On dirait le Suuud (ah bah oui)

Mardi 1er Février 2011

Plus jamais je ne me plaindrais de la canicule en France. 30°? Cold! Ici à 7h du matin il fait déjà 25°, à 10h il fait 35°, à 14h, 45°. Et à 19h il fait encore 30°, et la nuit si on descend à 20° on a de la chance.

Je me suis dit que personne ne me croirait... Donc preuve.

Plus ça va plus l'Australie tient ses promesses. Et même si ces conditions sont difficiles à supporter, difficiles physiquement et moralement, je sais que c'est ça que je suis venue chercher. Julien me le rappelle quand je me plains comme la bonne française chochotte que je suis: les conditions extrêmes nous oblige à repousser nos limites, à nous surpasser, à être autre chose que de fragiles humains dans un univers aseptisé où tout nous est facilité. 

Et je vous l'avoue c'est parfois dur pour moi, et j'en ai presque honte. Quand on n'est pas dedans on a de grandes idées sur les choses. Quand on est bien au frais dans un bureau assis le cul devant son ordi à regarder des photos de désert, où le seul effort à faire est celui que l'ont fait avec le doigt en cliquant sur la souris, c'est facile de se dire "ah oui il a l'air de faire chaud mais je suis forte et je surpasserais mes limites" mais une fois en plein dedans, on a parfois juste envie de s'asseoir par terre et de pleurer, et on ressent un terrible mépris de soi-même de se sentir si faible mentalement et physiquement.

Il y a aussi que je sais très bien comment je fonctionne, je sais que moi je suis facilement effrayée et démoralisée au premier obstacle, mais que si je n'abandonne pas, je suis capable d'aller loin ensuite. Il me faut toujours passer ce premier palier sans lâcher.

Bref. Trêves d'auto-analyse. Que je raconte un peu notre nouvelle étape Outbackienne.

Dimanche, nous avons quitté Phil et Michelle au petit matin et nous avons pris la direction de Burra (non pas Bourrat...!) 
Ancienne ville minière écrasée par le soleil, un trou de verdure au milieu du rien, au milieu des vallons jaunes et secs. Nous avons fait le tour de la ville, nous nous sommes arrêtés aux lieux des anciennes mines où subsistent pour les touristes des ruines, de hautes cheminées de briques, des machines et chariots en métal rouillé, une immense carrière devenu lac turquoise. Un musée figé à ciel ouvert, un décor de western accentué par cette chaleur qui nous rendait énervés et fatigués.

Burra
G'day mate!

La seule chose vraiment efficace sous cette chaleur est l'eau. Trouver un point d'eau et se plonger dedans, faire descendre la température du corps, calmer cette fièvre. Nous avons roulé jusqu'à une creek où il était possible de se baigner. Et malgré les mouches, malgré les fourmis, malgré les sangsues, malgré la peur omniprésente des serpents, malgré l'apparence peu engageante de la boutasse, malgré cette nature qui semble toujours plus hostile, plonger nos corps dans cette eau froide a été la seule chose vraiment agréable de la journée. 

Notre piscine à ciel ouvert

Et puis plus la nature est hostile, plus elle est sauvage et belle. Un kangourou qui s'enfuit du bord de l'eau à notre approche (et nous observer une minute un peu plus loin entre les arbres), des dizaines de grands papillons oranges qui volètent et étendent leurs ailes au soleil, ces immenses eucalyptus éclatés par les bush fires et semant autour d'eux des grands lambeaux d'écorces, les perroquets, les roses et blancs autant présents ici que les cockatoos dans le Victoria, et une floppée de petits perroquets verts et jaunes qui passent à toute allure en poussant de grands cris, tout cela console des piqures de moustiques, des morsures de mouches et de fourmis, de la brûlure du soleil, de la démangeaison des herbes sèches qui restent accrochées dans les vêtements...

Finalement, vers 16h nous avons tracé en direction de Roberstown, où après avoir un peu tourné en rond (enfin... en carré), nous avons fini par appeler et Dennis est venu nous chercher pour nous guider jusqu'à leur ferme. 
Le paysage ici est juste incroyable. Des collines toutes jaunes, juste parsemées d'arbres tordus, de buissons secs, d'eucalyptus. La terre est rouge, les routes sont de la poussière crayeuse. Ça et là, de grandes fermes, des water-tanks avec leurs roues qui tournent (très très western), des moutons qui se confondent avec l'environnement, et tout cela semble ralenti par la chaleur, figé, à attendre que le temps passe, à attendre que la fraicheur revienne pour revivre.


Nous sommes donc chez Dennis et Toni, couple de vieux hippies adorateurs de la culture asiatique. Ils cultivent des olives (et contrairement au mouton, Julien et moi nous régalons des petits fruits noirs) et de l'ail. 
Leur maison est superbe, paille au plafond, murs de bois et de torchis brun ou blanc, dalles noires au sol. Des tapis et des fauteuils indiens ou méditerranéens, de nombreux détails asiatiques, des livres, des photos des enfants (leur fille est mariée à un vietnamien, leur fils à une japonaise) 

Extérieur

Intérieur
Au crépuscule, la maison à gauche, au premier plan leur réserve d'eau.
Et pour vivre l'aventure hippy jusqu'au bout, des toilettes sèches, qui surprennent un peu au premier abord (même au second d'ailleurs). Pour ne pas vous passer les détails, ça sent un peu comme dans les toilettes des autoroutes, et c'est presque perturbant de ne pas entendre « plouf » mais « poc » et de ne pas tirer la chasse d'eau. Mais bon on se fait à tout quand on en a besoin!
Ils ont un âne, quatre chèvres et un mouton, et de nombreuses araignées qui se baladent dans la maison et qui me font réfléchir à chaque fois que je m'aventure dans un recoin sombre (comme les toilettes)

Araignée de maison (énormes) parait qu'elles sont inoffensives (je ne préfère pas vérifier)
Horribles araignées énooormes qui tissent des toiles immenses dans les jardins (brrr)
La fameuse Red-back, qui a beau être toute petite, peut tuer ou rendre très malade. Cette araignée me hante, j'en ai même fait des cauchemars...!

Nous travaillons tôt le matin (à partir de 7h30) jusqu'à 10h30-11h, où l'air est déjà lourd. Le travail n'est pas difficile en soi, hier et aujourd'hui j'ai parcouru les rangs d'oliviers armés d'un bâton (pour éloigner les serpents), d'un sac, d'un sécateur, et d'une moustiquaire sur la tête pour éviter de se retrouver avec des mouches qui te sucent le coin des yeux ou de la bouche (oui comme les petits africains (on devrait leur envoyer des moustiquaires au lieu de riz!)), et je faisais du « prunning » c'est à dire que je coupais les petites branches qui poussent sur le tronc de l'arbre. 

On ne se moque pas!!
Le champ d'oliviers
Le travail est facile mais à cause de la chaleur on a l'impression de faire un effort à chaque geste, et on se fait attaquer de toute part par ces atroces plantes qui t'enfoncent leur minuscules mais douloureuses épines partout dans les vêtements (si le Diable existe, je crois qu'il est dans ces plantes... ou les mouches, au choix (Julien: "putain mais elles ont quoi ces mouches, elles sont payées 100 000$ à chaque fois qu'elles arrivent à se poser sur la gueule d'un humain ou quoi?!")). 

Je savoure quand même ce tête à tête avec la nature, le vent qui souffle comme dans Il Etait Une Fois Dans L'Ouest, les lapins qui détalent en m'entendant arriver, de temps en temps un kangourou, et le paysage superbe autour.


Ensuite, au milieu de la journée, comme nous l'a dit Toni, il suffit juste de survivre. C'est à dire que nous restons à l'intérieur, sous l'hypothétique (mais salutaire) fraicheur des ventilateurs, et nous évitons de trop bouger nos corps qui transpirent à chaque mouvement. Nous lisons, regardons des films, ou comme moi actuellement, pianotons sur l'ordinateur. Prendre une douche soulage pour quelques minutes, boire de l'eau froide pour quelques secondes. 
 
Puis, vers 17h, nous repartons travailler, en privilégiant quelque chose à l'intérieur. Hier nous avons épluché des gousses d'ail, tous les quatre en écoutant la radio. C'était plutôt relax, et ça donne une bonne odeur de Boursin au bout des doigts.

Et puis vers 19h30 (température extérieure: 30°) Toni nous a emmené chez des amis qui ont un étang pour se baigner. Moment génial, malgré nos amies les sangsues encore là et Julien qui m'a coulé encore une fois.



Une de ces adorables sangsues
Et c'est le soir quand la température redevient supportable que nous pouvons profiter de l'extérieur pour boire une bière bien fraiche, refaire le monde et discuter de sujets graves ou légers sous les étoiles, avec les moustiques qui nous dévorent les jambes.

Julien et moi cette nuit avons dormi dehors, juste sous la moustiquaire d'une tente immense, et je me suis dit là que quand même ça avait de la gueule tout ce qu'on vivait dans ce pays de l'autre côté du monde.


Jeudi 3 Février

Températures plus clémentes depuis deux jours, le thermomètre monte seulement jusqu'à 42-43°...
Nous avons continué le prunning, hier journée plutôt tranquille, nous avons aidé Dennis à mettre de la bière en bouteilles. Oui parce qu'ici, ils ont un truc formidable, dans les magasins on peut trouver des kits pour fabriquer sa propre bière! Je pense importer le concept en France (avec les Tim-Tam et les Meat pie)
Du coup, nous avons nettoyer et stériliser des bouteilles de bière vides, que nous avons ensuite rempli du délicieux breuvage (une bière brune) qui fermente dans un container depuis plusieurs semaines. Malheureusement (pour nous) cette bière n'est pas encore à point, et doit subir une seconde fermentation dans les bouteilles fermées pour 6 semaines.


Hier en fin d'aprem nous sommes retournés, avec Dennis et Toni cette fois, à la fameuse creek où nous avions été le jour où nous sommes arrivés chez eux. Sauf que du coup là eux ils connaissaient le bon coin, qui se trouve au bout d'une longue marche semée d'embuche, sous une chaleur étouffante et avec toujours ces mouches moites qui ont l'air de trouver un malin plaisir à bourdonner furieusement dans les oreilles, à se poser sur le coin de la bouche et à mordre douloureusement les mollets. C'était une véritable expédition, à se frayer un chemin entre les herbes hautes et coupantes, à escalader des rochers et des barrières branlantes, à traverser un bout de ruisseau sur les cailloux, à tenter de ne pas glisser dans les pentes en sable rouge avec des tongs absolument pas adhérents. J'avais l'impression d'être dans une jungle équatoriale, en pleine guerre du Vietnam, ou au milieu du Jurassique (j'aurais vu un tigre ou un tricératops sortir d'un fourré je ne me serais qu'à peine étonnée)


La troupe des explorateurs (Toni, Julien, Dennis)

Se baigner dans des rivières comme ça est assez déroutant. On n'a pas pied (de toute façon si on l'a il vaut mieux éviter de poser le pied par terre de peur de réveiller les sangsues (et les monstres sous-marins)) on nage sans cesse du coup (et moi qui suis terriblement sportive je ne fatigue pas au bout de deux minutes bien sûr) avec toujours cette espèce d'angoisse profonde, face à cette eau noire où on ne voit pas le fond, de sentir d'un coup quelque chose vous attraper et vous tirer dans les ténèbres...
Mais bon il fait tellement chaud, et on a tellement envie de se débarrasser de ces saletés d'insectes volants, que l'on ne se fait pas prier pour sauter dans cette eau délicieusement fraiche.

Julien qui essaye de faire son malin (mais là il était en train de gueuler: "mais aide moi je vais me casser la gueule!!")

Au retour nous avons eu le droit à un superbe coucher de soleil, et à une visite entre chien et loup d'un vieux cimetière rempli d'herbes folles et battu par les vents (manquait juste un corbeau sur une vieille croix en bois, et des dollars cachés dans une tombe)


Si je ne devais choisir qu'une chose à photographier en Australie, ça serait le ciel
Sunset on hills


Je vais finir là cet article, je ne dois pas user trop de connexion. Demain nous reprenons déjà la route (Dennis et Toni s'en vont quelques jours à Adelaide) pour filer prés de Port Pirie pour le deuxième wwoofing. Espérons qu'il fera un peu moins chaud, et que ça sera aussi sympa et "australien" qu'ici!


Juste pour finir: évidemment je n'ai pas pu m'empêcher de fabriquer une couronne et un bracelet avec des branches d'oliviers! (pourquoi ne pas faire des paniers en olivier?)
J'devrais faire empereur romain moi, tiens...!


Commentaires

  1. oui ça existe les paniers en olivier, y-en-a-un à la maison ^!
    continu bien ce rêve ...
    bisous

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  2. Merci de nous avoir fait partager tous ces paysages somptueux et ses couleurs invraissemblables : juste sublime ! continues a ouvrir tes yeux et a prendre tout ce que la nature et en général l'australie t'offe ! go on and enjoy ! bisou bisou razine !

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  3. putain les araignées c'est badant !j'irais jamais dans ton pays moi ! bon en tout cas c'est vraiment magnifique, les paysage sont vraiment sublime, rien a voir avec la lorraine quoi! et en effet tu as vachement bronzé !on dirais une indienne ! bon c'est cool mon beurthon ! bonne continuation !!

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  4. superbes images !!! dites, les gens, vous pensez qu'ils sont tous nus lorsqu'ils barbottent dans l'eau ?

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  5. trop belle en romaine ! mais les sansues et les araignées c'est pas trés cool. A propos un pape est mort, un autre pape est appelé a régner, a régner ,a régner quel drole de nom pour un pape ...Pourquoi pas libellule ou papillon? rions 3 fois, ha ha ha mais tu n'as pas ris, recommencons, un pape est .....bisoux VIEUX TRESSAGE

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  6. Alors la suite ? ! ...
    on s'impatiente !
    bisous bisous

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