Mélancolie nocturne

Petit coup de mou aujourd'hui. Pas de déprime non, juste une espèce de grande fatigue morale.
J'ai assez mal dormi déjà, ma chambre est en fait un garage aménagé, donc aucune isolation du bruit (c'est bien simple j'ai l'impression de dormir directement sur la route) et comme la maison est juste à coté d'une grosse rue, j'ai été réveillée dés 5h du mat par des camions, des motos, et tout ce peuple qui part bosser... A 7h je n'arrivais plus à me rendormir, et j'avais mal au crane. Assez pénible je dois le dire, mais bon je suis hébergée gratos je ne vais pas m'en plaindre.


Le salon vu de la cuisine
Après une bonne partie de la journée assez improductive (il faut préciser que le temps aujourd'hui était gris et pluvieux, rien à voir avec hier, assez démotivant donc) je me suis bougée en fin d'aprem pour retrouver Gerard en ville. Il m'a payé un de ces jus de fruits frais pressés qu'ils adorent ici (la contradiction à l'australienne... Des vrais jus de fruits pressés pour compenser la junk food et le faux café) on a discuté, mais en fait j'ai eu plus de mal que je ne le pensais pour le comprendre, pour parler. Bizarre et au final pénible de ne pas réussir à inter-réagir comme je l'aurais voulu, ne pas tout comprendre ce qu'il me racontait, être obligée par moments de faire semblant pour ne pas sans cesse lui faire répéter ses phrases. J'ai au final eu l'impression que nos discussions ne menaient pas à grand chose. Alors que pourtant tout était comme la première semaine à Melbourne, mais je crois qu'à ce moment là j'avais tout simplement besoin d'un ami avec qui discuter vraiment, raconter, me confier, partager, et que la frustration de la barrière de la langue a été très forte pour moi. Parler avec un anglophone demande dix fois plus d'efforts, dix fois plus de temps, et là on s'est juste vu une heure, trop peu pour moi.
J'ai quand même calé mon Nouvel An, il m'héberge dans l'appart qu'il partage avec 4 collocs, dont un français. Du coup je rencontrerais des nouvelles personnes pour le Nouvel An, je serais logée gratos (encore héhé), avec une belle vue sur la ville apparemment, et vu qu'il adore aussi le groupe blues/japonese of Melbourne, on ira les voir jouer en concert gratuit (il y a aussi des concerts sur la plage de St Kilda, enfin ça peut être bien cool comme Nouvel An)


Mais voilà en rentrant j'avais un bon coup de blues qui montait en moi. C'est la première fois depuis que je suis partie que j'ai ressenti le vrai manque des gens que j'aime. Les gens avec qui je peux juste parler, naturellement, sans chercher mes mots et sans faire des efforts insensés pour comprendre. Je ne peux pas me confier en anglais, et peut-être que ça me protège d'une certaine manière (je ne raconte pas ma vie à tout le monde, je ne me plains pas) mais par moments (comme aujourd'hui) c'est pesant. 

Astérix en anglais...
Et en rentrant j'ai reçu un nouveau coup. Le chinois (putain ça craint de ne pas savoir son prénom!) avait invité des amis. Et sa copine. Française. Youhou me direz-vous! Mais là on commence à parler et... je ne sais plus parler français. Atroce sensation! J'ai eu l'impression que ce n'était pas moi qui parlais, je ne me suis pas "reconnue". Je disais involontairement des mots anglais "yes" pour oui, "but" pour mais, les mots qui sortaient de ma bouche paraissaient tordus, sonnaient faux, je n'arrivais pas à parler naturellement en français... Et je vous assure que c'est une impression extrêmement étrange.
Je préférais presque lui parler anglais finalement. L'ennui est (parce que je vous vois de là "ah mais non c'est cool c'est que l'anglais devient naturel!") que eux parlent tous très bien anglais (deux chinois donc, une russe, et une française (non ce n'est pas une blague genre "un chinois, un russe et un français sont dans un avion")) et que je me sentais complétement déphasée, n'arrivant pas à suivre la conversation ni à discuter avec la française.

On est sortis pour aller se balader dans une rue fameuse pour ses décorations de Noël (vous savez les gens qui dépensent une fortune pour transformer leur jardin en royaume des lumières qui scintillent, des pères Noël animés et du bon goût...)
Cette balade m'a quand même reboosté, parce que c'était sympa et que ça m'a fait plaisir qu'ils m'emmènent avec eux, et qu'ils étaient cools.

I wish you a merry Christmas, i wish you a merry Christmas! (chanté par un Homer Simpson gonflable déguisé en Père Noël)

Mais bon voilà, je la ressens cette solitude... J'ai l'impression d'être dans une bulle, avec peu de moyens pour communiquer avec l'extérieur. J'ai l'impression aussi d'être sur un échiquier géant, à avancer mes pions très très prudemment, sans comprendre les règles, sans savoir si je joue juste. Chaque choix que je fais est entièrement et strictement personnel, vu qu'il ne s'agit que de moi et que j'ai la liberté de faire ce que je veux (avec certaines limites, mais si peu). Chaque choix que je fais m'emmène vers un autre, et c'est pour ça que c'est tellement effrayant, car j'ai sans cesse peur de faire le mauvais, de me fourvoyer, de ne pas suffisamment écouter mes instincts car aveuglée par quantité d'autres émotions.
Peut-être que c'est ça l'apprentissage de l'indépendance, la vraie j'entends. Pas celle genre "je suis capable de vivre tout seul dans un appart et de gagner ma croûte" mais celle "je suis capable de tracer ma route tout seul dans un endroit inconnu avec personne pour guider mes choix, juste moi-même"


Aucune déprime donc, juste un coup de moins-bien, un léger essoufflement, un coup de fatigue. Quelque chose de normal qui passera, je le sais.
Je pense à vous.

Commentaires

  1. OULALA Roxanne!! Je te comprends parfaitement quand tu parles de bulle et de difficultés à partager avec les autres. J'ai vécu ça plusieurs fois à l'étranger et on s'en sort toujours. De plus, parler français ailleurs qu'en France n'est pas en soi naturel, tout comme de parler anglais en France.
    Ne te décourage pas et même si parfois c'est dur de faire les bons choix dis toi que tu reverras tous ceux que tu aimes lorsque tu rentreras mais qu'en attendant tu fais ça pour toi, et qu'il faut que tu en profite à fond!!!
    Peut-être que l'on se verra là-bas, je suis à J-49! ;)
    Un gros bisou, amuse-toi bien!
    Laura

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  2. Voyager, c'est se détacher de tout, nous, tes proches on l'a accepté ...
    Cette expérience va aussi t'aprendre à ne pas tout deverser sur les gens qui sont autour de toi.
    Tu va grandir aussi !
    Garde ta prudence, mais soit audacieuse ! ...
    Gros bisous
    Joëlle

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  3. le choix que tu as fait est un chemin difficile et forcément quelques fois le chemin est plein de gros cailloux qui font mal aux pieds MAIS tu es plus solide que tu ne pense et tu vas poursuivre cette route . En anglais, en français ou en austalokangouroux !je te souhaite beaucoup de courage. BISOUS PIERRE

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  4. moi j'men fout

    non je rigole c'etait pour contraster avec les comms précedents !!
    moi (tes proches) j'ai trop pas accepté que tu te detache de moi hihi! non mais en tout cas c'est normal d'avoir des coups de mini blues comme ca , enfin c'est pas easy ce que tu fais donc forcement ta envie des fois de partager le trucs sans te faire chier a speaker english !
    mais bon j'me fais pas de souci pour toi ;) !

    en tout cas c'est chouette tout ca! moi je pense beaucoup a toi (un peu chaque jours!)
    jt'embrasse !!!

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  5. Comme tu dis c'est passager.
    Je trouve même que ça serait inquiétant de ne pas ressentir ce manque et cette petite mélancolie de la langue française.

    Allez, un coup d'mou et ça repart !

    En tout cas, je vois (je sais plus sur quel billets je poste, je fous tout dans ce commentaire ^^) que tu as des projets bien sympas pour la fin de l'année, donc je te souhaite de bien avancer tes pions un par un et d'aller de l'avant !

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