De la Vallée des Géants à l'Océan Indien

*edit du 30 avril: quelques photos en plus!*

C'est l'automne. Hé oui l'été n'est pas éternel, même ici. Tandis que vous, en France, vous sortez de votre froide léthargie hivernale pour entrer doucement dans des températures de saison (c'est David Pujadas qui l'a dit), nous, depuis quelques semaines, on connait le froid piquant et la brume du petit matin, la pluie et le vent (très très désagréable quand on bosse dehors), les arbres qui se couvrent de jaune, et la lumière du soleil qui devient plus rasante. Un vrai temps de début octobre (avec quand même des températures pouvant grimper à 35°, on est en Australie tout de même)
Les deux dernières semaines de boulot ont été moins « tranquilles » que la première semaine. Nous avons fait beaucoup de weeding, du désherbage. Un champ entièrement recouvert de mauvaises herbes, puis des lignes de betteraves fraichement plantées où il fallait piqueter des toutes petites mauvaises herbes autour des toutes petites betteraves, courbés en deux assis dans la terre. Du travail de fourmi. Une ligne de 50 mètres en deux heures. Il nous a fallu aussi faire les rangs de haricots, doucement envahis par des orties et... des carottes. Nous devions arracher les premiers (et ce n'est pas une épaisseur de trois gants en plastique qui empêchent ces saloperies de te piquer méchamment) et laisser les secondes (des fois nous avons surement du faire l'inverse) 

A droite, le champs de betteraves, à gauche, le champs d'haricots
Et c'est là que l'on se sent au plus prés de la nature, le nez dans la terre, les araignées et les vers de terre s'enfuyant sous nos doigts, les kookaburas se moquant de nous dans les arbres alentours, et le ciel au dessus de nous, parfois d'un bleu limpide laissant au soleil tout le loisir de nous rôtir au milieu de nos légumes, parfois changeant, les nuages roulant depuis l'horizon jusqu'au zénith, passant du blanc rassurant au gris menaçant, faisant hurler le vent et nous faisons courber l'échine un peu plus pour tenter d'éviter les gouttes...
Et après trois semaines de travail, nous voilà de retour sur les routes. Nous aurions aimé travailler plus, et en même temps, nous avions déjà de nouveau la bougeotte. Nous repartons donc direction le Nord, Margaret River, Perth, la West Coast, le compte en banque un peu remplumé.

Julien avait fait un brownie et une tresse (brioche) pour le voyage, miaaaaaaaam!

Dimanche 17 Avril

Quelque peu retardés par la pluie, ce n'est que sur les coups de 16h que nous prenons enfin la route, la voiture aspirée et rangée, chaque chose propre, en ordre et à sa place (ce qui ne dure jamais après deux jours de route) Départ un peu mou, mais départ quand même. Et sans mauvaise langue, je suis plutôt soulagée de quitter l'endroit, la cohabitation avec les français devenait un peu lourde (un gardien de prison et une comptable, trop sérieux pour nous!)
Vu l'heure, sachant qu'ici la nuit tombe à 17h30 (et oui c'est réellement l'automne!) nous avons juste eu le temps de faire nos courses de bouffe, et de chercher un coin pour dormir, en l'occurrence le parking du « Giant Tingle Tree », une des attractions de la Vallée des Géants. Là nous nous sommes amusés à avoir peur dans la pénombre au milieu de ces arbres immenses, auxquels la nuit et notre imagination donnent des silhouettes inquiétantes, mouvantes, vivantes...

Lundi 18 Avril

Ce jour là nous avons donc, en plein jour, pu constater que ces arbres n'avaient rien d'effrayants. Les karris sont juste de massifs géants centenaires, indifférents aux fourmillements des humains à leurs racines, 30 mètres plus bas. Nous avons visité et posé devant le Giant Tingle Tree, dans lequel autrefois on pouvait parquer sa voiture, et fait les bons touristes au Tree Top Walk, super attraction qui permet de grimper à 40 mètres de haut, sur des passerelles en fer qui vacillent sous les pas des visiteurs, et admirer le vide en dessous de nous depuis la cime de ces géants de bois.

Giant Tingle Tree
Oui, oui, sur la passerelle, c'est moi

Nous avons ensuite enfilé les kilomètres, ignoré Pemberton et ses parcs nationaux un peu trop chers, et fini par nous poser sur un rest area à quelques kilomètres de Margaret River, où un Ranger nous a surpris au moment où nous hésitions à rester, dubitatifs devant le panneau d'une tente noire barrée de rouge. Il a surement été surpris par notre franchise: « nous voulons nous reposer un peu, où peux t'on aller? Nous dormons juste dans la voiture » et nous a accordé de rester « nous reposer » quelques heures... Nous avons donc passé la nuit sans problèmes.

Mardi 19 Avril

Arrivée à Margaret River, réputée pour ses surfeurs et sa bouffe (et son vin)
Une ville qui tente de conserver l'esprit hippy qu'elle a pu avoir il y a une vingtaine d'année, avec ses boutiques de fringues et bijoux népalais, bonnets jamaicains et tout ce qui tourne autour de la fumette, tout en vantant son raffinement gastronomique, dont les prix sont bien loin de la portée des traine-savates que nous sommes... Dans un premier temps nous avons été un peu déçus par cette ville, qui semblait ne pas nous offrir grand chose de « gratuit » et d'intéressant. Nous avons bien été sur les plages, admirer les petits bonhommes debout sur les vagues au loin, et hésité à louer une planche ou un canoë, mais payer, toujours payer... 

La plage des surfeurs, avec les règles de priorité et de sécurité (Benouche j'ai pensé à toi!)
Les pieds dans l'eau...
La journée a finalement été sauvée par des bonnes indications de la madame du point info, qui a compris ce que nous voulions, et nous a conseillé des dégustations gratuites... Du fromage dans un endroit (un tout petit morceau chacun, mais quand même), de la confiture dans un autre (un peu trop sucrée), et surtout, surtout, du CHOCOLAT, une immense fabrique de chocolat (où sont les Oompa Loompa?) avec des montagnes d'oeufs, de lapins, de chocolats de toutes sortes, très chers cela va de soi, et trois grands saladiers sur un comptoir, remplis de pastilles de chocolat blanc, noir, et au lait, autour desquels une masse de jeunes et moins jeunes se bousculent et se gavent de ce délicieux trésor (la chose, nourriturement parlant, qui me manque le plus dans ce voyage petit budget) J'avais le sourire aux lèvres, les mains collantes et la bouche pâteuse, me remplissant de chocolat jusqu'à l'écœurement. Miam!
Repus, nous avons fini notre journée au Nord de la région de Margaret River, là où les vagues énormes se fracassent sur les rochers, et comme nous n'avions pas envie de tourner des heures à la recherche d'un endroit où dormir, nous nous sommes posés sur le parking, où nous n'étions pas les seuls à dormir, ce qui nous a rassuré (on se sent toujours plus forts à plusieurs, même en se prenant une amende). Et nous n'avons pas eu de problèmes, et c'est magique de s'endormir et de se réveiller au son des vagues, de prendre son petit déj face à l'océan indien, de pisser sous les embruns dans le petit matin...

Pleins de rochers à escalader!
Et quelles vagues! Effrayant!
On fait moins le malin hein!
Mercredi 20 Avril

Après un petit tour au Cap Naturaliste pour nous dégourdir les pattes, nous avons filé à Busselton, où nous attendait sa jetée longue de 2 km. Jolie petite ville, où l'on commence à sentir la douceur de vivre de la côte ouest, l'océan turquoise, les perroquets partout en ville et les ados déguisés qui plongent depuis la jetée.

La jetée, les ados...
Pour passer la nuit, nous avons un peu tourné en rond, bloqués par des panneaux d'interdiction de camper ET de dormir dans son véhicule, à tout les endroits que nous envisagions.
Nous avons fini par trouver un rest area où tout était possible, et avons savouré une nuit en tente (tellement meilleure que dans la voiture...) au milieu de caravaniers australiens sympathiques. L'un d'entre eux nous a même prêté un marteau (faut dire que Julien tapait sur les sardines avec une pierre, ça a du lui faire pitié), nous a montré son bouquin où sont notés toutes les zones de camping gratuites, et nous a offert une boite de sardines, du thon et du capuccino soluble (on devait vraiment faire pitié!)

Julien fabrique une sardine en taillant un bout de bois, c'est ça, l'aventure...
Jeudi 21 Avril

Arrivée à Bunbury. La ville connue mondialement (au moins en Australie) pour ses dauphins sauvages qui viennent au bord de la plage saluer les touristes. On a été sur la plage, on a attendu, scrutant l'horizon, le coeur battant de voir apparaître une nageoire entre les flots. Pour les appâter (et pour s'occuper), Julien s'est mis à façonner un dauphin dans le sable, tandis que moi je gardais les yeux dans le vague (ha ha) 

"tu vois, Flipper, la vie n'est qu'un vaste océan..."
Les dauphins ne sont jamais venus.
Du coup on a fini par abandonner, et on s'est baladé dans la ville avant d'aller se délecter d'une formidable douche froide sur la plage. Et même si, quand on sent le jet glacé sur sa peau, on se demande un peu si tout ça en vaut vraiment la peine, on est quand même bien content après de se sentir propre, après 5 jours sans se laver.

Daaaau-phiiiin!
Ce soir là nous sommes retourné au rest area de la veille, trop contents de ne pas avoir à chercher où dormir. Nous nous sommes quand même perdus dans la nuit qui tombe, et nous avons surpris un troupeau de kangourous dans un champ, avant de retrouver notre route.

Vendredi 22 Avril

Bunbury, acte 2. Nous sommes une nouvelle fois retourné sur la plage, bien décidés à les voir, ces enfoirés de dauphins. Mais la surface de l'océan est restée définitivement paisible, juste troublée par un oiseau et un nageur, et quelques vaguelettes trompeuses qui nous faisaient avoir des hallucinations à force de les scruter.
Bougons, nous avons entamé une balade dans la mangrove, puis nous avons décidé, vu que nous avions du temps devant nous (notre hôte sur Perth ne pouvait pas nous accueillir avant le mercredi de la semaine d'après) de nous reconnecter au monde, de profiter du free wifi de la bibliothèque.
Et c'est là que nous avons compris. C'est vrai que les rues paraissaient étrangement calmes. C'est vrai qu'au bord du golfe, les familles s'étalaient comme un dimanche. C'est vrai que le parking du Coles (le Carrefour australien) semblait désespérément vide. Vendredi saint. Jour férié. Pas de commerce, pas de bibliothèque. Rien. Passées quelques minutes (ou heures, bon oui, je suis un peu geek) de désarroi total, il a fallu recalculer notre itinéraire et nos activités de la journée. Parmi les prospectus de l'office du tourisme, nous avons choisi d'aller voir le truc le plus gratuit et qui semblait le plus marrant du coin. Et nous avons atterri au milieu d'une cambrousse vallonnée, au bord d'un bois, dans un lieu nommé... Gnomesville, où, comme son nom l'indique, un millier de gnomes (comprenez: nains de jardin) s'ébattent joyeusement en liberté. Ce qui est drôle, c'est que ce sont les gens qui amènent eux-mêmes leur nain de jardin, l'installe avec ses petits camarades, lui construisent des cabanes, des promontoires, le déguise, écrivent son histoire, font des blagues aussi (genre « metrognome » ou « gnome sweet gnome »), il y a même des revendications (gnomes gay, lesb, bi), un bar de gnomes, un DJ gnome, etc. Franchement chouette, parce que complètement à l'arrache, et complètement nain-porte quoi (ha ha ha)

Ce soir là, nous avons roulé jusqu'à Pinjarra, un petit patelin qui nous avait été renseigné comme ayant un lieu de camping gratuit. Le lieu était en plein centre, juste à coté de l'Information centre et de la gare. Surtout réservé aux caravanes, avec interdiction de camper. Bon... nous avons donc dormi dans la voiture, bercés par les trains de marchandises (au moins 63 wagons!)


Samedi 23 Avril

Cette journée a été votée à l'unanimité comme étant la meilleure de ce périple.
Toujours dans notre soucis de gagner du temps, nous nous sommes rendus à Mandurah, ville côtière qui ne paye pas de mine sur la carte et dont personne ne nous a jamais parlé, mais qui, en vrai, nous a charmé. Déjà il faisait beau. Ensuite cette ville a la particularité d'être construite sur une marina, c'est-à-dire qu'elle est toute en canaux, genre Venise, ce qui lui donne un caractère bien à elle et qui nous change de la configuration habituelle des villes australiennes. Le cœur de la ville, là où il y a tous les restos trop chers qui donnent l'eau à la bouche, est ainsi au bord de l'eau turquoise, et on chemine sur des pontons ou quais de bois auxquels sont amarrés des bateaux, zodiacs ou bateaux de croisière qui promettent aux touristes 80% de chance de voir des dauphins. 


Enfin, comme c'était le week-end de Pâques, il y avait une foire et des animations. Du coup, tous les éléments étaient réunis pour passer une journée idéale de vacances, au soleil les pieds dans l'eau, au milieu des enfants, des ballons en forme de chiens et de l'odeur des saucisses (ou l'inverse)

Lequel des deux va bouffer l'autre...?
Une mobil farm!!
Des enfants-hamsters
Les "Molon Labe" locaux!
Mon nouveau pote
Une animation géniale: une course de canards en plastique sur la marina!
En fin de journée nous sommes retournés à notre camp de base à Pinjarra, où, pour chlore cette belle journée, nous avons savouré un bon repas riz/faux steack/sauce tomate/poivron à la lueur des lampadaires, les marches de la gare en guise de table et notre voiture pour la sono, nous offrant même le luxe de quelques bières.

Dimanche 24 Avril

Le lendemain, nous nous sommes réveillés sous la pluie. Mandurah avait l'air beaucoup moins charmante, du coup. La chasse aux oeufs de Pâques dans l'enceinte de la foire a quand même eu lieu, et bien sûr nous y avons participé, nous qui nous interdisons le moindre écart devant les alléchants étalages des supermarchés qui nous (qui me) nargue depuis quelques semaines. Nous nous sommes faufilés parmi les gamins et leurs parents, qui ont la chance d'avoir l'excuse pour participer à ces jeux « d'enfants » (alors que comme nous l'avons vu ensuite, bien souvent les parents prennent bien plus à coeur ces compétitions que leur progéniture) En fait de chasse aux œufs en chocolat, il fallait retrouver 8 dessins d'œufs avec des numéros, inscrire ces numéros et revenir chercher son lot auprès de l'animateur. Et c'est là que la grande bataille a commencé, pas de quartiers entre les familles, on a même vu un père tenter de dissimuler un des dessins. On ne rigole pas avec la chasse aux oeufs, chacun pour sa peau et tant pis si c'est sensé être « bon enfant ». On s'est quand même bien amusé à débusquer ces dessins plutôt bien camouflés, l'un sur le plafond d'un stand (on passe 10 fois dessous sans le voir), un autre en caméléon sur le décor d'un manège, ou même un scotché au dos du responsable des trampolines (la meilleure cachette!) Les deux premiers ont remporté un oeuf Canburry énorme, nous, nous sommes contentés d'un petit oeuf chacun, et c'était déjà beaucoup! Et, notre lot en main, nous avons un peu aidé les familles retardataires à trouver les oeufs qui leur manquaient.

Gnark gnark (oui j'ai les cheveux sales!)
Nous avons encore fait un p'tit tour dans la ville, puis, poussés par la pluie, nous sommes partis en quête de notre prochain lieu de repos, que j'avais noté d'après le livre des places gratuites où dormir. Et nous avons atterri dans un endroit que sûrement personne ne trouve sans ce bouquin, et sans un GPS non plus. Aucune indication, juste un vague chemin de terre ocre au milieu d'une forêt. Soit!

Lundi 25 Avril

Anzac Day. Encore un jour férié, et oui. Ce jour, qui est l'un des plus importants en Australie avec Noël et l'Australien Day, commémore un massacre de troupes australiennes et néo-zélandaises durant la Première guerre mondiale et rend hommage à tous les soldats Aussies tués depuis ce temps-là. L'Australie n'a jamais connu de guerre sur son territoire, mais envoie un bon paquet d'hommes se faire zigouiller dans tous les conflits du monde, et cela semble extrêmement important pour eux, presque stupide de notre point de vue, comme s'ils en étaient complexés et voulaient à tout prix ne pas être mis à l'écart des affaires du monde. Du coup, leurs « Memorials » sont démesurés, et leurs hommages d'un pathos presque hollywoodien. C'est à Rockingham, entre Mandurah et Perth, que nous y avons assisté. Que des militaires défilent au son de la fanfare, ça ne m'a pas surpris, on fait la même chose en France. Mais il y avait aussi des civils, beaucoup d'enfants, médailles du mérite sur le torse et airs graves, et j'ai compris avec un certain frisson d'effroi que ça devait être des familles de soldats disparus. De quoi faire pleurer dans les chaumières, et renforcer le patriotisme. Et le défilé se terminait par des troupes de jeunes, de gamins parfois, en habits de marins, de rangers ou de flics, surement la « relève », et j'ai trouvé, en exagérant un peu, que ce n'était pas très loin des enfants soldats que l'on voit dans les reportages sur l'Afrique.
Ensuite il y a eu des discours, une femme a lu un poème poignant sur « les enfants, papa est mort à la guerre mais ne pleurez pas parce que c'est un héros pour l'Australie et Dieu », il y a aussi eu un prêtre et des prières, la traditionnelle sonnerie aux morts et la minute de silence, et les couronnes de fleurs déposées au pied du mémorial, une bonne vingtaine offertes par chaque corps d'armée et associations du coin.
A la fin j'étais quand même déçue, même pas un vin d'honneur pour fêter tout ça.



Le midi, nous avons profité des barbecues gratuits et de plein air que l'on trouve dans toutes les villes australiennes, pour nous concocté un somptueux pique-nique saucisses un peu périmées/pain de mie et ships que nous avons dégusté face à la mer, sous un soleil éclatant. L'aprem nous nous sommes baladés sur la plage, baignés (elle était fraiche) et douché (elle était fraiche aussi, et j'ai vu une grand-mère à poil)

Mardi 26 Avril

Visite de Fremantle, Freo pour les intimes. Banlieue toute proche de Perth, réputée pour sa douceur de vivre quasi méditerranéenne. Nous avons surtout été frappé par la difficulté de trouver une place de parking gratuite. Nous en avons débusqué une un peu à l'écart du centre ville, où il n'était possible de rester que 2h. Plutôt stressant de devoir faire des allés-retours pour bouger la voiture. Nous avons fait le tour de la cité, où se tenait un festival d'arts de rue, et visité le marché, qui a des airs de souk avec ses toutes petites échoppes et son étalage de babioles et de bouffe en tous genres.


En fin de journée, n'ayant aucun endroit prévu pour dormir, nous avons pris plusieurs routes au hasard afin de trouver le lieu discret parfait, dans la campagne sans trop nous éloigner de Fremantle où nous avions prévu de revenir le lendemain.
Et là, c'est le drame.
Dans la semi-obscurité s'abattant sur nous à 17h, nous avons emprunté un chemin isolé bordé par une ligne téléphonique. Dans l'optique de nous camoufler le plus possible, nous nous sommes enfoncés dans ce chemin sombre... Enfoncer, c'est le bon mot, puisque notre bagnole, dépourvue de système 4x4, n'a pas mis longtemps à s'embourber dans le sable. De plus, elle se trouve être si ras du sol que même en dégageant les roues, tout le reste de la voiture restait encastré dans le sol. 
Pendant de longues, longues minutes, nous avons désespérément creusé autour et sous la voiture, nous recouvrant des pieds à la tête de poussière noire, installé des rampes de bois derrière les roues, tenté toutes les manœuvres possibles pour libérer la voiture.
Finalement, à bout de solutions, nous avons entrepris de marcher jusqu'aux habitations, que nous devinions grâce à l'aboiement d'un chien. 
La jeune femme qui nous a ouvert a du être un peu effrayée devant nos vêtements noirs de sable et nos gueules de mineurs de fond. Elle a appelé son mari, qui a enfourché son gros 4x4 pour venir à notre aide. La voiture a été tirée de ce mauvais pas en un rien de temps, d'une façon presque trop facile. Le gars nous a proposé, en bon australien qui se respecte, de venir prendre une douche chez lui. 
Nous pensions à ce moment là que le pire était derrière nous... Mais quand nous avons voulu le suivre, la voiture n'avançait plus. Ou plutôt si elle avançait, mais il fallait donner tellement de gaz pour la faire se mouvoir, dans un hurlement déchirant et une odeur de cramé, que nous avons compris qu'il y avait un gros, gros problème. Saloperie de bagnole. Et en plus, il s'est mis à pleuvoir. 
Jarrod (puisque c'est son nom) se retrouvait un peu emmerdé avec deux backpackers sales et leur voiture cassée, ne sachant pas bien quoi faire. Il ne pouvait pas nous emmener chez lui, parce que ses enfants et le fait qu'il partait le lendemain tôt. Il ne pouvait pas non plus nous abandonner au milieu de la route, sous la pluie et dans le noir. Il nous a donc tracté jusqu'au lieu de son boulot, une entreprise en bâtiment dans une zone industrielle toute neuve au bord de l'autoroute et d'un « parc » qui ressemble plus à une déchetterie (l'Australie n'est pas belle partout...) 
Là nous avons pu prendre une douche chaude, une bière fraiche, et Jarrod nous a proposé de passé la nuit sur le parking, et que demain un de ses collègues nous aidera. Nous avons même eu droit à l'électricité et la lumière, le grand luxe.

Notre terre d'accueil

Mercredi 27 Avril

Le lendemain, un type encore plus sympa nous a pris sous son aile, Kevin, collègue de Jarrod. Julien a fait le tour des mécaniciens du coin, et m'a rapporté la mauvaise nouvelle: au moins 700$ pour changer les disques d'embrayage usés. Aucune pitié pour nos pauvres porte-feuille à peine remplumés. La voiture est une aide formidable quand tout va bien, mais un impitoyable suce-fric au moindre pépin. Et pas moyen de s'y soustraire, ou de trouver moins cher, ou d'attendre de la part du garagiste la moindre once de compassion. 
Face à notre désarroi, Kevin nous a proposé de rester dormir là jusqu'à ce que la voiture soit réparée (le vendredi), mais pas sur le parking, directement dans les bureaux, d'utiliser l'air conditionné si on le souhaitait, le frigo, la douche, l'électricité. Il nous a indiqué où était le centre commercial, et nous y a même emmené en voiture. Accueillant, généreux, ça nous a ragaillardi un peu.

Jeudi 28 Avril

Cependant, quand nous sommes en voyage, à l'aventure comme ça, il faut toujours garder en tête que notre situation, qu'elle soit bonne ou mauvaise, peut changer à tout moment, et que rien ne dure, que rien n'est sûr. Cela nous a été rappelé d'une façon amère, lorsque le lendemain matin un autre collègue est venu bosser à l'entreprise (si si peu de monde occupait les locaux, c'est parce qu'ils étaient tous sur un chantier à 2h de route de là). 
Celui là s'est montré beaucoup moins sympa, ça a du le décontenancer de voir des jeunes dormir dans le bureau, et comme il n'a rien suivi de notre galère, il n'avait aucune compassion spéciale pour nous. 
Il nous a fait bouger dans un autre coin de l'entreprise, un local plein de poussière, parce que « c'est un business ici », et nous a même soupçonné d'avoir gardé une clé de l'autre bâtiment. 
Et quand nous lui avons demandé s'il pouvait nous tracter jusqu'au garage, il s'est exécuté à contre-coeur en soupirant fort parce qu'on le tirait de son important travail (il lisait un magasine) et en nous demandant « comment vous auriez fait si je n'étais pas là? » on aurait été dans la merde, coco. « On aurait poussé la voiture » j'ai répondu. 
C'est sûr que sans l'aide de toutes les personnes que nous pouvons rencontrer au cours de notre voyage, nous avancerions beaucoup moins bien, mais justement c'est ce qui est intéressant, pour nous et pour eux, et ce type doit sûrement être trop con pour se rendre compte de ça.

Notre première "chambre"
Et la deuxième... Moins classe
 Vendredi 29 Avril


Voiture réparée, argent dépensé, nous sommes de nouveau sur la route, Perth nous voilà...


*Petits bonus* 


Notre voiture fait office de chambre, d'armoire, d'abri, de frigo, de sono, et de... table
Brossage de dents en plein air (le bandeau dans les cheveux, c'est pas parce que j'ai tourné hippie, mais pour éviter les mèches sales de me chatouiller le bout du nez... hum)
Et pour se rincer la bouche, l'eau en surplus dans la poêle...
Et pour finir: ARRÊTEZ DE VOUS PLAINDRE DE LA FRANCE, LES AUSTRALIENS EN RÊVENT!!!!

Commentaires

  1. fiou trop d'aventures !!si je pouvais je t'enverrai un colis d'oeufs kinder (à - 50% aprés paques !)! par contre tu feras gaffe tu commence vraiment a perdre ton francais " pour chlore la journée " hihi!!(clore)
    bref j'te fais un mail aujourd'hui!
    poutout !

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  2. ouaahh ! c'est un serpent ? ça me fait peur ...!
    Bisous.

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  3. jaimeheulalorraine !30 avril 2011 à 08:41

    pour ce qui est de la France, dans la réalité de la(ma) vie c'est plutôt ca :http://a10.idata.over-blog.com/500x392/2/81/91/85/divers/Pont-a-Mousson-2008.jpg et pas trop les jolie pastèques au soleil ! mais chut faut pas leurs dire !

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  4. ello sa vas sympa l'aventure^^
    et oui cette fois si je vais pas vous embêtais avec mais hobby ^^

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  5. le luxe vous avez un matelas gonflable... ^^

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  6. toujours plus d'aventures ! quand a "chlore la journée" cela s'utilise quand on va a la piscine le soir !!!! gros bisous du "Médiocre"

    vieux tressage

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