Pour quelques dollars de plus

Edit du 11 avril: quelques photos et cette superbe carte pour que vous puissiez me situer! (le dernier point rouge tout a gauche c'est la ou nous sommes actuellement)



Le 11 Mars au matin, nous avons repris la route vers de nouvelles aventures. Nous avons roulé toute la journée pour couvrir les 400 km et quelques qui nous séparaient de Denmark, notre destination suivante (oui en Australie, 400 km, c'est rien, vraiment) Nous avions prévu 2 jours, histoire d'avoir un peu le temps de se balader. 

C'est à Albany, à 40 km de Denmark, que nous avons fait étape. Albany, première colonie anglaise du Western Australia, construite afin de ne pas laisser le territoire aux français... Une petite ville assez sympathique, une des premières que je trouve charmante, avec ses bâtiments coloniales au bord de l'océan. 

Afin de passer la nuit, nous nous somme éloignés de la ville pour nous rendre dans le parc national voisin, qui rassemble les attractions principales d'Albany. 
Nous pensions surtout, à ce moment là, à chercher un endroit pour dormir. Mais nous n'étions pas sereins devant les panneaux « interdiction de camper, de laisser sa voiture pour la nuit » qui s'affichaient partout à l'entrée des parkings. Une amende nous ferait trop mal au porte-feuille... 

Nous avons tourné un bon moment à la recherche DU coin tranquille. 
En jetant un coup d'oeil à une plage, Salmon Beach, qui, comme son nom l'indique, est réputée des pêcheurs pour ses saumons, nous avons remarqué un petit groupe de personnes au loin sur le bord de rochers énormes et polis par la mer, là où des vagues viennent se casser en roulements d'écume. « Encore des cons de backpackers qui veulent être au plus prés du danger » nous nous sommes dit. Cependant, Julien avait doucement envie d'aller voir de plus prés. Et moi, bizarrement, moi qui d'habitude est limite trop prudente, je sentais également le titillement de la curiosité. 
C'est une fois arrivés sur le rocher que nous avons pu constater que les gens présents n'étaient en aucun cas des cons de touristes, mais un groupe de pêcheurs aborigènes (moi ils me font beaucoup penser aux manouches, et ce n'est pas péjoratif) Les cons de touristes en fait, c'était nous, nous étions les seuls, en tongs et appareil photo en bandoulière, au milieu des pêcheurs de saumons. L'un d'entre eux a commencé à discuter, et nous a dit qu'il y avait un grand requin blanc qui rodait dans le coin « là là là! » disait-il en montrant les vagues. Et nous nous ne voyions rien... Nous faisions un peu semblant « ah oui là la forme grise qui bouge » mais l'homme montrait déjà un autre endroit.
Un autre, au look de cow-boy des mers, était au plus prés des vagues, là où le rocher est lisse et glissant, et accrochait un saumon au bout d'une longue bobine de cable. « il va attraper le requin! » nous dit l'homme. Nous commencions à ressentir l'excitation qui secouait alors tout le groupe. 
Au bout de quelques minutes, l'homme à coté de nous se mit à crier: « He got it! He got it! » Le requin s'était fait prendre. Nous scrutions l'océan, tentant d'apercevoir la bête. Et d'un coup, un aileron. Un éclair gris. Le profil du grand requin blanc qui se débat dans l'écume.
Le pêcheur de requin, bien campé sur ses jambes, fatiguait sa prise au bout de son lasso, et l'attirait sans cesse plus prés de la plage. 



Du haut du rocher, tout le monde maintenant suivait la progression du duel entre l'homme et l'animal. Les autres avaient laissé de coté leurs saumons pour un temps, et nous exultions tous à chaque fois que les vagues laissaient apparaître le requin, impressionnés par la taille du prédateur, excités par cette lutte mortelle qui fait vibrer les hommes depuis toujours.
Le requin, épuisé, se retrouva pris au piège entre deux rochers, balayé par les vagues. L'homme appuya sa domination en lui plantant un harpon dans la joue, et engagea sa dernière action, ses dernières forces à tirer l'animal sur la plage. 


Il était face à nous, le mangeur d'homme, les dents de la mer, agonisant sur le sable. Impressionnant. Nous étions tous autour dans la même liesse, tout en demeurant à une certaine distance de lui. Bien que diminué, il restait effrayant. 

Le cow-boy des océans avait retiré sa veste et sa chemise, et reprenait son souffle un peu en retrait. Il revint vers sa prise, sortit un grand poignard d'un étui accroché à sa ceinture. Il chevaucha le requin, et dans un grand geste précis, lui enfonça la lame dans le cerveau. Le requin se débattit une dernière fois. L'homme l'acheva de plusieurs coups à la tête. 

Le requin n'était maintenant plus qu'une dépouille gisant dans le sable et le sang, et nous pouvions enfin nous approcher de plus prés, le toucher, caresser sa peau douce et rêche à la fois, admirer les reflets nacrés de son dos, le découpage aiguisé de ses ailerons et de sa queue, ses petits yeux vides d'expression, sa bouche béante... Nous pouvions jouer les intrépides, poser fièrement prés du prédateur désormais inoffensif.


Ça vous paraît peut-être un peu « barbare », mais en Australie, on se retrouve confronté à certaines réalités un peu crues de la place de l'homme dans la nature. On tue un mouton pour le manger, on tue un requin pour éviter qu'il nous mange... Et je dois dire que c'est puissant de vivre ce genre d'expériences, de ressentir du fond de ses tripes un mélange d'effroi et de fascination... Julien et moi sommes restés surexcités toute la soirée, hallucinants sur ce que nous venions de vivre, une expérience que surement peu de backpackers vivent, « la vraie Australie » comme nous a dit un des pêcheurs à la fin...

Nous avons finalement dormi sur le parking le plus éloigné de la route que nous avons pu trouver. Et personne n'est venu nous contrôler. Au matin, nous avons fait le tour des attractions du parc national, qui, malgré leur caractère touristique, méritent le détour. 
Le « blow hole » un trou dans un rocher où les vagues viennent cracher un jet d'embrun dans un bruit qui ressemble au souffle d'une baleine, le Gap et le Bridge, superbes constructions naturelles que les vagues viennent frapper, élevant des gerbes d'écumes. 

Julien sur le Bridge
Et comme l'Australie est finalement un bien petit pays, j'ai croisé là une allemande que j'avais déjà rencontré, une des petites blondinettes de mon backpacker d'Adelaide avec qui j'avais été à la plage. Questions habituelles: « tu fais quoi ici, t'as fait quoi depuis le temps? » Et elle a été super étonnée: « en deux mois tu n'as fait que la traversée entre le South Australia et ici??... Moi j'ai été à Sydney, Melbourne, j'ai pris un tour jusqu'à Alice Springs (ndlr: 700$), puis je suis allée à Perth... » Gnagnagna... Du coup après cette rencontre j'étais un peu énervée. Je ne suis pas déçue de tout ce que j'ai fait jusqu'ici, loin de là, mais ça m'agace d'en voir certains, friqués ou chanceux, qui ont déjà parcouru la moitié du pays, sans problèmes ni doutes, alors que nous nous avançons tellement pas à pas. Mais d'un autre coté, nous profitons à fond de chaque endroit, notre aventure ne ressemble à aucune autre grâce au wwoofing, aux personnes et aux lieux extraordinaires que cela nous fait découvrir... et chaque avancée dans notre périple nous enthousiasme, au milieu de tous les backpackers qui font tous à peu prés la même chose, nous avons l'impression (ce n'est sûrement qu'une impression) d'être un peu à part, avec notre petite voiture où l'on a ni le confort d'un van, ni la robustesse d'une jeep...

Cependant, notre point noir commence à se faire pressant: l'argent. Nous avons besoin d'argent, même si nous dépensons peu. Pour continuer notre voyage, aller partout où nous rêvons d'aller, et ne pas toujours être en train de compter nos sous...
Or, nous ne sommes pas les seuls à avoir cet objectif en tête... A Albany, il y a le samedi un grand marché avec tous les agriculteurs du coin. Je me suis dit: on va au marché, on parle aux gens, on demande s'ils ont besoin de main-d'oeuvre, on laisse nos numéros. Tout cela paraît si facile... Sauf que l'on a appris que l'on été les troisièmes à prospecter cette matinée-là.
Lors de nos demandes de wwoofing, on avait eu un échange de mails avec un vignoble un peu après Albany. Ils avaient déjà des wwoofers, mais nous avait laissé entendre que l'on pourrait peut-être faire une journée de vendanges le lundi qui venait. N'ayant pas de réponse concrète, j'ai proposé que l'on y passe. C'est toujours mieux d'y aller franco, de se faire connaître, tenter de se démarquer de la foule de backpackers... Hélas bien sûr, la réponse embarrassée des propriétaires est un peu la même que partout: « on est désolés, on a déjà 15 backpackers qui viennent pour travailler lundi, mais on garde votre numéro, peut-être que, dans deux semaines... bla bla bla » A ce moment-là franchement, j'ai commencé à perdre à nouveau espoir. Nous sommes bien trop nombreux, les saisons sont mauvaises, et avec les inondations au nord et dans le victoria, il y a une concentration trop importante de backpackers (et surtout de français! Il n'y a que ça!) au sud et à l'ouest. On est tous là à tourner en rond comme des poissons dans une flaque d'eau, on se bat pour une journée de travail, et surtout on a tous les mêmes idées. Appeler le Harvest Guide ne sert plus à rien, ils nous répondent depuis un mois qu'il n'y a plus rien nulle part. Alors on fait tous pareil: on fait le tour des fermes, on demande, on appelle tous les mêmes numéros, on reçoit tous les mêmes « tuyaux », on va tous dans les mêmes agences, on fait tous pareil en pensant faire différent. On a tous le même profil, je le vois bien dans le regard des gens chez qui l'on tente notre chance, on a rien de différent des autres, on est tous de gentils jeunes européens en voyage, on est tous volontaires, on a tous besoin d'argent. J'ai parfois presque l'impression que l'on ne nous prend pas au sérieux, et, tout en étant toujours très sympathiques, certains nous envoient gentillement promener en nous donnant des numéros d'agences pour l'emploi qui fonctionnent surtout pour les australiens... Ou alors on nous conseille de contacter une auberge à Albany qui fait l'intermédiaire. Une auberge où bien sûr il faut séjourner, si l'on veut avoir la chance d'être placé dans une ferme... Marché juteux que celui des backpackers en recherche d'emploi... Et pour ma part je trouve ça ironique de voir qu'en France, un pays où « le marché de l'emploi est bouché », on nous supplie presque de faire les vendanges... On devrait faire venir des jeunes australiens...!
Bref.

En début de soirée, nous sommes finalement arrivés chez notre hôte, à Youngs Siding, prés de Denmark. Nous avons découvert sa maison... avant lui. Il était à un match de cricket (ce sport incompréhensible...) il nous a donc laissé la porte ouverte avec instructions de faire comme chez nous en attendant son retour. Nous avons tout exploré bien sûr, recherchant le moindre indice sur l'identité des personnes vivant là (nous pensions qu'il s'agissait d'une famille). 
En fait, Andrew vit tout seul. Ses fils sont partis de la maison (ils font tous les deux des études... de sport), il n'est plus avec leur mère et il a une autre maison, récente et moderne, à Denmark où vit sa copine. Ici ce n'est pas une ferme, les seuls animaux sont deux vieux chevaux qui restent toute la journée au prés à brouter, et une chienne qui, comme tous les chiens, est obsédée par sa baballe. 

Lexie and the ball

Pas de cultures non plus, juste un petit jardin, et surtout une forêt qu'Andrew est en charge d'entretenir. De plus, il a un boulot d'ingénieur (ceux qui calculent les propriétés et divisent les terrains) à l'extérieur. Comme il nous l'a expliqué, avant il ne travaillait que 3 jours en complément de revenus, maintenant il travaille 5 jours sur 7. Du coup, nous sommes souvent tous seuls, à gérer notre planning comme nous le souhaitons. Niveau bouffe on mange bien, notre hôte est végétarien (et oui les wwoofing se suivent et ne se ressemblent pas!) mais on se rend compte avec lui que l'on peut manger délicieusement sans viande: quiches, tacos, légumes au curry, omelettes...

Chez Andrew
Niveau travail, nous avons eu des tâches à effectuer dans sa maison de Denmark: étaler des copeaux dans les allées, vernir les fenêtres et le revêtement en bois, et le week-end nous bossons avec lui à Youngs Siding: défrichage, ainsi que la mise en place d'un parterre de briques. 

Andrew et les briques
Et le reste du temps, nous travaillons pour son voisin (et ami) Tony, menuisier tchatcheur. Chez Tony, on fait des boulots que je qualifierais de physique... On a nettoyé un trou entre deux rochers: arracher les plantes, écoper l'eau avec un seau (je n'ai même pas réussi à faire la technique du tuyau comme pour vider les bassins d'osier), creuser la terre, encore et encore, creuser, creuser, pelleter et pelleter encore, les pieds dans la gadoue. Et ensuite évidemment, il faut faire quelque chose de toute cette terre déplacée, la racler, la pelleter, remplir la brouette, et l'étaler dans les trous du jardin... Le râteau, comme la pelle, sont devenus mes ennemis jurés. On a aussi installé des plaques de tôles autour de l'enclos des poules, pour empêcher les renards de venir. Là encore il a fallu creuser une tranchée. Julien s'échinait avec la pioche, tandis que moi je devais retirer la terre, avec la pelle, avec les mains. Et ensuite installer les tôles, et tout reboucher, racler la terre... On ne travaille pas longtemps dans la journée, mais ces efforts sont intenses. On finit avec de la terre partout, des ampoules, des courbatures, un bon mal au dos. Heureusement, Tony nous fait des bons sandwichs à midi, nous offre le café (avec des biscuits au chocolat), l'apéro (vin blanc et... FROMAGE DE CHEVRE!) et surtout il nous a fabriqué à chacun une cuillère en bois, avec un bois qui ne se trouve que dans la région...

En plein taf
Niveau loisirs, on a la plage à 5 minutes... Julien tente d'apprendre à surfer grâce aux boards de notre hôte et de ses fils. Moi je préfère explorer les alentours, grimper sur les rochers pour capter de plus prés le fracas des vagues. 




On a aussi tenté de pêcher des crabes, deux heures de course-poursuite dans les rochers à l'aide d'un bâton en bois et de gants de jardiniers, pour finalement ramener un petit crabe vivant, et un gros mort, moitié écrasé. Le repas fut léger!

Comme vous l'avez remarqué, pas d'internet ici (et à la bibliothèque de Denmark c'est payant, les enflures!) du coup on regarde pas mal de films (entre autres: « the good, the bad, and the ugly » que j'ai fait découvrir à Julien), et quelques émissions à la télé dont... la version australienne de « l'amour est dans le pré »! Bizarrement par contre les fermiers ressemblent plus à des mannequins Calvin Klein qu'à Roger sur son tracteur... Mais c'est marrant de voir les lieux où l'on « pourrait » faire du wwoofing, et les ptites nanas des villes (évidemment) qui rassemblent les moutons en talons et pleurent au marché à bestiaux...Et comme nous avons le champ libre niveau organisation, le matin à 10h20 est pour nous l'heure des news françaises... Tsunami et catastrophe nucléaire au Japon, frappes aériennes en Libye, cantonales, Marine le Pen, grande marée au bassin d'Arcachon, le nouveau film d'Emmanuelle Béart... Nous suivons tout. Mais c'est étrange comme la France paraît loin, très loin. Comme toutes les préoccupations qui sont celles des français (nuage radioactif, batailles électorales, retour du printemps...) me paraissent comme étrangères... (vous le vivez comment, vous, tout ça?) Et comme la France est amusante vue de l'extérieur, à toujours s'angoisser de tout, toujours pinailler, toujours se crêper le chignon, toujours râler sur tout! Étrangement on est quand même accro à ces news françaises, que l'on a du mal à louper.
Moi, après 4 mois en Australie, ma vie est bien ici pour le moment, et j'ai un bon indice pour ça: c'est à Taralee Orchard la première fois que j'ai fait le « rêve du backpacker ». Julien m'en avait parlé avant, c'est un rêve que tout backpacker fait au moins une fois: on rêve que l'on est rentré dans notre pays, mais trop tôt, sans avoir fini son voyage, sans avoir fait tout ce que l'on voulait faire, sans avoir été prêt à rentrer. Super angoissant de se retrouver dans les rues où tout le monde parle la même langue que soi, où on se demande pourquoi on a pris l'avion et où on réalise que l'on a gâché notre opportunité et que l'on ne peut plus revenir en arrière! Et puis on se réveille, ouf! Soulagé d'avoir encore du temps et des aventures devant soi... (Maryon, Ellie, vous l'avez fait ce rêve?)

Et entre tout ça, toujours, la recherche de travail... On essaye de suivre les plans que nous donnent Andrew et Tony, persuadés que c'est notre meilleur chance. Mais partout où l'on va, il y a toujours une vingtaine de backpackers qui sont passés avant nous, il n'y a jamais de travail pour nous, on nous dit toujours la même chose « peut-être dans deux semaines » « on garde vos numéros ». Difficile parfois de ne pas se démoraliser. J'ai même dû moi-même remballer deux français venus prospecter jusqu'à chez Andrew (qui est pourtant bien paumé dans la forêt) « désolée les gars, je sais ce que c'est, nous aussi on cherche, mais pas de boulot ici! (cassez-voooooooous!!) »
On essaye d'avoir de nouvelles idées, des trucs auquel personne n'aura pensé. J'ai même pensé faire de la vannerie, c'est pour dire...

Et, le 22 mars, la chance tourne en notre faveur (enfin) Tony nous annonce... qu'il nous a trouvé un travail! Une amie à lui a demandé à une ferme où elle achète ses légumes. On a rendez-vous deux jours plus tard. Moi je reste méfiante, ça paraît trop beau. J'ai peur qu'ils nous reçoivent juste par politesse, ou nous propose un genre de wwoofing, ou une entourloupe comme ça... Jeudi 24, on va au rendez-vous. Un couple de vieux, hollandais, qui ont une ferme de légumes bio au fond du bush, au bout d'une longue et tortueuse route de terre où certainement peu de backpackers vont s'aventurer... Ils ont déjà des jeunes qui y travaillent, mais un couple de français partent le lendemain pour reprendre leur voyage. Ils ont donc besoin de remplaçants, et cette fois, pour la première fois, c'est nous qui avons la chance de tomber au bon moment! Ils nous expliquent un peu le boulot, du picking de beans et de tomates principalement, ainsi que du désherbage, et peut-être du package pour les marchés. Nous ne savons pas bien pendant combien de temps, mais même si ce n'est qu'une semaine, c'est toujours mieux que rien et ça fera du bien au compte bancaire et au moral...

Après une semaine de travail chez Aard et Eve, je me dit que nous avons vraiment eu de la chance de tomber sur un boulot comme ça, sur des gens comme ça. Le boulot est diversifié, nous avons commencé par du picking de tomates, puis du tri et de la préparation de betteraves, nous avons aussi déterré et rangé des longs tuyaux d'irrigation (boulot un peu « physique » mais qui réchauffe le matin!), fait un peu de weeding, cueilli et lavé des pumpking (des citrouilles aux formes bizarres), et j'ai fini la semaine en aidant Eve à préparer des sachets de pomme de terre, des bottes de persil, des boites de basilic, des filets de poivrons, des sacs de haricots verts, pour le marché d'Albany... A vrai dire j'ai plus l'impression de faire du boulot de wwoofing, c'est même moins dur que ce que nous faisions avec Tony. Ils sont plus exigeants sur la qualité de notre travail que sur le rendement, car de cela dépend leur réputation de légumes de haute qualité. Et j'ai rarement vu des légumes aussi beaux: les salades ressemblent à des roses, les citrouilles à des oeuvres d'art, les haricots feraient pleurer d'émotion un carnivore... Et tout cela sans aucun produit chimique.
Et je retrouve là l'avantage d'être une fille, j'échappe aux travaux durs pour rester avec Eve dans le shed à laver et emballer les légumes, et papoter sur les hommes, la vie, la nature, les voyages...

Nous sommes avec deux canadiens français (mais pas québecois, attention!) qui ont surtout besoin d'argent pour s'acheter quelques herbes magiques... Encore une nouvelle façon de voyager, bien différente de la notre, où l'intérêt est surtout de boire, fumer et faire la fête, genre Road Trip à l'américaine (ils n'ont que 18 et 21 ans aussi) Nous avons passé une soirée avec eux, où ils nous ont emmené chez un vieux australien dont la maison sert de squat à tous les backpackers sans l'sou et hippies dans l'âme... Dessins et p'tits mots sur les murs, vieux canapés mous et tentures népalaises, feu de bois et abat-jour en carton de packs de bières, tout y était. Et le vieux à surnom et à longues moustaches qui parle avec déjà le cancer dans la gorge, le mi-vieux-beau à béret, boucles d'oreilles, chemise indienne et pantalon à trous, et le couple anglo-indou, avec la nana blonde hallucinée comme il y en a toujours dans les films sur mai 68... Sans oublier bien sûr le moment où ils ont sorti les guitares et commencé à jouer du blues. Moi je m'étais déjà endormie après la vidéo sur le surf, mais c'était quand même une soirée sympa, avec l'avantage de la découverte d'un chanteur des années 80: Stevie Ray Vaughan.

Niveau organisation, pour l'instant nous restons chez Andrew. Nous travaillerons le week-end pour lui, pour notre logement, et nous payons notre propre nourriture. En ce moment, deux français sont également ici, un couple qui avaient fait du wwoofing chez Andrew l'an dernier et qui reviennent en Australie dans l'idée d'y rester définitivement. A croire que les français désertent vraiment la France!...

Le mot de la fin pour remercier tout ceux qui me laissent des commentaires, qui m'encouragent et me donnent des nouvelles, merci à vous, c'est grâce à ça que je m'échine à écrire ce blog en tentant de ne rien oublier, et en essayant de le tenir du mieux possible, avec photos en prime, malgré les difficultés d'accès à internet!

Commentaires

  1. UN PETIT COUCOU DE PASSAGE CHEZ ROGER ET SYLVAINE( pres de FAYL, tu te souviens tu as dormi chez eux dans une vie antérieur !)merci pour la superbe description du combat contre le requin. GROS BISOUS VIEUX TRESSAGE

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  2. c'est excellent !!!!!
    je rentre de bruxelles, j'avais l'impression d'avoir voyager avec la belgique et là bing un article de nanou from australia ! ca calme !
    moi aussi je veux les requins, les squat de hippies (le cliché quoi!!!) et les haricots qui font pleurer !!! (je songe de plus en plus a partir aussi) ne rentre surtout pas avant d'avoir epuisé ta soif de conquete , ici c'est morne, comme tu dis, l'angoisse du quotidien pour de la merde (le racisme , l'argent qui se fait rare, les boulots, sarkozy...) mais y'a meme pas les paysages pour compenser (les usines de pont à mousson bof!) c'est la routine , et t'as vraiment le temps de retomber dans la routine, pour le moment profite de l'experience la plus dingue de ta vie !!
    je t'embrasse , et meme si tu me manque je suis ravie pour toi !!!

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  3. Cool l'histoire avec le requin ! Tu as de la chance d'être là-bas, en France c'est pas aussi magique^^. Bon courage pour la suite !
    Biz
    Laurie

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  4. Roxane!
    une belle pêche au requin blanc avec les aborigènes, ne vaut-elle pas mieux que des km en van sans rencontrer personne ?
    des discussions philosophiques avec des paysans Australien te guident et t'aprennent-elles pas à voyager,regarder et aprécier ce qui t'entoure ?
    ton voyage est grand, beau, tes récits sont pationnants, j'y suis complètement accros ! ...
    Içi le nuage radioactif, je ne l'ai pas vu, on en à beaucoup parlé peut-être pour faire peur ?
    les élections ? le maire d'Azay (tu sais celui qui t'avait fait la bise avec ses grandes moustaches ^^)s'est bien fait sortir, il ne sera pas conseiller général.
    l'osier bourgeonne et les enfant commencent à piailler dans le jardin, et faire trop de bruit dans l'atelier...
    A +
    gros et affectueux bisous

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  5. bah carrément en plus tu le vis vraiment c'est choc quand tout le monde parle français autour de toi (c'est pas un rêve!!!!)
    et sinon elle me fait rire l'allemande que t'as rencontré, t'as trop pas mis assez de temps à voyager deux mois c'est rien, tu verras comment dans deux ans tu penseras que tu aurais dû rester (hinhinhin)
    jtembrasse poulette j'espère que t'as pas trop bouffé de poissons radioactifs (nous on en pense rien, de toutes façons, c'est pas dangereux ils ont dit...)

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  6. Ello sa fait longtemps voila je vois que tout vas bien. et se qui me consterne tout vas bien toujour si geek otaku et j'ai 2 cosplay bientot 3 mais pas encore et le boulot sa vas super voila veux te persenté les vocaloid ses un ou une chanteur(se) qui a prétais sa voix pour un programe et sa donne sa
    http://www.youtube.com/user/zubi1989able?feature=mhum ses pas mas préfairé mais bon ^^ ses une parmi tant d'autre la ses miku hatsune la musique s'appelle panda mais ses pas gamin ses fait pare des personne le plus souvent adulte qui on composer heu méme la musique et les song.

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  7. tiend ? les briques ça'm'fait penser à la tommette !...

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  8. Bonjour Roxane, un petit coucou de l'autre côté du monde et plus exactement du Maine et Loire. Eh oui, ici on attend de tes nouvelles avec impatience, tes récits sont toujours captivants et je voudrais te dire un grand MERCI pour nous permettre de voyager. C'est vraiment super ce que tu fais et vas-y, fonce, vis ton aventure pleinement. Au plaisir de lire la suite,
    Biz Your cousin : Mireille and Co

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  9. Bon courage pour la suite de la route et j'attends toujours de te lire avec impatience! ça vaut le coup de tenir le blog à jour parce que je suis sûre qu'on est beaucoup à guetter la sortie de chaque nouvel article! Gros bisous
    Jul's

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  10. "on tue un requin pour éviter qu'il nous mange.."

    C'est sûr qu'avec 11 attaques mortelles en 2011, on se sent en danger. N'oubliez pas les éléphants et leurs 600 victimes, les serpents (100000), les moustiques (2 millions) blablabla...

    Butez tout ce qui bouge, on n'est jamais trop prudent.

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    1. Jérôme, tu as tout à fait raison. Je ne retranscrivais ici que ce que j'observais de la vision des choses de certaines personnes en Australie, et leurs façons de vivre.
      Si tu lis plus loin dans mon blog, tu te rendras compte que je ne suis pas du tout le genre de personne à vouloir buter tout ce qui bouge. Je me suis juste confrontée à un mode de vie et de pensée différent du mien.
      Ce genre de commentaires me parait, à vrai dire, assez étrange, puisque de toute évidence tu n'as pas vraiment été plus loin que cet article, et que tu balance un message agressif sans savoir à qui tu le balance.
      Roxane.

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