Nom d'un brocciu!

- Vacances en Corse, du 12 au 21 octobre 2015 -

La Corse... Terre française mais pas tout à fait, terre sauvage comme on aimerait en voir davantage, où la montagne et la mer nous toisent comme de minuscules insectes. 

La plage d'Arone, près de Piana
Les Calanques de Piana

La Corse est un petit territoire, et pourtant, les routes de montagne, celles qui tournent, et tournent, et tournent encore dans un paysage de rochers et de buissons torturés, paraissent interminables. 

Les Calanques de Piana

Des zones entières ne sont desservies par aucune route, il faut y aller en 4x4, en bateau, à cheval, à pied... 

La région de la Balagne, entre l'Ile-Rousse et St-Florent, inaccessible en voiture

Les Corses se gardent jalousement les plus beaux recoins, les petites criques, les plages secrètes, et le touriste se heurte souvent aux barrières et aux panneaux rouges de « propriété privée ». 
Hors saison, les plages touristiques retrouvent leur caractère sauvage, mais à la taille des parkings et au nombre d'hôtels et de restaurants, on devine des endroits qui doivent être surpeuplés, invivables, en été.

La première plage sur laquelle nous avons mis les pieds, près d'Ajaccio

Plage de Revellata, près de Calvi

La Corse est méditerranéenne dans son âme, et en ça, les paysages traversés ressemblent parfois exactement à ceux que l'on trouve par chez nous, dans les contreforts des Pyrénées. Des pentes escarpées, des valons encaissés, des routes au dessus du vide, la roche à nue et le maquis partout, chênes verts, bruyère, lavande, genévriers, genêts, arbousiers aux fruits rouges et oranges.

Golfe de Lava, près d'Ajaccio

Parfois c'est à l'Australie que je pensais, quand les roches deviennent rouges et dominent le paysage en une explosion de formes étranges, sculptées par l'eau et le vent, et que l'on ne trouve plus que quelques fermes isolées sur des kilomètres. Nous avons aussi croisé une vache morte sur le bas-côté de la route, les quatre fers en l'air, chose que je n'avais eu l'occasion de voir qu'au fin fond du bush australien (les trucks roulent vite en Australie et percuter une vache ne leur fait pas peur... Mais en Corse, quel véhicule peut se sortir indemne d'un tel choc?!)

Calanques de Piana

Plage de Benedettu, près de Porto-Vecchio

Pour rajouter à la nostalgie australienne, il y a des eucalyptus partout en Corse...
(Sur la porte de la cabane: "Casseurs, attention à la chevrotine, ça fait mal...")

Au niveau du temps par contre, la Corse n'a pas tenu ses promesses. Elle avait emprunté le climat de la Bretagne. Du gris, de la pluie, du vent et du froid. 

La journée la plus pluvieuse, rando au Capo Rosso, près de Piana

En haut de la tour génoise de Capo Rosso

C'est à cette occasion qu'Antho s'est pris de passion pour les Cairns (= amas artificiel de pierres placées pour marquer un lieu particulier) mais en équilibre (inspiration: Michael Grab)


Heureusement le mauvais temps fut entrecoupé d'éclaircies, et le soleil alors, nous rappelait que nous étions dans le Sud. 

Plage de Benedettu

Le pire, ce fut le vent. Il chassa les nuages, nous laissant miroiter de belles journées, mais il nous hurlait aux oreilles, nous éreintait, glissait en nous ses mains glacées, il fit gonfler la mer, la parât de pointes d'écumes, engendrât des vagues qui se fracassaient violemment contre les falaises. 

Près de Porto

Nous avons alors décidé de le fuir. Les cités balnéaires de Porto, Calvi, l'Ile Rousse et St-Florent, nous les avons parcouru au pas de course, toujours poursuivis par ce vent qui faisait cliqueter les mats des bateaux dans les ports, qui transformait la mer Méditerranée, d'habitude si tranquille, en vraie furie, ivre et colérique. 

Porto

Le vent venait de l'Ouest, nous avons donc filé vers l'Est, où un grand calme nous a accueilli. Les arbres immobiles, la mer clapotante, le ciel silencieux. 
Le vent a quand même fini par nous retrouver, mais nous avions eu le temps de profiter de son absence.

Benedettu

Sur notre route, nous avons trouvé des rosés des près énormes, rencontré des chasseurs transportant un sanglier sur le capot du 4x4 (c'est l'automne) 
Les guêpes étaient partout harceleuses et venaient se poser sur nous comme des mouches, et du côté de Bonifacio, nous avons essuyé une invasion de moustiques. Il suffisait d'ouvrir la porte du fourgon 2 secondes pour se retrouver avec ces êtres ridicules (bah oui franchement, ça sert à QUOI, un moustique?) qui projetaient leurs ombres sur le plafond et bzzbzztaient de leur façon si désagréable de bzzbzzter. Impossible (et presque suicidaire, quand on sait que la Corse n'a éradiqué le paludisme qu'après la Seconde guerre mondiale!) de dormir dans ses conditions, nous partions alors en opération commando, lampe sur le front et oreille tendue, jusqu'à ce que plus un moustique ne frétille dans l'habitacle, et que ne demeure que leurs cadavres sanguinolents éclatés contre les parois... 
Et dehors n'en parlons pas, l'enfer sur terre, des nuages de moustiques dans le faisceau de la lampe comme des flocons de neige l'hiver dans la lumière des phares de voiture... (j'exagère à peine!) 

Pas de photos des moustiques... Bonifacio sur sa falaise
Vue des falaises (pleines de moustiques) depuis Bonifacio (on dormait là où il y a le phare)

La balade de l'escalier d'Aragon à Bonifacio
Une torture cet escalier!

En Corse, bien sûr, on croise des chèvres en liberté...



Et des vaches aussi!
Et puis la mer... C'est cliché je sais, et surtout nous avons la même (de mer) toute l'année à 1h de chez nous, mais quand on a goûté au sable fin, à l'eau turquoise et surtout à tout ce qu'il y a dessous, on en redemande encore et encore. La Corse, apparemment, réunit ses éléments presque aussi bien qu'un pays d'autres latitudes. 


Le temps n'a pas vraiment joué en notre faveur, et nous avons souvent regardé, un peu dépités, les vagues énormes et la mer sombre. 

Plage de Lozari, avant la Balagne

Mais nous avons quand même pu nous tremper 3-4 fois dans les eaux Corses.
Les fonds ne se sont pas révélés extraordinaires, les posidonies (algue qui forme des prairies sous-marines) à perte de vue, c'est un peu monotone... Un lieu m'a vraiment enchanté, une petite crique prés du golfe de Lava où il y avait 50cm d'eau, je m'y suis baladé, le nez sur les plantes et les bébés poissons baignés de soleil comme dans un aquarium. Et la tête hors de l'eau j'ai apprécié les rochers rouges perchés de pins, le maquis derrière, la couleur de l'eau au soleil. 

Aaah... Benedettu

Antho, en mode chasseur, a davantage apprivoisé les lieux. Il a exploré, cherché, déniché, guetté, il a tiré des leçons, élaboré des stratégies, déjoué des pièges, il a rencontré des poissons énormes, et nous a fourni quelques bons repas...


J'aime le voyage, l'aventure, l'imprévu, le hasard. Et pourtant j'ai la fâcheuse manie de rester accrochée aux guides, aux plans, aux avis-sur-internet. C'est comme une peur de louper quelque chose, de passer à côté de ce qui est important et qu'un livre, avec ses descriptions et ses avis, allait m'éviter les déconvenues et les mauvaises surprises. Alors que c'est tout l'inverse. Ce que le Lonely Planet m'a apporté en Corse: quelques anecdotes sur l'Histoire des lieux qui m'a fait regarder différemment les tours génoises disséminées un peu partout, des plans, et peut-être une ou deux indications de balades, une plage (Rondinara), et c'est tout!

La tour génoise de Capo Rosso

Rondinara

En suivant le guide, la spontanéité, qui fait toute la magie du voyage, disparaît, et la déception prend la place. Car ce qui est vraiment fort, c'est quand on découvre, par hasard, après plusieurs minutes et kilomètres d'incertitudes, un lieu, un paysage, qui ne figure peut-être pas au top 10 des « place to be » mais qui est magnifique parce qu'inattendu, parce qu'en dehors des sentiers battus, au sens littéral. (Note pour les prochaines vacances: ne pas acheter de guide) 

Benedettu encore, découverte par hasard
En 10 jours nous avons fait le tour de la Corse, en laissant de côté le Cap Corse, ce doigt pointé sur l'Italie. 
Nous y sommes allé en fourgon, sans jamais mettre les pieds dans un camping. J'aime la vie de vagabond en camion, parce que nous sommes libres, que nous n'avons pas à tout planifier, et qu'à la fois (hé oui) c'est confortable, sécurisant et qu'il n'y a pas d'effort à faire pour porter ses affaires! Pour moi, c'est juste le bon mélange entre l'aventure et la farniente... Le confort est rudimentaire (surtout que le fourgon n'est pas aménagé), il y a toujours une casserole ou un bouquin mal rangé qui tombe sur le matelas, on dort le nez dans les cannes à pêche, la douche est une bouteille d'eau froide, mais ce n'est pas grave parce que chaque soir le paysage à notre porte est différent, il y a l'impression d'être loin de tout, seuls au monde, juste notre petite bulle de métal dans le silence de la nuit... 

Près de Calvi


Un matin près d'Ajaccio...


Petit bonus: le retour dans le ferry, pas de cabine, on dort à la bonne franquette dans les couloirs!

Bye bye Corsica

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