Mariage et rencontres

Me revoilà dans l'infernale Kuta... Mais d'abord, petit résumé de la semaine passée.

J'ai assisté au fameux mariage dans ma guesthouse. La première réflexion que je peux faire, c'est qu'un mariage à Bali, dans le fond, ressemble beaucoup à un mariage en France. Il n'y a que la forme qui change.
Toute la famille est réunie, tout le monde bien habillé, ça discute dans tous les coins, ça rigole, ça admire comment les gamins ont poussé, les ados sont dans leur coin à ricaner (c'est marrant comme, peu importe leur langue, leur culture, leur pays, les ados sont tous pareils, ont tous le même rire stupide, les garçons avec leur regard de veau, les filles à jacasser en écrivant des textos)
Il y a de la bouffe à outrance, tout un tas de rituel que l'on fait plus par tradition que par conviction, et puis ça dure très longtemps...

L'entrée de la maison décorée

Voilà maintenant ce qui m'a surpris, un peu déçu même. En France, ça donne à peu prés ça: arrivée des mariés, photos de famille, église, mairie, vin d'honneur, et hop! Grosse bouffe qui dure jusqu'au soir avec musique, fontaine de champagne, pièce montée, discours, cadeaux, etc... Ici c'est: cérémonie, attente, cérémonie au temple, attente, cérémonie, attente, et c'est fini. Et la bouffe c'est tout au long de la journée, sous la forme de buffets. L'idée des buffets j'aime bien, on fait que de manger toute la journée. 

Le buffet, les assiettes étaient des petites corbeilles en vannerie!

Par contre les attentes... Je n'ai pas trop compris. On attend des heures, et des heures... Et le soir, pas de musique, pas de bal, pas d'apothéose.
Et surtout, surtout, pendant les cérémonies, TOUT LE MONDE S'EN FOUT! Les mariés sont en train de se faire bénir par le « prêtre », je m'attendais à des prières collectives, des chants, vu comme ils sont religieux ici... Et bah non. Tout le monde discute, rigole, il n'y a que le photographe et... moi, pour avoir suivi les rituels religieux. Les gens sont juste là pour faire acte de présence, et surtout pour poireauter... Et pour bouffer aussi, c'est vrai. On nous distribuait des genre de thé glacé (dans des bouteilles ressemblant à celles de Coca), des pâtisseries (principalement à la banane et noix de coco), des ships... Mais pour ma part ça me vexerait qu'à mon mariage, les gens soient en train de papoter pendant que je reçois les sacrements m'unissant à la personne avec qui je suis sensée passer le reste de ma vie. J'ai trouvé ça un peu creux quoi.

Première cérémonie, les mariés en "civil" s'échangent des trucs (tout devant la grand-mère tient le bébé des mariés) Le prêtre a l'air baigné d'une lumière surnaturelle...
Deuxième cérémonie, au temple, en habits d'apparat. Le prêtre secoue une petite cloche et bénit tout un tas de trucs.
Dernière cérémonie, le soir et sous la pluie, les mariés ont l'air de s'emmerder...

Alors que pourtant! Les préparatifs! Ça c'est la meilleure partie du mariage. Pendant trois jours, toute la famille était là à préparer des décors superbes, des genres de totems religieux somptueux en feuilles de palmes, décorés de fruits et d'une sorte de pâte à modeler, et je ne comprend pas bien toute l'énergie qu'ils mettent là-dedans si c'est pour être si indifférents aux cérémonies le jour du mariage.

La confection des décors en feuilles de palme (ce n'est pas vraiment de la vannerie, elles collent et agraphent les feuilles entre elles)
Une fois fini

Celui là était magnifique, tout en espèce de pâte à modeler

Je suis restée toute la journée avec eux, à les suivre, entre la maison et le temple prés de chez la mariée, où nous sommes allés en scooter bien sûr (le meilleur moment de la journée, qu'est ce que j'étais fière, la seule blanche au milieu de cette ribambelle de balinais bien habillés! Par contre je trouve... on aurait pu klaxonner tout au long du chemin quoi!) 

Une des filles de la maison me conduisait.

Au début j'étais à 100%, à prendre plein de photos, à attendre que ce passe quelque chose de grandiose. A la fin de la journée, je commençais à fatiguer quand même. Le moment le plus long fut l'après-midi, les mariés accueillaient les gens qui venaient leur rendre hommage (c'est-à-dire: apporter des cadeaux). Il ne se passait strictement rien, tout le monde assis à papoter, et les mariés debout à l'entrée à... s'emmerder, et le photographe (un jeune, un pote à eux je pense) essayait de les distraire.

Petite précision sur les mariés: ils étaient extrêmement jeunes. 18 ans. D'après un type avec qui j'ai discuté quelques minutes, ils ont eu un « accident » (un bébé en fait) du coup le mariage doit suivre! Je me suis dit: ils ont 7 ans de moins que moi... 

Ensemble pour toute leur vie... (le divorce est très rare en Indonésie)

En fin de journée j'ai rencontré un couple de français dans la cinquantaine, que j'ai tout de suite repérés (ils parlaient fort) Ils logent ici aussi, pourtant on ne s'était jamais vu. J'étais contente de rencontrer des compatriotes, même si du coup on se comportait un peu en tant que tel, à tout commenter avec nos gros sabots de français, à critiquer Sarkozy au milieu d'un mariage balinais...

Deux jours plus tard, ils l'ont fait la fameuse fête de mariage. ça ressemblait surtout à une soirée de colo avec tous ces petits jeunes en jeans slim et mèches de cotés (oui il n'échappe pas à la mode!) Pas d'alcool (ça n'a pas l'air très présent dans la vie des balinais), à 23h tout était fini, par contre ils savent y faire pour mettre l'ambiance! Il y avait un animateur, qui apparemment organisait des jeux, ou faisait des blagues, je ne comprenais pas grand chose. Et tout le monde rigolait, répondait, sifflait, une bonne humeur qui fait plaisir à voir. Et ils ont fini en chansons, des chansons pop indonésienne que les filles reprenaient en faisant genre "oh non arretez j'oserais jamais, allez encouragez moi, oui voilà admirez moi, j'suis presque une star" (comme toutes les ados du monde)

Dans mes derniers jours à Ubud, j'ai enfin sociabilisé! 
Un jour, dans un resto (le Déli-Cat, très sympa, des plats avec du frooomaaage!) un vieux hollandais commence à me parler. Il est peintre, et me tape la discute en partant sur des sujets tous plus philosophiques les uns que les autres. Je reste méfiante comme à mon habitude (surtout quand je me fais aborder par des hommes) Puis il est rejoint par deux autres hollandais, une française, un anglais et un indonésien, tous ou presque artistes, tous la soixantaine. C'est le quart d'heure grandes retrouvailles! Ils se parlent du bon vieux temps, il y a plus de 25 ans, de leur travail, de la douceur de vivre balinaise, ils me complimentent sur ma jeunesse et ma beauté (ça fait toujours plaisir) 
Une soirée avec des artistes! Original et éphémère, le genre de soirée qu'on ne vit qu'en voyage...

Quelques jours plus tard, je m'achète une glace à la supérette et un mec engage la discussion. Quand je lui dit d'où je viens, il me dit qu'il parle aussi français, il s'appelle Isham, vient d'Egypte et a été dans une école française. On discute un petit bout de temps, et comme il m'apparait assez sympathique, je lui propose qu'on se retrouve le soir pour aller manger ensemble. Il est seul et moi aussi, et c'est toujours plus agréable d'avoir de la compagnie.
Le soir on va donc dans un petit resto pas mal, puis dans un autre pour le dessert, un groupe de musique joue des tubes de rock, c'est sympa.

Isham et nos délicieux plats.

Et en effet ça fait plaisir de partager ces moments avec quelqu'un, on rigole comme deux vieux potes. On finit dans un troisième bar où se produit un groupe de reggae. Il y a des gens qui dansent, et, encouragés par la présence de l'autre, on va moover notre body nous aussi.

Sur le T-shirt du chanteur il y a écrit "Love Peace Nasi goreng" (= plat typique indonesien, du riz frit avec des légumes) Je trouve ça drôle.

A la fin du concert, un couple de français vient nous voir. Ben et Sophie nous propose de se joindre à eux, ils veulent continuer la soirée dans le "club" d'à coté. Que de sociabilisation!
Finalement Isham rentre se coucher, et je discute deux heures avec les français, Ben a été en Australie et on partage nos anecdotes.
Au moment où on commence à sentir la fatigue (il est 2h du matin) et à envisager d'aller se coucher, un français "plus âgé que nous" (l'âge fut un sujet de plaisanteries entre lui et moi toute la soirée!) débarque d'un coup avec une énergie assez incroyable (la bière est énergisante c'est connu!) et une assiette de "french fries" (des frites) 
Il s'avère qu'Olivier vient de la même région que Ben et Sophie (du coté de Bordeaux là en bas), qu'il ne parle que français mais pourtant parle à tout le monde, et qu'il raconte beaucoup de conneries, du coup la soirée repart de plus belle pour ne finir seulement sur les coups de... 6h du matin, sur la terrasse de Ben et Sophie, à boire du café.

Ben, Sophie, et Olivier

Je les ai revus tous les trois 2 jours après, et j'ai partagé deux taxi avec Olivier pour retourner à Kuta, en passant par Légian pour qu'il prenne ses papiers, puis à Denpasar au bureau de l'immigration car nous voulions tous les deux renouveler nos visas... 

Renouveler le visa! Tiens mais pourquoi donc? A l'heure où j'écris, je m'apprête à ne plus être seule à Bali, puisqu'Anthony, n'en pouvant plus du froid Sydneyen, est en route pour me rejoindre sur l'ile tropicale... Forcément, on ne peut pas rêver mieux que de passer des vacances, et même, Noël, sur une plage paradisiaque dans un environnement aussi dépaysant que l'Indonésie... 
Rien n'est simple bien sûr, car mon renouvellement de visa est finalement plus compliqué que prévu (et oblige à poirauter plusieurs jours), et il nous faut viser juste entre le plaisir et la raison, car l'argent file très vite quand on bouge même en vivant économiquement, et que l'on ne sait toujours pas ce que l'on fait après... 

Mais depuis peu de temps, ma perception des choses a changé. 
Voyager donne l'impression que les rêves sont à portée de main... Qu'il y a sans cesse du risque, parce que l'inconnu est immense, mais que c'est en prenant ces risques que la vie devient lumineuse, intense, excitante. C'est le grisement et l'angoisse de la liberté. Tout peut changer du jour au lendemain, passer du rêve au cauchemar (et inversement bien sûr) mais tant qu'il n'y a pas danger "physique", rien n'est grave, ce n'est qu'un obstacle sur la voie qui oblige à recalculer son itinéraire... 
Je commence à savourer ce gout du "risque", ce gout de l'imprévu, qui entraine sur des routes que l'on aurait jamais imaginé prendre, qui pousse à faire confiance à ce que la vie nous réserve, et comprendre que ce n'est jamais comme on le veux, et en même temps c'est exactement ce que l'on veut...

Commentaires

  1. ouai j'ai kiffé ! c'est trop bien toutes ces rencontres !
    bon par contre l'habit du marié c'est pas sexy ni virile , mais bon ...
    ton blog ressemble de plus en plus au national géographique

    gros bisous ! amuse toi bien a deux maintenant !

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  2. Bien !^^ ?
    à'c'que j'vois ?...
    on'n'mangera pas la raclette ensemble à Noël!...
    Gros bisous

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  3. je sens de plus en plus le gout de l'aventure en toi ! profite et tant pis pour un fin d'année ensemble. GROS BISOUS VT

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  4. I actually enjoyed reading through this posting.Many thanks.
    Australien de l'Immigration

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  5. allé gros ! fait un autre article bordel !

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