L'aventure est au coin du pub

Lundi 17 Janvier, enfin, on bouge à nouveau. 
Lorsque le mécanicien de Quorn nous avait amené à Port Augusta, nous étions passé par un garage où Julien avait eu un coup de coeur pour une Mazda toute plate, un peu sport, rouge, à 4000$ avec une remise commerciale de 500$ de la part du garagiste. Pendant toute cette semaine à Port Augusta, nous avons beaucoup pensé à cette voiture qui peu à peu nous ai apparu comme le meilleur parti à prendre. En gros nous n'avions pas 36 choix possibles si on ne voulait pas croupir dans cette ville.

Nous avons donc appelé le garagiste qui est venu directement avec la voiture au caravan-park, qui nous a emmené en ville pour que Julien retire la somme nécessaire (ça fait mal!) puis au garage à l'extérieur de la ville pour finaliser la vente.
Et nous voici (enfin Julien) propriétaire de cette bagnole qui ne ressemble en rien à une voiture de backpacker, qui est tellement au ras de la route que l'on sent la moindre vibration, et qui est surtout super classe (on se la pète à mort avec) 
On espère juste qu'elle ne va pas nous faire un sale coup comme la jeep, ça serait vraiment la poisse... 
Moi avec ma large connaissance des voitures (hum) je lui ai trouvé des airs de Delorean (juste à cause des phares amovibles) du coup on l'appelle Dolo.

La Dolo dans l'Outback
Nous somme donc retournés à Quorn, récupérer un peu de matos dans la jeep. Évidemment les gens du camping où on l'avait laissé ne se sont pas gênés pour se servir (bon d'un coté on leur avait dit qu'on abandonnait tout) du coup bye bye glacière, boites de conserve, bouteille de gaz, chargeur d'appareils électriques sur allume-cigares, trousse à outils, jeu de poker, même le ballon de foot... On a juste sauvé le matelas, et deux trois trucs sans grande importance. On a du racheté le reste, bing! un peu d'argent en moins...

Puis nous avons enfin bougé. Et ça nous a fait un bien fou d'enfiler les kilomètres, de nous éloigner de Port Augusta, d'avancer. Pour la direction, nous avons décidé ça en appelant le Harvest Guide, un numéro qui est sensé te donner les opportunités de boulot agricole selon l'endroit où tu te trouve. La dame nous a indiqué qu'il y avait peut-être du boulot dans les citrons, du coté de Riverton, c'est-à-dire juste au dessus d'Adelaide, et qu'il fallait appeler le lendemain. Ok, va pour cette direction.

Parc d'éoliennes dans la région de Port Pirie
Nous avons passé la nuit du coté de Crystal Brook, un peu après Port Pirie, sur une aire de repos, entre les trucks qui passent à toute allure sur l'Highway et une voie de chemin de fer où plusieurs trains de marchandise nous ont réveillé dans un bruit apocalyptique. 
Nous avions aménagé la Dolo en chambre à coucher ma foi plutôt confortable, et nous avons mangé un reste de pâtes sauce tomate-barbecue cheddar moitié froid (parce qu'en voulant faire des économies nous avons opté pour un camping-gaz au butane qui met trois quarts d'heure à chauffer trois nouilles (sachant qu'une bouteille de butane dure trois quarts d'heure, on a eu légèrement l'impression de s'être fait doucement entubés...)) 
Heureusement j'avais acheté des assiettes en plastique Cars (pour Julien) et la Fée Clochette et ses copines de la mort qui tue (pour moi), et Julien avait mis un CD d'un groupe de rock allemand qui gueulait leurs décibels (et leur langue si douce à l'oreille) vers la lune quasi pleine qui régnait en maitre sur nos carcasses sales et perdues au milieu de l'Outback.


Le lendemain, nous avons commencé tôt en appelant le numero filé par la dame du Harvest Guide, qui n'a pas donné grand chose. 
Nous avons fait un détour par la bibliothèque de Port Borough, où je voulais recharger mon téléphone avec lequel nous passions tous nos appels (parce que moi j'ai un opérateur qui me permet de capter au milieu du rien), puis nous avons continué nos prospections, demandant des renseignements sur le taf à chaque fois que nous passions dans un patelin, changeant d'idée toutes les demie-heures, nous engueulant un peu, désespérant parfois (surtout moi je l'avoue, j'ai détesté retrouver la même sensation que lorsque je cherchais du travail en France, cette impression de découragement et d'inutilité, de faux espoirs et de vrais désespoirs) 

Nous avons suivi des tas de pistes: à Bute, patelin complétement paumé, des types dans un bar nous ont donné l'adresse d'un éleveur de cochons qui embauche soi-disant parfois des backpackers. Nous nous sommes donc rendus dans cette ferme, où le gars nous a un peu pris pour des touristes, a eu peur quand on a pris des photos, mais nous a quand même laissé regarder ses cochons (en nous surveillant du coin de l'oeil quand même) Mais pas de boulot (à vrai dire heureusement, les cochons c'est bien plus fastidieux que les moutons, et en plus là c'était VRAIMENT au milieu de rien (même pas un arbre à l'horizon)) Julien a pris l'adresse de l'abattoir où ils emmènent les bestiaux, mais c'était un peu trop loin (ouf).

Bande de cochons
Après avoir étudié un peu de doc sur la région, nous avons décidé de mettre les voiles vers la Clare Valley, vallée viticole pas trop loin de là où on se trouvait (une centaine de kilomètres, que dalle quoi). 
Un gars nous a également supposé ça à un moment, donc hop, nous avons tracé la route en direction de Clare, la ville principale, où nous sommes arrivés en fin d'après-midi.

Et il n'y a pas à dire, ça a quand même fait un bien fou de retrouver un peu de verdure (enfin de la verdure jaune, et des eucalyptus, mais c'est déjà ça!), des collines remplies de vignes, des habitations, de l'ombre...

Un peu au hasard, nous avons abordé un gars chez lui, pour nous renseigner sur le travail possible, les vignes, etc. Il nous a appris que les vendanges ne commenceraient pas avant 6 semaines, ce qui nous a un peu refroidi. Mais il nous a conseillé de nous rendre dans un pub à Sevenhill, où les viticulteurs aiment bien se retrouver et boire une bière (ou douze)

Nous avons traversé Clare, qui nous a paru plutôt sympathique comme ville. Puis à quelques kilomètres de là nous avons atteint Sevenhill, et son fameux bar. En terrasse des gens discutaient et riaient autour de bières et de vin. 
Comme partout, nous avons demandé à la barmaid s'il y avait du boulot pour nous, si elle connaissait du monde qui cherchait de la main d'oeuvre. Elle nous a dit que peut-être le responsable d'un club de tourisme allait passer, qu'on pourrait lui demander. 
Satisfaits de sa réponse, nous avons décidé de nous accorder une pause bière fraiche bien méritée. Après des jours à réfléchir à chaque dépense, après une journée sur la route pleine d'incertitudes, et surtout avec des bouteilles de flotte moitié chaudes (juste histoire de ne pas crever de déshydratation), nous avons gouté cette bière avec un vrai plaisir. 
Nous nous sommes installés en terrasse, et là les gens qui riaient fort ont commencé à nous parler... 
"oh des français!" "non moi j'suis suisse" "que faites vous là?" "on cherche du travail, on est dans la merde" "venez vous joindre à nous! vous voulez une autre bière?" "j'ai travaillé dans les moutons" "moi aussi, mais je..." "wouaa tu pourrais nous aider à travailler dans la ferme!" "moi aussi j'ai bossé dans des fermes euh d'abord" "moi j'suis boulanger-patissier aussi" "naaan!!! wouaaa!" "oui bon moi je suis documentaliste c'est bon pas de quoi s'en relever la nuit...!" "allez venez dans ma ferme je vous invite, mon mari sera d'accord, et on vous aidera à trouver du boulot, toi Julien tu aideras pour les moutons, et toi Roxane pour la maison et le jardin" "ah bah ok cool!"
(Oui je suis un peu jalouse parce que les gens sont en extase devant Julien à chaque fois! Mais bon ça nous permet de saisir des opportunités de malade, c'est quand même la classe (toujours avoir un suisse avec soi!))


Donc voilà nous avons suivi Michele, jeune aussie girl blonde fraichement mariée à Philip, jusqu'à leur ferme, Savannah Lamb, sur la colline, où se mêlent élevage de moutons (pour la laine et la viande), une dizaine de rangs de vignes, un grand jardin avec des arbres fruitiers, un potager, des hangars, des sheds, des champs immenses pour les moutons et le foin (qu'ils importent en Asie), des machines agricoles, Ned le chien (de la même race que ceux de Yan yan gurt west, ça y est je suis définitivement love des chiens) et une belle maison de ferme typiquement australienne.

La maison et les vignes
Nous avons un peu picolé, mangé (barbeuc, un bonheur après les repas pâtes-riz-thon des derniers jours), et nous nous sommes finalement couché dans un VRAI lit, heureux et optimistes de ce retournement de situation si soudain et de ce retour à un certain confort plus qu'appréciable.

Ned's shower
Finalement nous sommes un peu comme dans un wwoofing ici. Julien travaille avec les moutons, moi j'ai aidé Michele à faire le ménage, le jardin (mettre des tendeurs aux tomates, arroser et mettre de l'engrais), et des cartons d'habits et d'objets pour les habitants du Queensland, qui, comme vous le savez, sont sous les eaux.

Hier nous avons tous bossé avec les moutons, parce que c'était le "scratching" c'est à dire que Philip leur tondait juste le cul grâce à une machine ultra ingénieuse qui les saisit et les retourne les quatre pattes en l'air. J'ai eu le plaisir de tondre mon premier cul de mouton (je crois que j'ai trouvé ma vocation)

"Bien dégagé dérrière la queue madame?"
Puis nous avons ramené le troupeau dans le champ grâce au truck, et Julien et moi comme des vrais gamins avons fait le voyage sur le haut de la remorque (là où sont les moutons) et c'était trop de la balle atomique, sauf qu'on se prenait la fumée, les branches et la poussière dans la gueule, mais c'était quand même trop bien.

Shearer style (ou presque)
Les cheveux dans le vent!
Ils ont beaucoup moins de moutons ici, et ils sont différents de Yan yan gurt west. Plus jaunes (à cause de la poussière) et Michele veut qu'ils soient traités avec plus de "respect" (c'est à dire qu'au lieu de leur crier dessus on attend qu'ils se décident à bouger leur cul) pour ne pas les stresser et faire de la mauvaise viande (enfin je crois). Du coup le travail est un peu plus tranquille, mais plus frustrant (c'est tellement bon de passer ses nerfs sur des moutons!) 


Aujourd'hui a été plus dur par contre, nous avons eu en charge de tailler les vignes. Enfin Julien s'éclatait avec la tronçonneuse, et moi je ramassais les branches et je faisais des centaines d'allers-retours pour les balancer sur le plateau du pick-up (c'est nuuul-euh les filles on a toujours le boulot chiant et pas drôle) bon j'ai essayé la tronçonneuse, et en effet c'est bien plus kiffant, mais c'est plus physique (c'est nuuuuuul-euh pfff)

Niveau boulot, on a un entretien lundi dans un bar-hotel de Clare. Je ne sais pas du tout ce que ça va donner, Julien a de l'experience en cuisine (enfin en patisserie) moi j'ai pas grand chose mais je mise à chaque fois sur le ménage ou la vaisselle (mmmh bonheur) ça serait bien de trouver un boulot tous les deux, mais si seulement un de nous deux trouve, le plan serait que l'autre reste à la ferme et bosse pour deux en gros, pour "payer" le gîte et le couvert de l'autre qui ramène juste le fric (ça va c'est clair?) 
On verra bien. Sinon les vendanges sont dans un mois, s'il nous faut les attendre pour avoir du travail on attendra...

La suite au prochain épisode...

Hier soir, lever de lune sur les champs

Et je tenais à dire à toute la famille que même loin de vous physiquement je pense très très fort à vous en ce moment, de tout mon cœur. Je vous embrasse tous, je vous aime fort.

Commentaires

  1. petit coucou du fonds du GERS; GROS BISOUS ET BON COURAGE. la chance revient ! vieux tressage

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  2. Joëlle et Solène21 janvier 2011 à 20:19

    merci pour ton petit mot gentil, on pense aussi beaucoup à toi.
    bonne chance pour lundi
    à bientot
    Gros bisous

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  3. Roxanne, quel est l'opérateur qui passe au milieu de rien? Histoire de bien faire mon choix... :)
    Bon courage pour la suite de l'aventure, tu t'en sors comme une chef!
    Bizzzz
    Laura

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