée par les
administrations, mes vieilles angoisses, la « crise » et
les désillusions...
Je me suis résolue à chercher un emploi
salarié. J'ai eu de la chance: j'en ai trouvé, et en plus c'est un
travail sympa, avec une bonne équipe, des fonctions intéressantes,
des valeurs que je partage.
Mais j'ai le virus du voyage. Depuis que
je suis rentrée d'Australie, elle me taraude: l'envie de repartir.
Toutes les bonnes raisons que je lui oppose ne change rien. Elle me
colle à la peau cette envie, me plonger à nouveau dans le grand
bain de l'inconnu, de la découverte, du dépaysement. Être sans
cesse surprise, bousculée, émerveillée, sentir mes sens chamboulés
et mes repères désorientés. Mon voyage en Australie reste
incroyablement présent, comme si une partie de moi était restée
là-bas. Le pays n'y est pour rien, c'est le voyage qui compte.
J'aimerais repartir longtemps, pour que
ça ne soit pas juste des vacances, mais un morceau de ma vie. Mais
j'ai peur du retour désormais. Le rêve absolu serait évidemment de
tout mêler, que le voyage soit un moyen de « gagner sa vie »,
mais j'en suis encore bien loin.
Et je me retrouve confrontée à ce
terrible paradoxe: pour voyager il faut de l'argent, pour avoir de
l'argent il faut travailler, mais quand on travaille, on n'a pas le
temps de partir en voyage....... Au-delà de deux semaines.
Je suis donc partie deux semaines.
Mieux vaut un peu que rien du tout. Le jeudi 19 mars, je me suis donc
envolée de Barcelone, direction Bangkok. Je rejoignais Antho qui y
était déjà depuis une semaine...
J'ai voyagé avec Royal Jordanian, pour
575€ aller-retour. Escale à Amman, où les cheikh et femmes en
burka côtoient les jeunes bling-bling.
Étonnamment j'ai détesté
le voyage en avion. J'en gardais pourtant un bon souvenir, mais ça
devait être le plaisir de la découverte. Au-delà du fait que j'ai
trouvé ça terriblement inconfortable et presque douloureux (j'ai eu
mal aux jambes, aux oreilles...), cet univers m'est apparu dans toute
son artificialité: les hôtesses aux allures et attitudes de
poupées, la bouffe en plastique, l'air que l'on respire, sans parler
des aéroports... Tout parait faux, comme une sorte de monde
parallèle au monde réel, où l'on erre des heures dans d'immenses
couloirs tout en marbre froid et étincelant, où les vitrines
étalent des produits improbables aux prix irréels.
Arrivée à Bangkok, je voulais quitter
cette ambiance au plus vite. Je franchis les portes vers l'extérieur,
pour rejoindre Antho qui m'attend, et là... La chaleur me saisit.
Une chaleur que même en m'y attendant, je n'imaginais pas. Une
chaleur lourde, humide, qui sature l'air et vous donne l'impression
de vous enserrer comme un boa. Une chaleur qui vous fait dégouliner
de sueur en moins de 2 minutes.
Je retrouve Antho, et on prend un
taxi en direction du quartier de Lumphini Park, où Antho loge depuis
quelques soirs.
Je fais donc mes premiers pas à
Bangkok. L'endroit me fait immédiatement penser à Kuta, à Bali.
Même chaleur, même goudron-béton défoncé, même rats et cafards,
même incroyable réseau de fils électriques, même Seven-Eleven, LE
magasin, en Asie, où l'on vient chercher des bouteilles d'eau et la
fraicheur de la climatisation.
Les odeurs aussi m'assaillent, et je
les connais déjà. Odeurs d'humidité, de pots d'échappement de
scooter, de goudron chaud, d'égouts. Dans la rue il n'y a pas de
trottoirs, et l'on se fait frôler et klaxonner par des véhicules
nerveux. Comme à Bali, l'ambiance est à la fois excitée et
nonchalante, des hommes jouent aux dames au bord de la route, les
masseuses attendent sur le pas de la porte en se montrant leur
smartphone, les marchands ambulants font pétarader leur moto
transformée en étal, il y a dans l'air une sorte d'intensité
violente de vie.
Le soir on va se boire une bière dans
un resto italien (ils sont légions partout) et on discute de notre
programme à venir. Il fait toujours aussi chaud, je suis fatiguée
mais je savoure cette sensation de déphasement total, je suis en
Thaïlande, je suis ailleurs, enfin. Même la bière n'a pas la même
saveur. On va ensuite manger et je découvre les spécialités. Pour
résumer: du riz frit, ou des noodles, accompagnés de légumes
croquants, de poulet, de fruits de mer ou de porc. Il y a aussi les
soupes, les currys, les shakes de fruits (fruits et glaçons mixés
ensemble, miam!)
Comme les portions sont petites, Antho
prend en plus un Phad Thai dans la rue: le plat de noodles
traditionnel. Pas cher (35 bath, soit 1€) et délicieux. J'apprend
mes premiers mots thai, bonjour et merci, Antho se fout bien de mon
accent et m'induit en erreur (« Patéd'pates! »)
Je passe ma première nuit en Thaïlande
au Lee Travel Inn, où pour 480 Bath (environ 15€) nous avons une
chambre toute simple avec salle de bain commune et air-conditionné
(très important à Bangkok!)
Le lendemain, on va au Chatuchak
Market, un immense marché (15 000 boutiques) ouvert seulement le
week-end. Il y a un monde fou, c'est la sortie pour les jeunes thai,
et pour les touristes l'endroit où acheter leurs souvenirs. On prend
le métro aérien pour s'y rendre, au milieu des jeunes de Bangkok,
très fashion et plongés sur leurs smartphones. Dans le métro il y
a des écrans diffusant en continu des publicités, et partout, dans
la ville, les panneaux publicitaires font 5 fois la taille de ceux en
France.
Déambuler dans le marché épuise très
vite, on se perd dans les dédales de couloirs où s'alignent des
boutiques en tout genre: vêtements, nourriture, souvenirs,
artisanat...
Le style vestimentaire majoritaire est loin de ce que
l'on peut imaginer de la Thaïlande lorsque l'on ne s'y rend pas.
Finis les pantalons de pêcheurs aux couleurs bariolés, les fripes
ethniques et hippies. Si on trouve encore ce genre de vêtements, il
semble que ce ne soit que pour les touristes. Les thaï (précision:
les jeunes citadins de la classe moyenne) s'habillent en slim,
t-shirts à motif (très « hipster ») et mini-short
taille haute. Ça ressemble à la mode en France, avec en plus ce
petit quelque chose d'asiatique, un peu kitsch et kawaï.
Pour échapper à la chaleur, on décide
de foncer vers les plages du Sud par le moyen le plus rapide: l'avion
(3000 Bath pour nous deux, 95€)
On a volé avec la compagnie "Nok Air" Nok veut dire oiseau, d'où la tête de l'avion! |
La Thaïlande ne se visite pas en
deux semaines, alors forcément, il a fallu faire des choix. Je remet
les temples, le Nord montagneux, à une prochaine fois. Comme tout
bon salarié au sortir de l'hiver qui n'a pas pris de vacances depuis
un an, je n'ai envie que d'une chose: des plages paradisiaques, des
cocotiers et du soleil. Mais comme nous ne voulions pas faire les
choses de travers et nous retrouver au milieu d'une masse de
touristes (chose fréquente en Thaïlande, que nous redoutions comme
la peste), nous avions bien potassé le Lonely Planet et Internet
pour dénicher les îles paradisiaques MAIS tranquilles, encore
préservées, les trésors cachés de la mer Andaman... La saison
touristique déclinait, ce qui a certainement contribué à la
tranquillité des lieux...
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A suivre...
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