Partie 4: où l'on arrive au bout du monde

Le 28 mars, à 10h30, il est l'heure de quitter Koh Kradan. Après réflexions nous allons plus au Sud encore, pour 900 Bath par personne (30€), nous allons à Koh Bulon.


On attend le speed-boat en savourant une dernière fois la beauté du paysage. On craint un peu le speed-boat, dont j'avais lu des récits terribles sur internet (mal de mer, lumbago...) Nous sommes les seuls à monter à bord à Koh Kradan, et les seuls à descendre à Koh Bulon. Les autres personnes se rendent à Koh Lipe, île apparemment magnifique mais de plus en plus bouffée par le tourisme, de ce que j'en ai entendu. Le speed-boat, c'est plutôt impressionnant, surtout que celui-ci a trois moteurs Honda énormes qui le font vrombir et bondir sur la mer. A l'arrière on est assourdis par le bruit, à l'avant ça secoue, il faut s'accrocher. Mais c'est marrant, et on a eu aucun soucis, ni d'estomac, ni de dos.

Bye bye Koh Kradan!
En arrivant devant Koh Bulon, un long-tail vient nous chercher pour parcourir la centaine de mètres qui nous sépare de la plage. On débarque, le bateau s'en va, et l'on se retrouve seuls. Oui, la première impression de Koh Bulon c'est celle-ci: on ne voit personne à l'horizon, juste quelques bâtiments, de grands arbres dans le ciel bleu, et une plage en amphithéâtre où le sable est le plus doux que nous n'ayons jamais foulé.


Les pieds dans la farine
On entre dans une petite boutique-point info, on regarde un plan de l'île, on demande où se trouve les hôtels que l'on a repéré sur Internet. Koh Bulon nous plait tout de suite. Moins idyllique que Koh Kradan (mais tout de même), elle possède un charme plus mystérieux, avec des lieux plus variés, plus riches.


Koh Kradan est une île balnéaire, Koh Bulon a une vie de village, une école, une mosquée, des cultures d'hévéas. Une communauté de gitans de la mer, les Chaolae, sont implantés ici depuis environ un siècle. Auparavant, c'était des nomades qui voyageaient d'île en île. On emprunte le chemin qui traverse l'île, et qui grimpe très rapidement à traverse une allée bordée de fleurs et d'arbres.




La chaleur est beaucoup plus difficile à supporter dés que l'on s'éloigne de la mer, et encore plus lorsque l'on grimpe une côte! Les hôtels sont disséminés ça et là, on demande les prix... Chose nouvelle: il y a un « sentier d'interprétation », des panneaux réguliers sur lesquels on trouve un plan de l'île (très pratique!), et des explications culturelles et écologiques. 


On finit par arriver de l'autre côté (l'île est toute petite elle aussi) et là une dame nous accoste, elle attend un couple de touristes ayant réservé. Ce n'est pas nous mais on visite un bungalow, très joli, qui est à... 400 Bath (12€) On le prend. 




Dans le bungalow: humour Thaïlandais!
Notre guesthouse (accueil et resto)
En allant remplir le papier, on se retrouve à discuter avec un couple de retraités français, qui nous font l'éloge de cette guesthouse (Chaolae Homestay), des talents culinaires de notre hôtesse, et qui nous mette au courant des dernières catastrophes aériennes (bah oui ils regardent BFM sur leur tablette)
La plage à côté de notre guesthouse, Ao Panka Yai, n'est pas vraiment très belle, et on y trempera d'ailleurs pas un orteil. 


Par contre on est entouré par la forêt, les cocotiers, les manguiers, les tamariniers, on peut y croiser des écureuils, des papillons, des chauve-souris, des varans, des pythons (pas vu!), et même un lapin... 


Des Jack-fruit, qui poussent directement sur le tronc

Des orchidées


Un manguier

La technique d'Antho pour attraper des "macam", des tamarin: le jeté de noix de coco.

Gagné!

Le tamarin est un drôle de fruit dans une gousse comme des haricots, très sucré et acidulé.
geeee...cko!


Et puis on est dans le village, on assiste aux jeux des enfants, qui comme tous les enfants du monde, font la course en vélo, enferment le chat dans un panier, se collent des gomettes sur les bras, essayent de faire peur aux touristes avec des grenouilles mortes...


On se balade un peu sur l'île, on va vers Mango Bay, qui fait traverser les plantations d'hévéas jusqu'au village des pêcheurs. On trouve des jolis coquillages, puis on s'arrête boire une boisson fraiche au « Sue Corner ». On est assommés par la chaleur. La femme qui nous sert fait aussi des sortes de brioches à la canelle et au chocolat (très bonnes), et du pain. Ça nous intrigue, jusqu'à ce que son compagnon rentre: c'est un français. 

Le petit chemin qui parcourt l'île
 
A Sue Corner, on a chaud!
On refait la montée pour passer de l'autre côté de l'île et retourner à la belle plage où nous sommes arrivés (White Sand Beach). Au sommet de la côte (au sommet de l'île en fait!) il y a un bar reggae (avec poster de Bob réglementaire), le Coconut Bar. Il est très bien situé, parce que peu importe d'où l'on vienne, on est toujours éreinté et assoiffé en arrivant devant! 

Coconut Bar
En redescendant, on croise un varan qui traverse tranquillement le chemin. Très impressionnant! 

Bête préhistorique
La plage est baignée de la lumière du soir, et l'eau est incroyablement calme et cristalline. On se baigne un peu, puis on longe la plage en ramassant des coquillages. Il y a peu de monde, on se croirait sur la côte atlantique un mois de septembre, c'est parfait.


En rentrant à notre bungalow, les couleurs éclatantes du coucher de soleil nous attire, et on va prendre l'apéro sur Panka Yai. 


On suit ensuite les conseils de nos voisins français et on mange à notre guesthouse, on choisit notre poisson fraichement pêché et on le demande cuisiné au lemongrass, c'est délicieux et pas cher (200 Bath le poisson pour 2, 6€!! Alors qu'à Koh Lanta nous avions au moins payé le double, et c'était moins bon et moins copieux)

Le poisson que l'on choisit
La nuit, je suis réveillée par la chaleur. Sur Koh Bulon, comme sur Koh Kradan, il n'y a pas l'électricité, les habitants allument des groupes électrogènes le soir. En l'occurence, sur Koh Bulon, c'est seulement de 18h à minuit. Ensuite, plus de lumières, plus de ventilateur, et le seul moyen de se rafraichir, c'est de se tremper de la tête aux pieds. Avant de me rendormir, j'écoute les bruits de la forêt de l'autre coté des murs, c'est très apaisant.

Le lendemain, c'est parti pour le snorkelling... Notre hôtesse nous loue des masques et tubas un peu pourris et on traverse l'île pour rejoindre la plage paradisiaque de l'Est.




On prend un petit déjeuner au resort sur la plage et on se jette à l'eau. C'est encore plus beau qu'à Koh Kradan (peut-être parce que c'est moins fréquenté?) Les coraux sont variés, gros, colorés.









Une sorte de coussin énorme

Les "cornes de cerf"








On a un coup de coeur particulier pour les anémones, très délicates, et leurs poissons clowns qui montrent une curiosité adorable quand on s'approche d'eux.






En sortant de l'eau, on a la mauvaise idée de retourner de L'AUTRE COTE de l'île pour aller manger. On est claqués, on a chauds, et on a du mal à décoller des chaises en plastiques du resto où l'on s'est arrêtés. On retourne au plus vite à la plage. Au point info où nous sommes arrivés, on peut acheter des boules de glaces pour 20 Bath (pas cher) Les enfants nous servent (et s'en servent à eux aussi par la même occasion), les goûts sont totalement indéterminés mais tout est bon à prendre pour se rafraichir. 

La masse grise au premier plan, c'est un banc de petits poissons




Le point info
Le soir, comme des vieux habitués déjà, on va boire notre bière sur Panka Yai et on regarde le soleil se coucher, puis on va manger à notre guesthouse, mais cette fois-ci, un calamar au garlic and pepper...


Le lendemain on va à la plage (je sais, c'est monotone!) mais cette fois on croise nos charmants voisins français qui reviennent de la baignade et nous préviennent: « il y a plein de méduses! » et en effet, on les voit, petites boules visqueuses violettes, disséminées ça et là sur le sable et dans l'eau... On hésite pendant une heure, on regarde cette eau turquoise et on pèse le pour et le contre: vaut-il mieux mourir piqué par une méduse ou cramé par la chaleur (et frustré)? On se décide, et finalement, il n'y a déjà plus de méduses. C'était juste une petite vague matinale! On passe la journée à la plage (cette fois on mange à côté), il fait tellement chaud que c'est le plus agréable à faire... 

Koh Bulon mérite certainement plus d'explorations. Contrairement aux deux autres îles, là je me dis que 3 jours c'est trop court. La chaleur étant difficile à supporter, nous avons passé la majeure partie du temps dans l'eau. On ne se lasse pas du snorkelling, qui fait plonger, au sens littéral, dans un autre monde, mystérieux et magique. Cependant, Koh Bulon permet de passer d'un univers à l'autre en 5 minutes, de la mer à la forêt, et le soir, lorsque la douceur revient, c'est très agréable de se balader un peu. 


Sur le chemin en redescendant vers notre guesthouse, un gars en espèce de scooter-charette fait semblant de perdre le contrôle de son engin et de nous foncer dessus en gueulant. On y croit pas une seconde, mais c'est drôle. Les gens sont sympas ici, très décontractés, blagueurs mais sans mépris, c'est l'endroit où on les a vu les plus souriants, respectueux, ouverts. Et beaux! (pour les hommes, les femmes, elles, sont belles partout!) Il y a beaucoup d'enfants qui semblent passer leurs journées à s'amuser, dessiner, jouer au foot, pêcher... C'était peut-être les vacances (car sinon pas moyen d'y échapper, il y a une école sur l'île) Ça vaudrait le coup de rester plus longtemps aussi pour ça, pour prendre le temps de découvrir les gens. 


Le soir on se dévore un bon poisson au barbecue, tout simple et délicieux. A la table d'à côté un couple de français et des italiens, sympas. On trouve qu'il y a beaucoup de français sur cette île, on se dit que les français recherchent peut-être plus que d'autres nationalités les endroits sauvages, hors des sentiers battus. En fait on apprendra le lendemain qu'on est tombé au coeur d'une « vague » de français (comme les méduses), mais que ce n'est pas spécialement habituel (même si plusieurs français vivent sur cette île tout de même, mariés à des thaïs)

Le lendemain matin on met les voiles... Après un petit-déjeuner copieux à notre guesthouse (un pancake énooorme) Un long-tail vient nous chercher directement sur la plage de Panka yai.


On contourne l'île pour prendre les autres passagers sur la plage principale, et là on constate que nous avons de la chance d'être monté dans le bateau de l'autre côté: l'eau est envahie de méduses. Les mêmes que la veille, petites violettes, mais il y en a trois fois plus. Les gens qui montent dans le bateau se font piquer les mollets. En partant vers le large on croise une nuée de milliers de ces méduses, une grande trainée mauve dans le bleu turquoise. C'était la bonne journée pour partir, car vu ce qu'il y a dans l'eau, la baignade risque d'être compromise pour la journée. On rejoint le speed-boat, plus petit que celui que nous avons pris pour venir. Il met une demi-heure de plus pour rejoindre Pakbarra, car un des moteurs tombe en panne. Du coup le trajet est plutôt peinard. 
On discute avec une française et son beau-fils de 18 ans. Elle vient de passer un an sur Koh Bulon chez des amis et retourne en France, à contre-coeur. Le changement risque d'être plutôt brutal. 

On regarde s'éloigner ce petit bout de terre, une chiure de mouche sur les cartes, un petit monde au bout du monde. 


On pourrait penser que sur cette île la marche frénétique du monde n'a pas de prise, qu'elle est protégée, dans sa bulle. Et pourtant c'est là que l'on se rend encore plus compte que ce que l'on croit immuable est fragile: chaque hiver, la mer grignote un peu plus l'île. Les souches d'arbres morts sur la plage sont là pour en témoigner, ainsi qu'un bungalow abandonné en équilibre sur le sable. 



Si le niveau de l'eau continue de monter, Koh Bulon risque peut-être de disparaitre, ou alors, ne subsistera que le Coconut bar!

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